TRINITY - Tome 1 : Les humains viennent des étoiles. Et nous ?

[ 30 ] Soirée, cocktail et chasse

[ Toronto, Ontario, Canada,
22 Mai 20**,
01 H 33 ]

[ Taima ]

Mains sur les hanches, j'arbore un sourire ravi en levant les yeux vers les néons rouges en forme de triangles entrelacés qui projettent leur lueur incandescente sur nous et les flaques d'eau au sol.

― J'ai tout de même une question : Trix', tu m'as pas dit que c'était un club gay ? intervient la voix d'Arsène pour gâcher mon plaisir.

En un seul mouvement, Taima, Trixie et moi nous retournons vers les six marqués qui nous ont sagement suivies, puis croisons les bras.

― J'avoue, on fait comment quand on est hétéro ? questionne Isaac en posant son coude sur l'épaule de son frère. On chasse quand même ? Parce que, pas que je sois pas doué pour jouer la comédie, même si c'est une nouvelle expérience, mais un peu quand même.

Arsène lance un regard noir — ou plutôt rouge luisant — d'avertissement au brun, qui retire son bras du sien sur le champ.

― Au temps pour moi, dit Trixie. J'ai dit que c'était un bar gay, mais en fait, c'est plutôt...
― Un bar open bar, intervient Taima, postée entre nous deux.

Trixie et moi lui lançons un regard en faisant un « doigt pistolet », très fières de sa blague.

― Ce club accueille tout le monde : gay, transgenre, hétéro, marqué... Tant que vous êtes ouvert et chill, y a aucun problème, assuré-je en balayant l'air moite de la nuit de ma main.

Quelques clients nous contournent pour entrer, jetant des coups d'œil dans notre direction, afin de savoir si nous allons entrer ou non et s'il y en a parmi nous qui pourraient leur plaire.

― Même si on vient faire notre marché ? questionne Alysse avec une pointe de scepticisme dans la voix, une fois qu'il n'y a plus personne pour nous entendre.
― Le patron est un ami, un très bon ami, assure Taima. Ce soir il va y avoir du monde et l'alcool va couler à flots.
― Suffisamment pour que personne ne remarque rien !

Un nouveau groupe hétéroclite passe à côté de nous. Cette fois-ci, les coups d'œil qu'on nous jette nous demandent silencieusement si on va rester plantés là à boucher l'entrée encore longtemps. Et je suis bien d'accord avec eux !

― Bah... J'imagine qu'on peut juste aller s'amuser comme des gens normaux sin...
― Bon ! coupé-je Yolan en tapant mon poing dans le plat de mon autre main. On y va, oui ou non ? Moi j'entre en tout cas. J'en ai assez de me peler l'cul ici !

Mes sœurs rient et leur font signe de nous suivre lorsque je fais volte-face pour pénétrer sous les lumières rouges du couloir qui mène à l'accueil.

Chacun passe devant Erika pour poser ses affaires au vestiaire et payer son entrée. Tous, sauf nous trois, pour qui c'est toujours, toujours gratuit. Les six autres nous regardent avec réprobation. Nous répondons par des langues tirées ou des clins d'œil facétieux. À l'intérieur du bar, nous nous frayons un chemin entre les tables hautes, qui n'étaient pas en place lors de ma dernière visite, et la masse grouillante de fêtards pour atteindre le bar laqué. Andrew et Lex nous voient arriver de loin. Ils nous sourient. Leurs sourires s'affaiblissent lorsqu'ils remarquent nos bouches peintes, le noir à nos yeux, ainsi que nos habits mettant nos attouts en valeur. Puis leurs fossettes disparaissent définitivement lorsqu'ils voient la troupe éclectique qui ferme notre marche. Le couple ne comprend plus rien et cela m'amuse.

Sans s'attrister du sort des verres sirotés sur le bar, nous passons par-dessus celui-ci. Quelques exclamations offusquées viennent nous offrir un semblant d'opposition. Pour certains et certaines, un sourire cajoleur de notre part suffit à faire taire toute résistance. Nous finissons de nous glisser à l'arrière du bar et saluons les proprios.