Un diagnostic, un vide

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Ca fait longtemps que je n'ai pas écrit dans la pénombre avec un whisky et une clope, mais, dans le calme plat de mon chez-moi, mes démons reviennent. La seule différence avec d'habitude, c'est que je suis la seule à m'auto-gérer ce soir pour ne pas faire ce que le commun des mortels appelle "une bêtise".

Personne ne comprendrait si j'en parlais, de ce qui ne va pas. A première vue, on pourrait croire que j'ai réussi ma vie.

C'est vrai, j'ai tellement de chance :
- Mes parents sont toujours ensemble mais je n'étais pas voulue.
- J'ai une petite soeur intelligente mais le réel adjectif qui lui correspond est hypocrite et moqueuse.
- J'ai un petit frère gentil mais il m'a fait du mal pendant un moment.
- J'avais plein d'amis mais 3 m'ont violé.
- J'ai fait des bêtises de jeunesse mais c'était dans le but de crever.
- J'ai de l'argent mais je travaille quarante heure par semaine pour un SMIC.
- J'ai mon chez-moi mais j'ai du lutter pour mettre de côté pour ne pas me retrouver à la rue.
- J'ai des amis mais aucun ne peut comprendre.
- J'ai été prise à l'armée mais mon genou m'a fait défaut.
- J'ai une vie pleine d'aventure mais mes aventures reviennent au même point, c'est pour me foutre en l'air.

Je ne sais pas à partir de quel moment ma vie est repartie en vrille. Peut-être que je n'ai pas de chance, peut-être que je suis un danger pour moi-même, peut-être que ce sont juste des mauvais timing.

Tout allait au mieux en septembre... Comment ça a pu vrilller aussi vite ? Est-ce moi qui me rend malheureuse ?

En septembre, je travaillais, j'allais faire mes courses, je me faisais à manger, je n'avais jamais la flemme, j'allais à la salle, je sortais mon chien...

Et d'un coup, tout est reparti dans un désordre sans nom.
Est-ce que c'est le bordel parce que j'ai pris un toxicomane comme colocataire actuel ?
Est-ce que c'est parce que je me suis attachée à un garçon pour qui, comme à mon habitude, je ne comptais pas ?
Est-ce que c'est parce que j'ai enchaîné les partenaires sexuels pour assouvir mes pulsions et que c'est le calme plat depuis deux mois ?
Est-ce que c'est parce que je buvais beaucoup trop et que je me suis calmée ?
Est-ce que c'est parce que je voyais du monde et que depuis quelques temps, je n'éprouve plus le besoin de voir qui que ce soit en dehors de mes chiens ?

Confidence pour confidence sur mes états d'âmes : Je suis diagnostiquée sociopathe depuis presque 6 mois maintenant. Ca n'a pas changé grand chose à ma vie or le fait que je sais d'où vient ce vide que je ressens jusque dans mes tripes.

Les sociopathes ressentent tout ce que je ressens depuis des années maintenant, je me souviens brièvement de ce que c'est qu'un rire sincère, une oreille attentive, une tendre étreinte, un baiser déposé sur le front, un baiser déposé sur les lèvres. Actuellement, tout ce que je ressens c'est le vide, le calme.
Je réfléchis depuis quelques heures à ce qui me rend aussi mausade d'un coup et la réalité est sans appel : J'ai un vide au fond de moi que je ne pourrai jamais combler, c'est impossible.
Je ne ressens plus aucune émotions depuis trop longtemps, je sais les mimer mais je ne les ressens pas. Je sais mimer la joie, la sincérité, la tendresse, la douceur, la douleur, les pleurs mais je ne ressens rien.
Par exemple, là, tout de suite, je pleure énormément, mais je ne ressens rien. La seule chose que je peux ressentir, c'est le plaisir lors de l'acte.
Je suis incapable d'aimer qui que ce soit, ce qui n'empêche pas de s'attacher à quelqu'un.
Avoir un vide pareil au fond de son coeur, ça détruit, ça fait mal car il est impossible à combler et on le sait. Voilà pourquoi on tente le diable sur énormément de choses pour ressentir, l'espace d'un instant, une émotion, une douleur. Entre nous, comme la douleur est bien plus facile à ressentir, on s'autodétruit.

Il y a deux minutes, j'ai ouvert mon buffet afin de m'emparer de ma douce boisson qui me permet de dormir et j'ai vu ma boîte à médicaments. Je me suis souvenue de ce que certains des médicaments que j'ai en ma possession peuvent me faire. Ils peuvent me faire planer, l'espace d'un instant. Est-ce qu'on peut mourir avec ce comprimé ? Je l'ignore et j'imagine qu'ils ne vont pas noter les quantités maximales à ingurgiter pour juste frôler la mort, sinon, des imbéciles se prêteraient au jeu et se suiciderait par inadvertance.
J'ai ensuite repenser à mes crises de boulimie, la mutilation, la drogue, le sexe... Il me faut une nouvelle porte de sortie maintenant que j'ai perdu toutes les personnes avec qui j'en parlais.
A l'heure actuelle, je tremble parce que j'ai besoin de ressentir quelque chose, peu importe ce que c'est, j'en ai besoin pour combler ce vide et me sentir humaine un instant. Mais je me calme toute seule, je ne dois pas faire de bêtises parce que j'ai deux chiens, ils sont petits mais ils m'apportent énormément d'amour que je ne leur rendrait jamais comme ils aimeraient mais je fais tout pour eux car on a un lien fort de maître à chiens.

Il y a quelques semaines, j'étais proche d'un autre garçon encore, mais j'ai eu l'intelligence de ne pas m'attacher.
Heureusement.
J'ai encore merdé.
Je suis allée au bar avec des amis et il y avait le plan cul de ce garçon, elle était très gentille. On a donc commencé à discuter. Au fil de la soirée, j'ai commencé à envoyer énormément de messages à ce garçon en lui disant des choses que je n'aurais pas apprécié qu'on me dise. Depuis, je ne l'ai pas revu et quelque chose me dit qu'il ne veut plus me revoir et je ne peux pas lui en vouloir. Après tout, il a raison, j'aurai probablement réagi comme lui si j'avais mon humanité au complet.

J'ai envie de faire les 400 coups, là, de suite. J'ai envie d'aller courir, j'ai envie d'aller me battre, j'ai envie de replonger avec Cat, j'ai envie de manger jusqu'à vomir, j'ai envie d'être saoul, j'ai envie de dormir et de rêver, car, après tout, c'est tout ce qu'il me reste.

Une fille trop mal pour en parlerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant