Chapitre 1

729 40 1
                                    

Les appels ne s'arrêtent plus, nous recevons des enfants de tout New York nous téléphonant pour savoir si le père Noël a encore ses jouets en stock. Nous sommes à trois jours de Noël et pour la première fois en vingt-huit ans, je ne le fêterai pas en famille, ce qui me fait plus mal au cœur que je ne l'aurai imaginé. Ma collègue Sarah décroche son dernier coup de fil de la journée et rassure le petit garçon, que la poupée qu'il a commandée sera bien chez lui pour Noël. Elle raccroche en me regardant, elle soupire mais rigole.

- Ils vont me rendre folle ! Le magasin n'a jamais autant vendu depuis son ouverture il y a cinq ans !

- Je sais ! Nous avons pratiquement doublé nos chiffres.

Notre patron entre dans notre bureau avec des paquets et des sacs pleins les bras.

- Attendez Julian, je vais vous aider !

Je me lève de ma chaise pour attraper quelques boîtes et quand ma main effleure la sienne, il me sourit.

- Merci Jessica. Sarah, approchez.

Je m'éloigne de lui, gênée et rouge comme une tomate. C'est vrai que Julian est un bel homme, très charmant et attentionné, mais il n'y a pas cette étincelle entre nous. Nous avons dîné ensemble le mois dernier, mais avions parlé de travail pendant tout le repas, il est très intéressant et intelligent mais je pense qu'il croit trop en "nous" alors qu'il n'y a rien, enfin je crois.

- Vous avez reçu beaucoup d'appels aujourd'hui, on dirait que les petits commerces ont enfin leur place dans le cœur des gens. Nous avons eu d'énormes ventes cette année, mais je m'égare, ce n'est pas le sujet. Sarah, j'aurai besoin de vous jusqu'au vingt-six décembre si cela vous convient.

- Pas de soucis Monsieur, vous savez que je n'ai pas de famille donc je serai ravi de passer Noël à vos côtés pour distribuer les cadeaux aux enfants !

- Nous avons encore beaucoup de commandes à préparer donc nous ne devons pas perdre de temps. Les appels des enfants reprennent demain vers onze heures et finissent vers seize heures, cela nous laissera le temps de préparer Noël.

Sarah sourit de toutes ses dents et je me contente de hocher la tête. J'adore répondre aux enfants et faire les emballages des jouets que nous vendons dans notre petite boutique, mais j'aurais préféré être avec ma famille.

- Quant à vous Jessica, je voudrais vous parler.

Sarah s'éloigne assez pour nous laisser en privé, mais reste dans les parages pour nous entendre.

- Nous sommes le vingt-trois décembre et je sais que fêter Noël sans vos proches est compliqué, je vous laisse les rejoindre pour les prochains jours, mais je vous veux en forme le vingt-sept décembre.

- Vous n'êtes pas sérieux ?

- Bien sûr que si. Je sais ce qui compte pour vous, et comme vous comptez pour moi, vous voir malheureuse ici ne me fait pas plaisir.

- Je ne peux pas vous laisser si peu de temps avant Noël.

- Je pense que Sarah et nos deux autres employés pourront m'aider, n'est ce pas ?

Sarah se retourne et montre son pouce pour dire que c'est bon.

- Merci énormément Julian ! Je ne sais pas quoi dire, c'est merveilleux.

- Ne dites rien, rentrez faire votre valise et partez au plus vite car une tempête de neige est prévue demain à New York et pas mal d'autres états. Je serais vous, je ne perdrais pas une minute.

- Les billets doivent être hors de prix si peu de temps avant le départ du train...

- Ce n'est pas un problème, j'ai déjà fait une réservation à votre nom, vous partez demain à l'aube.

Il me tend une enveloppe qui contient un billet aller retour pour rejoindre ma famille. Je n'en reviens pas.

- Je ne peux pas accepter Julian, c'est beaucoup trop.

- Allez-y Jessica, vous me raconterez vos fêtes autour d'un repas à votre retour peut-être ?

Je hoche la tête ne sachant pas quoi répondre.

- Passez un bon Noël.

Il attrape mon épaule et embrasse ma joue avant de sortir en nous saluant. Sarah attend que la porte soit fermée pour me rejoindre.

- Tu as un rendez-vous avec le patron !!

- Je ne crois pas que ce soit un rendez-vous...

- Jessica, ma grande, tu es intelligente mais complètement aveugle. Il vient de t'inviter à dîner et tu as littéralement accepté ! Depuis le temps que je te dis qu'il te tourne autour et que tu ne me crois pas.

- Ce n'est pas ça Sarah, c'est juste qu'il ne m'intéresse pas.

- Mais Jess, il est l'homme parfait ! Regarde son physique, son sourire et ses cheveux soyeux...

- Tu baves presque !

Je frappe l'épaule de Sarah qui me suit pour récupérer nos sacs et quitter le bâtiment.

- Jessica, depuis quand tu n'as pas eu de copain ?

- Je ne sais pas.

- Tu le sais très bien ! Depuis Noah, tu n'as vu personne, cela fait maintenant deux ans, alors enclenche la deuxième ou tu finiras seule.

- C'est très gentil de t'inquiéter pour mes relations mais je ne sens pas cette histoire, si ça ne marche pas ça pourrait mettre mon job en jeu, je risque gros.

- Ne pars pas défaitiste ! Écoute, profite de ces quelques jours pour y réfléchir, rien de mieux qu'un bon vin rouge près du feu pour éclairer cette histoire.

Nous rions en passant la porte d'entrée pour affronter le froid de décembre.

- Julian ne mentait pas quand il parlait d'une tempête de neige en approche, regarde la neige qui est tombée aujourd'hui.

Je passe mon bonnet et mes gants pour tenter de me réchauffer puis nous nous dirigeons vers le métro. Nous habitons à cinq minutes d'ici et mon appartement se situe un étage au-dessus du sien. Quand nous arrivons en bas de notre immeuble, nous courons dans les escaliers pour nous réchauffer et rapidement rentrer chez nous.

- Tu me mets un message quand tu es arrivé chez tes parents et si tu as une soudaine révélation à propos de Julian !

- Promis !

Je la pousse dans son appartement et elle rigole de plus belle.

- Passe de bonnes fêtes ma belle.

- Toi aussi.

Elle ferme sa porte et je monte rapidement jusqu'à mon appartement. En y entrant, je passe directement un gros pull car le chauffage n'est pas rapide et je meurs de froid. J'attrape ma valise sous mon lit en souriant et la remplit rapidement. Je m'attendais à remplir des boîtes et à les emballer pendant les prochains jours, mais par miracle je vais finalement avoir mon Noël traditionnel. Je regarde le billet de train, je vois ma famille pour Noël. 

Miracle de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant