Ἀχιλλεύς

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Quand la lance de Pâris s'enfonça dans le talon d'Achille, le soleil était haut, et doré, et sa chaleur avait la douceur des après-midi d'été.

C'était une beau moment, pour s'en aller. Le type de journée qui aurait été magnifique si l'atmosphère n'avait pas été alourdi par les centaines de soldats qui se battaient pour leurs vies sur les côtes de la mer Égée.

Pourtant, malgré leurs cris d'agonie incessants, la bataille sembla se calmer un peu quand le corps élancé d'Achilles heurta la terre asséchée par le sang grec.

Dans sa bouche, la salive avait le goût amer de la défaite et l'air mêlé de sable qui flottait comme une pellicule au-dessus du sol poussiéreux faisait siffler sa respiration difficile.

Pour la première fois depuis longtemps, il ne sentait pas pulser dans ses veines l'invulnérabilité de la jeunesse.

Autour de lui, les cris s'estompaient peu à peu, et avec eux disparaissait la douleur qui se glissait vicieusement dans ses veines, enflammant tout son corps, de son talon au bout de ses doigts calleux.

Sous sa tête, le sol aride avait la douceur des oreillers de soie des dieux. Il sentait sa vision se troubler, un peu plus à chaque inspiration laborieuse. Exister devenait difficile.

Il pourrait se battre. Si seulement il en avait le courage.

Si seulement il en avait l'envie.

Mais Achille ne voulait pas se battre. Le douceur amoureuse de son cœur s'était tarie des jours plus tôt, rendue poussiéreuse par le sable qui recouvrait le corps sans vie de Patrocle.

Oh, Patrocle. Patrocle aux cheveux et à la peau brunis par le soleil, la mer et le vent. Patrocle au doux sourire adolescent et à l'étreinte sensible. Patrocle et son corps en sueur qui se tordait sous le poids du sien, ses murmures au creux de son oreille - ceux-là même qui avaient toujours eu le don de renvoyer des frissons le long de la colonne vertébrale saillante d'Achille. Patrocle et ses yeux dorés, si étincelants qu'ils en éclipsaient le char d'Apollon lui-même, qu'Achille avait fermé de ses doigts épuisés des jours plus tôt, éteignant son cœur avec.

La douceur au goût de miel de Patrocle s'était changée en poussière en quelques heures, et le monde avait réduit son existence à la seule douleur de la perte.

Oh, divine, la colère d'Achille aux pieds rapides. Dévastatrice comme la mer de Poséidon qui charrierait sur ses flots les marins apeurés d'Ulysse pendant de longues années. Désespérée. Folle.

Le bruit du corps d'Hector se couvrant de poussière à l'arrière de son char résonna aux oreilles d'Achille jusqu'à ce que la mort vienne le chercher.

Il eut beau chercher la moindre trace de regret de ne pas avoir retourné le cadavre troyen à sa patrie au creux de son âme, il ne trouva que le soulagement de ses retrouvailles prochaines avec Patrocle dans le royaume d'Hadès.

Il sentit son cœur s'arrêter et tout se taire autour de lui.

Un sourire étira ses lèvres.

Enfin.

Bonjour ! Ceci va être une de mes premières vraies longues fic écrites entièrement par moi-même, et j'espère qu'elle vous plaira. Je ne sais pas vraiment où elle va nous mener, ni s'y j'y arriverais, mais j'ai de l'espoir et des idées, alors que demande le peuple haha !

N'hésitez pas à laissez des petites critiques constructives :)

Bonne nuit à tous <3

AchilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant