OS - pangenre

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NDA: comme pour le texte précédent, l'OS que vous vous apprêtez à lire n'a pas été rédigé par une personne pangenre. Cela étant, si vous trouvez quoique ce soit à préciser, à redire ou à ajouter pour rendre ce texte le plus réaliste possible, n'hésitez pas !
Bonne lecture à vous <3


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Lorsque Saúl mit un pied hors de chez lui, ce matin, il regretta tout de suite d'être sorti de son lit. À peine eut-il posé l'une de ses converses colorées à l'extérieur qu'un vent glacial lui parcourut le corps, même à travers son blouson bomber fushia, qu'il avait pourtant fermé jusqu'en haut – ce qu'il haïssait par-dessus tout.

Après un long moment d'hésitation, il poussa un soupir las et, après s'être enfin décidé à affronter le froid hivernal, se glissa dehors en serrant les dents. C'est en tremblant qu'il ferma sa porte à clé, avant d'enfoncer son nez déjà rougi dans sa grosse écharpe de laine et de prendre la route.

Aujourd'hui, on était jeudi, et comme tous les jeudis, Saúl se rendait au centre, un gros bâtiment blanc entouré de grands jardins peu entretenus, où il passait son après-midi avec d'autres jeunes qui avaient autant envie d'être là que lui, à faire des activités manuelles à « but thérapeutique », en compagnie d'un·e éducateur·ice qui serait resté·e volontiers sous la couette aussi. En réalité, Saúl appréciait beaucoup ces séances, quelques heures hors du temps qui lui permettaient de s'exprimer librement. Mais en hiver, quand même le ciel grisâtre ne voulait pas que vous sortiez, aller dehors relevait parfois d'un véritable défi pour le jeune homme.

Après une dizaine de minutes de marche précipitée, dans des rues bondées de gens qui ne se regardaient même plus, il entra enfin dans le centre. Dès qu'il fut à l'intérieur, il se précipita vers Jean-Yves, le chauffage, et s'y adossa quelques instants, avant d'enfin ôter son écharpe et ses gants dentelées, dévoilant de fines mains à la peau noisette dont les ongles, peints de multiples couleurs, rayonnaient à eux seuls.

— Saúl ! s'écria une légère voix suraiguë, quelque part au fond du couloir, avant de se précipiter vers le jeune homme.

L'intéressé quitta, non sans peine, son précieux ami Jean-Yves, pour se tourner vers la petite fille aux cheveux blonds qui lui souriait à pleines dents. Le jeune homme s'apprêtait à répliquer quand l'enfant, qui se balançait énergiquement d'une jambe à l'autre, entama :

— Oh, tu devineras jamais ce que j'ai fait ce week-end !! s'écria-t-elle d'un air enthousiaste en s'emparant du bras de Saúl, avant de l'entraîner à travers le centre. En fait avec ma mamie on est allées emmener Mikey au parc, parce que en fait Mikey il aime pas rester trop à la maison. Mais après en fait quand on y est allées on a croisé la voisine ! Et en fait, la voisine, elle a un chien elle aussi, mais en fait c'est un super gros chien touuut noir, et en fait Mikey en fait c'est un chihuahua tout blanc et en fait il a eu trop trop peur ! En fait il s'est mis à courir super vite parce que en fait on lui avait pas mis sa laisse ! Et en fait après il a couruuu pour se cacher dans la neige et en fait...

Une fois toustes deux arrivé·e·s dans la salle, Zélie se tut, avec un regard pour Saúl qui signifiait clairement « en fait je te raconte la suite après, tu n'y manqueras pas ». Les deux jeunes allèrent se poser au sol avec les autres, au centre de la pièce, déjà assis en cercle sur le gros tapis bleu, en attendant les retardataires.

Quand tout le monde fut prêt, la séance put commencer. Saùl, assis entre Zélie et un autre adolescent, se situait en face de l'animateur·ice, Max, qui leur parlait aisément, souriant·e, des futilités de début de cours. Autour d'elleux, à travers les diverses boîtes de matériels qui emplissaient les placards plaqués aux murs, on pouvait distinguer, partout sur les parois, certains travaux des adolescents : des peintures, des collages, des sculptures faites avec des matériaux recyclés... ici, les jeunes s'exprimaient, divulguaient leur mal être ou leurs pensées profondes, de manière différente des thérapies habituelles, en utilisant l'art comme seul moyen de communication.

LGBTextes - Recueil de textes indépendantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant