Case 11 - Noa Beaumanoir

24 9 0
                                    

Le jour se lève, la ville s'éveille, mais Noa, lui, peine à sortir de son sommeil

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Le jour se lève, la ville s'éveille, mais Noa, lui, peine à sortir de son sommeil.

Les vacances d'hiver sont là, à présent, elles se sont imposées et elles prendront fin. Le jeune garçon reste là, à fixer le plafond, dans l'espoir que son matelas l'avale et l'entraîne dans ses abysses de mousses et de tissus.

Il n'a pas envie de sortir de son lit. Sa couette, moelleuse, pourrait presque le dévorer tout cru. Et il n'y avait pas que cela.

Chaque matin, à chaque fois qu'il ouvrait les yeux, il pensait à lui. Et son image, ce garçon souriant à la peau claire et aux yeux d'un bleu profond, le suivait toute la journée. Et même le soir, en fermant les paupières, il le voyait, ses cernes aux coins de yeux quand il riait, les étincelles dans ses yeux quand il parlait de quelque chose qu'il aimait...

Et ces images, bien qu'agréables, persistaient dans son esprit et le suivaient même dans ses rêves. Noa en était presque épuisé.

Il était amoureux, oui, et il ne savait comment s'arrêter.

Tout avait commencé un matin de septembre. Noa et deux de ses ami·e·s (ses seul·e·s ami·e·s, il avait envie de dire) étaient assis·e·s à une table, dans un café près de leur collège, et discutaient de sujets indéfinis  comme à leur habitude. Et c'est là que sa vie s'est trouvée bouleversée, enfin, c'est ce qu'il se disait.

C'est là qu'il l'avait vu. Un adolescent qu'il n'avait jamais vu est venu d'assoir à leur table (à peu près). Simples regards échangés, frissons inexpliqués, joues qui rosissent malgré lui et, pour se donner contenance, prendre un air détaché, se montrer nonchalant.  À l'intérieur, son cœur explosait, il tambourinait comme s'il se trouvait en plein concert et que la musique battait à ses tympans... sauf qu'il était dans un petit café et que la seule musique qu'il entendait était la douce mélodie de la voix encore indécise de ce jeune garçon.

Et tout a commencé ici. Le soir même, il n'en avait pas dormi. Cela lui était impossible. Il pensait à lui, tous les jours, sans pouvoir s'arrêter. Et il ne pouvait pas.

Au collège, il le cherchait du regard, et dès le premier jour, le destin décida de les mettre dans la même classe. C'en était insoutenable. Lorsqu'il se retrouver à côté de lui, le cœur de Noa s'affolait et il était impossible pour lui de se concentrer. Il passait ses cours à lui jeter des regards à la dérobée, lui faisant se récolter au passage divers reproches ou avertissements de ses professeurs. À la fin du trimestre, ses notes se trouvaient lamentables, ses professeurs lui reprochaient d'être trop dispersé, et il se vit à devoir assister à des cours particuliers.

Cet amour non assumé le frustrait profondément. Et cela ne s'arrangeait pas les week-ends ou durant les vacances, parce qu'il vivait un manque inouï. Il ressentait un tel vide dans sa poitrine, violent, un trou béant, qui ne se refermait que lorsqu'il voyait son crush. En bref, Noa ne savait où se placer.

Alors il se trouvait là, allongé sur son lit, les poings serrés, à imaginer sans pouvoir s'en empêcher ces mêmes scènes, encore et encore, ces scénarios imaginaires où Élio l'aimait en retour.

Sur le coup de la colère, Noa se retourna violemment et enfonça sa tête dans son oreiller. Il contracta tous ses muscles de son visage quelques secondes pour s'empêcher de penser, puis poussa un long soupire las.

Comment allait-il survivre deux semaines sans le voir ?


Un_Enfant_de_Morphee

LGBTextes - Recueil de textes indépendantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant