LGBTextes, c'est un recueil d'OS indépendants. Les genres (littéraires, mais pas que ;)) varient : nouvelles, poèmes de tous types, slams, chansons ; les personnages aussi et vous offrent un panel très large d'identités queers et d'histoires singuli...
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C'était un soir de décembre. Les étoiles constellaient le ciel nocturne dans une douceur étrangement mélancolique. Il avait neigé la journée durant et le sol n'était plus qu'une grande étendue blanche. Dans le réfectoire du centre de vacances, pourtant, tout était animé. Les élèves de 3e festoyaient dans la joie et la bonne humeur. Iels avaient passé la semaine ici, dans le grand chalet, et avaient pu profiter des sports d'hiver et des cours au coin du feu.
Dans la grande salle, tous·x·tes les 3e mangeaient avec entrain. Certain·e·s dansaient même, d'autres chantaient, et les autres riaient de bon cœur, parfois devant des vidéos qui provenaient de leur téléphone.
Pourtant, à l'écart des autres, Élio, jeune garçon au teint mat et aux cheveux foncés, lisait un livre épais. Il était assis confortablement sur l'un des vieux canapés en cuir de la grande salle à manger et tournait les pages avec de grands yeux émerveillés à la façon d'un jeune enfant le matin de Noël. Ses jambes, repliées, étaient couvertes par une couverture de soie grise, et l'adolescent était éclairé par une jolie lampe à huile en cuivre.
Dans le brouhaha ambiant, de l'autre côté du réfectoire, se tenait Noa, jeune homme efféminé maquillé d'un trait d'eye-liner noir et d'un léger fond de teint. Il tenait une conversation particulièrement énergique avec un autre garçon aux cheveux blonds. Leurs mots, à la fois sauvages et rieurs, s'envolaient dans l'atmosphère paisible et chaleureuse du chalet.
Même à travers l'odeur du poulet au curry et du chocolat chaud, on pouvait sentir, même de loin, le lien fort qui unissait Noa et Élio, leurs regards furtifs et leurs sourires en coin. Il faisait un peu frisquet, malgré la douce ambiance qui régnait dans le foyer, et tous·x·tes portaient d'épais pullovers et de grosses chaussettes hivernales.
Tandis que la conversation de Noa et son ami prenait fin, le jeune garçon au maquillage léger se leva de sa place.
⸺ Tu vas voir ton Roméo ? lança son ami avec un regard plein de sous-entendus. Mais vas-y, je t'en prie !
Levant les yeux au ciel, Noa rangea ses mains dans ses poches et rejoignit Élio d'un pas décidé.
***
Même s'il faisait semblant d'être focalisé sur l'épais ouvrage qu'il tenait entre ses mains, le jeune Dumont était complètement déconcentré. Cela faisait trente-trois minutes qu'il était installé dans le canapé de la salle à manger, et autant de temps qu'il alternait entre la lecture de deux lignes de récit et coups d'œil langoureux se voulant discrets à son meilleur ami. Il tentait tant bien que mal de faire disparaître ce sourire idiot de ses lèvres, mais celui-ci s'installait sur son faciès comme la neige fondait lorsqu'elle était brûlée par le soleil : Noa Beaumanoir l'avait surpris huit fois à le dévisager comme si ael était un morceau de chocolat géant, et, au fond de lui, une vague de chaleur qui le faisant se sentir tout étrange avait déferlé.