TRINITY - Tome 1 : Les humains viennent des étoiles. Et nous ?

[ 4 ] Vide maison, bague et seringues

[ Vancouver, Colombie-Britannique, Canada
14 Janvier 2021,
20H00 ]

[ Tjana ]

J'ai rendez-vous à un superbe hôtel cinq étoiles pour retrouver Cédric Bavas. Tel le gentleman qu'il n'est qu'à la surface, il m'attend devant l'entrée. Nous allons manger au restaurant de l'hôtel. J'ai l'impression de partir en vacances avec mes parents... C'est-à-dire que ça ne ressemble pas vraiment à des vacances.

La nourriture est très bonne. Trixie ne peut s'empêcher quelques railleries à ce propos. Alors, ennuyée, j'éteins mon oreillette. Après le dîner, nous montons dans une chambre luxueuse. Je passe à la salle de bain, car avec ce genre de type, c'est à la fille de faire des efforts sur la « tenue ». Je sais surtout que ça va me faciliter les choses.

J'enlève ma robe, mes escarpins et mes bijoux, sauf ma bague, et je mets le tout dans un sac que j'ai sorti de ma pochette. Ainsi, je ne garde sur moi qu'un ensemble de dentelle jaune et des bas noirs avec porte-jaretelle assorti. Je sors de la salle de bain pour retrouver l'homme debout près du lit, deux flûtes de champagne à la main, dans une tenue des plus négligées.

Je m'avance vers lui à pas de loup, prends une flûte entre mes doigts tout en poussant de l'autre main sur son torse nu afin de le faire tomber sur le lit. Grimpant à mon tour sur le matelas moelleux, je réussis à lui faire boire plusieurs verres. Lui, remonte sa main le long de ma cuisse. En de telles occasions, que peut faire une jeune femme de bonne famille et de bonne éducation telle que moi ? Le baiser, bien évidemment.

[ *** *** *** ]

[ Trixie ]

Je sonne au digicode de l'immense portail de la propriété tout aussi démesurément grande qui me fait face. On décroche.

― Qui est-ce ? demande une voix féminine.
― Quelqu'un qui vient répondre aux questions que vous lui avez posées, dis-je, mystérieuse.

J'entends une inflexion surprise souffler de l'autre côté.

― Je vous ouvre, répond-elle prestement.

Les grilles de fer forgé s'écartent et je traverse un grand jardin de gazon parfaitement tondu, mes talons tapant sur les dalles de marbre de l'allée jusqu'à une grande porte blanche. Eh bah merde... Décidément tout est démesuré chez les riches... J'observe les environs du coin de l'œil, refusant de lever le nez en l'air à tout bout de champ pour estimer l'immensité de la demeure. Je ne veux pas sembler impressionnée, même si je sais que mon corps paraît encore plus petit face à ces trois étages.

La poignée tourne et c'est une femme d'à peine plus de trente ans qui apparaît. Je vois. Il était écrit qu'au moment où elle aurait dépassé ce seuil, ô combien « dramatique », son mari préférant la chair fraîche et ferme des plus jeunes femmes, il la tromperait. Pourtant, elle est magnifique et ce n'est certainement pas un trois devant un zéro qui va ternir sa beauté. Elle est très grande, fine et élancée, ses cheveux blond pâle sont coupés d'une manière à la fois moderne et simple et elle a de grands yeux gris-vert, très clairs. Sur les photos que j'ai vues, son visage était illuminé d'un grand sourire à la Julia Roberts au point de faire apparaître une série de fossettes. D'origine suédoise, elle était mannequin. Elle aussi observe un instant mon visage dépourvu d'écailles écarlates.

― Entrez, je vous en prie.

Il n'y a plus de fossettes pour habiller ses joues pâles.

― Merci, dis-je en passant le pas de la porte.