Chapitre 4

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Joyeux Noël en retard <3


-Ça t'arrive jamais d'être fatigué d'exister ?

Achille se détourna des couples qui virevoltaient dans la pièce et plongea son regard dans celui de son plus proche ami. Vêtu de son plus beau costume trois pièce noir, chapeau inclus, les cheveux plaqués sur le côté, il avait l'air très particulier des jeunes anglais victorien qui faisait fureur en ce moment.

-Tout le temps, répondit-il sans hésiter.

Depuis qu'il lui avait appris la triste histoire derrière ses incessantes réincarnations, des années plus tôt, Charlie n'avait cessé de poser des questions dans les moments les plus inopportuns.

-Peut-être que nous pourrions avoir cette conversation plus tard, ajouta-t-il en esquissant un de ces demi-sourires dont il avait le secret – des années de pratique.

Charlie rit tout doucement :

-Je trouve que le mariage de ma sœur est une occasion parfaite pour parler de fatigue.

Achille rit à son tour :

-Ta sœur te fatigue ?

Charlie, s'appuya sur sa canne – purement décorative – et se pencha vers lui, haussant les sourcils comme s'il s'apprêtait à lui confier le plus précieux de tous les secrets :

-Tu n'imagines même pas à quel point.

-Ça me rappelle ce qu'elle me disait la nuit dernière.

Achille regarda avec délectation son meilleur ami renverser la tête en arrière alors qu'il éclatait de rire. S'il y avait bien une chose qui ne changeait pas malgré les années, c'était l'émerveillement qu'il éprouvait en amusant ses proches. S'il avait pu, il aurait emprisonné leurs rires dans de petites boites, et les aurait empilées sur un étagère, pour pouvoir les réécouter à chaque fois qu'il ne se sentait plus l'envie de vivre.

-Plus le temps passe et plus tu m'amuses Harry. À croire que tu déteins sur moi.

Achille sourit et repoussa une mèche délicatement ondulée derrière son oreille, avant de replacer son couvre-chef.

-Tu sais que tu peux m'appeler Achille.

Charlie soupira et s'installa un peu plus confortablement dans son fauteuil. Autour d'eux, un orchestre commença à jouer un air populaire qui tournait sur toutes les lèvres à l'époque.

-Je crois que je ne m'y ferais jamais, dit-il. Quelque part, j'ai quand même l'impression que tu te moques de moi.

-Tu penses que je me serais moqué de toi pendant sept ans ?

Leurs regards se croisèrent, et les prunelles d'acier de Charlie semblèrent se fondre dans l'âme en fusion d'Achille.

-Quand je pense que je dormais pendant les cours de mythologie grecque... soupira-t-il en secouant la tête.

Achille envoya un petit coup de poing dans le bras de son ami, et il put sentir les muscles de ce dernier se tendre sous le tissu.

-Comment s'appelait-il déjà ? ânonna Charlie, la voix rieuse. Le gars qui avait volé ton armure ? Patroi ? Pétrole ?

Achille sentit ses épaules se tendre brusquement. Un sourire étendit ses lèvres dans une maigre tentation de cacher la tension qui habitait son corps.

Mais Charlie le connaissait trop bien, et il sentit une grande main brûlante se poser sur sa clavicule, à la jonction entre son cou exposé à l'air libre par sa chemise déboutonnée et son bras.

AchilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant