Le mal-être, voilà quelque chose que je ne connais que trop bien.
Ce n'est pas juste le fait de se sentir mal ou de ne plus avoir confiance en soi, ça va plus loin que ça.Donner une définition précise de cela est impossible sans en avoir été ou sans en être victime.
Le mal-être, j'en souffre constamment. Pourtant à la base, j'étais heureuse. Je vivais dans mon petit cocon avec mes parents puis, ma sœur a débarqué et a agrandi ce cocon et c'était vraiment bien... Mais après, il y a eu ce déclic maléfique autour de moi à l'école maternelle et primaire. Ce déclic qui m'a fait changer d'école, ce déclic qui revient toujours plus puissant. Oui, c'est de vous que je parle, vous qui m'insultiez et vous moquiez de moi. Je parle aussi de toi qui m'amis un coup de poing dans le ventre. Ne pense pas que je t'ai oubliée, toi, qui ma poussée tellement fort contre cet arbre que j'eus besoin de quelques semaines avant de cicatriser correctement. Et comment t'oublier, toi, mon cauchemar, qui me faisait toujours du mal, qui me griffait, me tirais les cheveux jusqu'à m'en arracher et me frappais au point de me faire plein de bleu et pas qu'au visage. Nous étions tous à l'école maternelle et primaire. Vous aviez fait en sorte que plus personne ne me parle, j'étais toujours seule à attendre ma maman après l'école, toujours. Vous m'aviez fait du mal, vous être les premiers fautifs de ce que je ressens aujourd'hui.
Ensuite, j'ai changé d'école. Ma maman avait mal au cœur de retrouver sa petite fille chérie couverte de coups après l'école. Je pense que ce qui l'a vraiment décidée, c'est lorsque j'ai voulu traverser alors qu'il y avait un camion. Tu m'avais engueulé tant je t'avais fait peur. J'avais prétexté que c'était intentionnel, mais pour moi, que ce camion m'écrase ou non, ça n'aurait rien changé.Mais même dans cette nouvelle école, ça n'allait pas mieux. On m'insultait tout le temps. « Baraquie » « Elle ne se lave pas les cheveux » « Moche » voilà les mots qui résument mes primaires. En 5e primaire, ça s'est un peu calmé, ils avaient compris que ce que j'avais eu n'était pas rien et qu'il fallait me laisser du temps pour que je puisse à nouveau supporter tout le mal qu'on me faisait.
Accident de voiture en 2008, le 16 octobre pour être précise. Alors que je traversais sur le passage piéton à la sortie de mon école, une infirmière ma projetée à 5m avec sa voiture. Conséquences : j'ai doublé ma 5e primaire, ma mâchoire a bougé, j'ai des troubles de la concentration, des petits soucis quand je respire, et des migraines à m'en faire perdre la tête.
Le reste de mes primaires s'est passé comme d'habitude : dans les moqueries, la méchanceté et quelques coups.
Ensuite il y a eu les secondaires. Ça se passait comme d'habitude jusqu'à ma 3e. Cette année fut la pire de ma vie. Là, j'ai réellement su ce que signifiait, le harcèlement. On se moquait de moi tout le temps, on m'insultait tout le temps aussi. « moche » « conne » « sale » « baraquie » « mytho » « suceuse » « salope. » Le harcèlement s'était fait tellement présent qu'on se moquait de moi en classe, devant les profs, certains profs riaient, d'autres niaient, trop occupés à donner leurs si précieux cours. Il y avait aussi ce groupe de filles qui ne m'avaient jamais appréciée, déjà que je n'allais pas super bien, elles ont trouvé amusant de me coincer dans les douches de la piscine et me cracher plein de charmants mots à la figure. J'étais fier pourtant ce jour-là, j'avais enfin osé sauter du plongeoir, moi qui avait peur de l'eau, j'étais fier de moi, mais une fois dans les douches, alors que je les évitaient, elles ne m'ont pas ratées.
