TRINITY - Tome 1 : Les humains viennent des étoiles. Et nous ?

[ 25 ] Petite frayeur, entraînement et professeur d'un genre nouveau

Bras croisés, je pousse un profond soupir désabusé en balayant du regard les adolescents autour de moi, étalés de tout leur long sur l'herbe verte.

J'étais comme ça à mes débuts, moi aussi ?

Quelques souvenirs des premières fois où j'ai tenu un bâton entre les mains me reviennent en mémoire, me font froncer le nez. La réponse est « Oui ».

― C'est tout ce dont vous êtes capables ?
― C'est pas juste ! s'insurge un jeune homme en se redressant en position assise.
― Ouais, je suis d'accord ! le suit un second ado, plus jeune, en l'imitant.

Ils m'ont tous sauté dessus, et ils se sont tous mangé mon bouclier avant d'être rejetés en arrière — d'où leur nouvelle proximité avec les brins d'herbes. Certains poussent même de petits râles endoloris. Tous, sauf Alysse et Yolan qui, connaissant la nature de mes pouvoirs, se sont doutés de l'entourloupe.

― Quoi ? Vous trouvez qu'utiliser mes pouvoirs pour me protéger c'est pas du jeu ? ironisé-je après que tout le monde s'est relevé.
― Oui ! confirment-ils.
― OK. Dans ce cas, attaquez-moi une deuxième fois et je promets de ne pas utiliser ce type de bouclier.
― Vraiment... ? demandent certains des élèves, redoutant une nouvelle manigance de ma part.

Ils ont raison de se méfier, mais ils n'ont pas besoin d'être au courant pour l'instant. Je lève un index et leur fait signe de recommencer. À nouveau, ils tentent de m'attaquer ― sauf Lola et Yolan, qui préfèrent observer l'ennemie d'abord. Je dis bien que mes élèves tentent de m'attaquer, car j'évite aisément toutes leurs attaques en lévitant à l'aide d'un champ de force apparaissant sous mes pieds. Je les regarde de haut, littéralement. Un adolescent ― Tony ? ― essaie quand même de m'atteindre en me lançant une pierre qu'il projette à la simple force de son esprit. Il me suffit d'envoyer une petite sphère pour le contrer.

― Eh bien ? Vous n'arrivez pas à m'atteindre ?
― Tu es hors de portée, fait remarquer Lea, une rousse capable de manipuler la lumière.
― Vous manquez vraiment d'imagination. Léandre, tu pourrais facilement sauter jusqu'à moi et m'attaquer au corps-à-corps avec tes griffes, dis-je à une fille à l'apparence bestiale dont de véritables griffes remplacent les ongles. Max, tu pourrais me lancer une boule de feu. Luc, tu pourrais m'arroser comme un pompier réquisitionné pour contenir une manifestation clandestine. Il y a aussi Miranda qui pourrait me déstabiliser avec ses ultrasons...

Je souffle face à leur manque d'inventivité. Il y avait encore Axel qui aurait pu se téléporter au-dessus de moi et me porter un sacré coup, Phoebe et ses étonnants filaments adhérents qu'elle projette avant de les manipuler du bout de ses doigts, ou encore Maran et ses immensément longs cheveux vivants... Les autres possèdent des capacités tout aussi intéressantes, même si peu offensives. Néanmoins, je suis certaine qu'ils nous réservent encore quelques surprises. Avec un entraînement au corps-à-corps et des exercices innovants adaptés, ils deviendraient imbattables. Mais ce n'est pas ce que le Professeur m'a demandé, ou du moins pas officiellement, alors j'ai dans l'idée de voir si ceux qui ont des pouvoirs inoffensifs ne pourraient pas former des duos complémentaires avec l'un de leurs camarades. Avant d'en arriver là, va falloir que je bosse car pour l'instant, ils s'imposent d'eux-mêmes des restrictions...

Mes pieds retrouvent la terre. Tous ces élèves aux capacités extraordinaires me regardent de côté, apparemment déçus de leur prestation et vexés que je le leur fasse ainsi remarquer, sans mettre de gants. Ils vont devoir se faire à ma franchise à toute épreuve.

― Mais... on a pas ton entraînement, s'exprime finalement Ariès.

Cette jeune fille aux allures timides est capable de contrôler la pression atmosphérique de l'air qui l'entoure. Le Professeur Karl m'a parlé d'elle. Elle aussi aurait pu m'attaquer et m'atteindre avec beaucoup de facilité, malheureusement, elle se bride toute seule, redoutant ses pouvoirs et sa propre puissance. Je lui offre un regard un peu plus avenant.