Case 9 - OS Élio Dumont

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Je voudrais me noyer dans les étoiles

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Je voudrais me noyer dans les étoiles.

Le regard perdu dans le vague, Élio fixait le ciel. Il était tard – ou tôt, impossible à dire, et le vent frais des nuits d'été le faisait doucement frissonner. Il respirait l'obscurité, la lumière des lampadaires de la ville proche, l'odeur de l'herbe froide contre son dos et celle de chacun des astres de cet immense univers dans lequel il n'était qu'un insignifiant grain de poussière. Il goûtait au plaisir de la solitude, et ce n'était pas déplaisant. Il songeait à la fin proche des grandes vacances, et à la rentrée qui se rapprochait un peu plus à chaque lever de soleil : il rentrait en troisième, cette année-là. L'année du brevet, du stage, des examens. Élio aurait tout donné pour rester ici, dans sa zone de confort, à écrire des textes militants et des poèmes à longueur de journée, et non à perdre son temps à rester assis sept heures par jour sur une chaise à écouter des adultes déblatérer leurs cours inutiles.

Une sensation d'effleurement passa doucement sur son bras, et il donna une pichenette à une fourmi téméraire avant de soupirer. Il fallait qu'il rentre. Si ses parents s'apercevaient qu'il était allé dans le jardin pendant la nuit, iels le réprimanderaient pour la panique causée par sa « disparition ».

S'appuyant sur ses mains fines où les veines perçaient sa peau pâle, le jeune garçon se releva. Il ouvrit la baie vitrée et se glissa à pas de loup dans sa maison, se jeta sur son lit et s'endormit, la tête pleine d'étoiles.

♡ ··· ♡

Le lendemain matin – ou seulement quelques heures plus tard –, Élio fut tiré des bras de Morphée par la lumière du soleil venue brusquement éclairer son visage – la faute à un coup de vent ayant écarté les rideaux de sa fenêtre. Il se frotta les yeux, bascula sur le dos, soupira.

Sans trop faire attention à ses gestes, il se leva, prit une douche, puis s'habilla : un short un peu trop large, un pull sur lequel un énorme logo de son groupe de rock préféré, AC/DC, était mis en avant, des baskets un peu trop usées, un sac avec tout le nécessaire rangé dans un bazar à faire pâlir lae plus bordélique des humain·e·s. Il était dix heures du matin, et le bruit de la vaisselle que l'on nettoyait se distinguait nettement ; il y avait plus agréable comme réveil.

Élio se décida enfin à descendre ; saluant ses parents d'un air enjoué, il ajusta la sangle de son sac sur son épaule, prit quelques biscuits puis sortit de chez lui. D'habitude, les matins, il allait courir, mais il faisait bien trop chaud en été : cela le décourageait d'avance. Se baladant dans les rues de sa ville, il flâna durant plusieurs dizaines de minutes au marché, fixant les stands des libraires et les ateliers de dessin avec une pointe de nostalgie. Il avait toujours apprécié la littérature, mais avait fini par délaisser cet art pour s'entraîner au skate sur l'immense skate-park de l'agglomération. Là-bas, il avait trouvé une véritable passion – cette satisfaction de réussir une figure entre chaque chute –, mais aussi une source de bonheur. Il s'était fait quelques potes, des gars avec qui il s'entendait bien. Parfois, il s'arrêtait juste pour les observer, et Élio se faisait parfois quelques films, rien de bien important.

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