Tout ce que les gens m'avaient fait, me faisaient et me feraient endurer me faisait si mal que j'ai trouvé une sorte de petit échappatoire. Cet échappatoire, c'était Cat, elle était devenue une alliée, quelqu'un qui était là et qui me faisait oublier tout le mal qu'on me faisait. Quand on me faisait du mal, j'allais dans les toilettes, munies d'une lame et je sculptais dans ma peau la douleur qu'on m'infligeait. Au début, ça me permettait d'oublier tout le mal qu'on me faisait mais après, il m'en a fallu plus, je voulais oublier plus longtemps, j'aurais aimé oublier pour toujours. Mais je n'en ai jamais eu le cran, je ne voulais pas faire souffrir mes parents, mon frère ou ma sœur. Je me suis forcée à rester car s'il leur arrive la même chose qu'à moi, je les aiderais et les protégerais.
À présent, j'ai fini les secondaires, je vais rentrer à la Haute-École et j'espère sincèrement que tout cela va cesser. J'espère pouvoir prendre un nouveau départ malgré tout, un nouveau départ où je me sentirais confiante... un nouveau départ où je me sentirais moins mal.
Parce que le mal-être, il est toujours là, il nous fait toujours nous sentir mal, ils nous fait perdre notre confiance, il nous fait avoir une image dégradante de nous, il nous fait penser qu'on est cette personne à la fois sale et moche des injures dites dans le passé. Le mal-être nous fait déprimer. Il nous donne envie de nous flinguer, honnêtement, personne ne veut être cette personne tant critiquées, personne n'a envie de rester avec tout ces souvenirs plein de haine.
Pour le moment, comme je n'ai toujours pas repris l'école, je dois dire que j'ai tout pour être heureuse : j'ai le permis, une famille qui s'est un peu reconstruite car à un moment, on se disputait tout le temps et ce n'est pas les reproches et les injures qu'il manquait, j'ai ma meilleure amie mais malgré ça, j'ai toujours envie de pleurer quand je suis seule, dans le noir, dans le froid, j'ai toujours envie de prendre cette lame et de graver la douleur sur ma chair , j'ai toujours envie de mourir mais j'essaie de le cacher, j'espère qu'un jour, je n'aurai plus ces envies car c'est difficile de lutter...
Un jour, pour rire, mon frère m'a dit sur j'était sale devant un ami, tout le monde riait, c'était drôle pour eux, mais moi, ça ne m'a pas fait l'effet d'une blague, voilà pourquoi je me suis repliée dans la salle de bain où j'ai remis la façade que j'ai durement construite et j'ai fait comme si ça allait bien alors que j'étais blessée. Lorsque mon ami est parti travailler, je suis allée prendre mon bain avant d'aller dans ma chambre pour pleurer. Ce n'était qu'une blague, mais c'était une blague qui m'a blessée à cause de mon passé.
Ma maman vous dira que nous sommes des enfants gâtés, actuellement, oui mais avant non. Avant, au début, ça allait à la maison mais pas à l'école, ensuite, en 3e secondaire, plus rien allait. Le seul moment où j'allais bien, c'était quand je m'enfermais dans les toilettes, une lame à la main. Ensuite, ça allait mieux à la maison mais c'était toujours tendu à l'école. J'espère que pour la Haute-École, tout ira mieux.
Je décide de tout écrire aujourd'hui car tantôt, je parlais du harcèlement avec ma soeur et je me suis rendue compte que je n'arrivais pas à parler du calvaire que j'ai vécu pendant trop longtemps. Personne ne sait tout et personne ne saura jamais tout sauf moi, personne n'aura ces scènes qui tournent en boucles dans ma tête, même si des gens de mon entourage lisent, ils ne sauront jamais que c'est moi, à quel point j'ai été lâche de ne rien avoir fait. Mais je n'ai jamais su ce que j'aurai pu faire. En parler ? J'ai essayé, mais mes parents sont des personnes impulsives, j'ai essayé d'en parler au PMS mais ils n'ont jamais rien voulu comprendre. J'en ai parlé à une prof une fois, une prof qui m'a parlé et qui a compris le calvaire que je vivais à l'école et à la maison. Merci à elle, sans elle, je ne serais plus ici.
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Une fille trop mal pour en parler
Non-FictionSi vous vous sentez triste et insignifiant, lisez ceci, histoire de vous dire qu'il y a pire.