Tu as déjà ressenti ça, cette tristesse tellement profonde qu'elle te hante au quotidien.
Tu ne sais pas jusque quand tu vas savoir la garder pour toi mais tout ce que tu sais, tout ce qui compte, c'est de la cacher pour ne pas devoir répondre à l'ultime "Qu'est ce qu'il y a ?" mais même si tu nies cette question par un "Rien t'inquiète", "Je fais une allergie"... À cette réponse, tu aimerais tout expliquer. Tu aimerais tout raconter sur ton passé, tes doutes, tes peurs, ta haine, la haine des autres envers toi... Mais tu ne diras rien.
Pourquoi ? Parce que ça fait mal d'en parler, ça signifie prendre le risque d'être encore plus détruit et plus déprimé que d'habitude en exposant nos faiblesses vu qu'on sait qu'au fond, ils s'en moquent.
Alors on fait semblant, on joue un rôle, notre rôle jusqu'à la tombée de la nuit. Jusqu'au calme absolu. Jusqu'au moment où tu es sur que personne ne pourra t'entendre pleurer.
Et tu pleureras jusqu'à être épuisé. Tu pleureras jusqu'au moment où tu ne sauras plus pleurer.
Et puis, une nuit, alors que tu devais pleurer, tu ne pleures pas, tu te munis d'une lame pour ne plus devoir pleurer et tu commences à graver ta douleur sur tes poignets. Tu regardes le sang couler, tu te sens apaisée.
Le lendemain, tu te sens toujours aussi triste mais tu essaies de dormir vu que tu sais ce qu'on dit sur Cat, la mutilation. On dit que c'est comme une drogue. Du coup tu essaies de dormir mais tu n'y arrives pas, tu essaies de pleurer un bon coup pour te détendre et pouvoir dormir mais tu as déjà tellement pleuré que tu en es devenu incapable. Dorénavant, le soir, lorsque tu ressentiras cette tristesse, ce désespoir, cette insomnie, tu te muniras de cette lame pour t'apaiser, pour te permettre de dormir, pour t'aider, d'une certaine façon, à essayer de faire ressortir les traces intérieures à l'extérieure, gravées sur tes bras, pour te permettre de l'oublier un moment, cette tristesse.
Les gens qui se mutilent ne sont pas débiles. Ce qui est débile, c'est de pousser quelqu'un à être tellement triste, tellement déprimer, qu'il n'en arrive même plus à pleurer, qu'il n'ait plus que ça comme solution pour lui permettre de se sentir bien un minimum, l'espace d'un instant et d'oublier. Se mutiler ne signifie pas qu'on veut mourir, ça signifie qu'on a tellement mal qu'on n'a pas d'autres solutions pour oublier ne serait ce qu'un instant la douleur, pour nous permettre d'avoir un petit havre de paix.
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Une fille trop mal pour en parler
Non-FictionSi vous vous sentez triste et insignifiant, lisez ceci, histoire de vous dire qu'il y a pire.