Chapitre 22

198 22 0
                                    

Je cours sur le quai tandis qu'une voix féminine résonne dans le haut-parleur.

"Le train N1911 ferme ses portes, attention à la fermeture".

Je saute dans le train au bon moment et une seconde après avoir passé ma valise, les portes se ferment derrière moi. Je suis dans le train qui me ramène voir ma famille. Je passe dans l'allée à la recherche de mon siège, cette fois encore je suis contre la fenêtre, il n'y a qu'avec Caleb que je n'ai pas eu ma place habituelle. Je m'assois face à une vieille dame qui est en train de lire le journal.

- Rien d'intéressant ?

Elle relève la tête, surprise que quelqu'un lui parle.

- Oh, non, toujours les mêmes informations.

- Je vois. Voulez-vous un gâteau ?

- Ce ne serait pas de refus.

Elle me sourit tandis que je lui tends le paquet.

- Vous êtes bien aimable ma grande, ce n'est plus très courant et ça réchauffe mon petit cœur.

- C'est vrai ? Je suis contente de vous entendre dire cela.

Elle me sourit et le train commence à rouler. Dans quelques heures je vais revoir tout le monde, nous fêterons le nouvel an et tout ira bien. Sauf qu'au bout d'une petite heure, le micro sonne.

- Bonjour à tous, notre équipe est désolée de vous apprendre qu'un retard s'annonce sur votre voyage. Le train ne peut plus avancer car un bloc de glace est en travers des rails et nous empêche de continuer, nous attendons une équipe pour régler ce problème. Notre équipe vous remercie de votre compréhension et reste disponible pour vous.

Oh non, ça recommence. Après mon retard à Noël, c'est le nouvel an que je risque de rater. Le schéma se répète, j'ai décidé de mon départ à la dernière minute, j'ai réservé une place pour le premier train après l'appel avec ma petite sœur et j'ai sauté dans ce même train trois heures plus tard. Je n'ai jamais préparé ma valise aussi vite que ces deux fois. Je ne veux pas arriver tard, je dois passer chez Caleb avant d'aller voir ma famille pour fêter le nouvel an. Ma petite sœur ne m'a pas précisé qu'il serait présent ce soir, donc dans le doute, je préfère passer chez lui avant. Ma jambe commence à trembler et mes idées fusent, il faut que je me calme.

- Avez-vous passé de bonnes fêtes ?

Je tente de divertir mon esprit en reprenant une discussion avec la petite mamie.

- Je suis allée voir mes petits enfants, c'était génial oui, mais je dois rentrer et retrouver mon mari.

- Il n'a pas pu venir avec vous ?

- Malheureusement non, il est à l'hôpital, rien de grave ne vous inquiétez pas, une simple opération de la hanche mais il va bien. Il a tenu à ce que je passe Noël avec notre famille, ce qui m'a brisé le cœur de l'abandonner.

- Il a dû être triste, ça ne doit pas être simple de passer Noël tout seul, qui plus est dans une chambre d'hôpital.

- J'ai hâte de le revoir.

Quelqu'un passe dans l'allée et je tourne précipitamment la tête, je sais très bien que ça ne peut pas être Caleb mais les souvenirs de notre rencontre dans un train me reviennent et j'aurais aimé revivre ce moment.

- Vous attendez quelqu'un ?

- Non.

- Vous rejoignez quelqu'un ?

- Ma famille oui.

- Pas un garçon ?

- Aussi un garçon.

Un petit sourire en coin naît sur son visage ce qui me fait rougir. Bon sang les grands-mères sont douées.

- Quel est son prénom ?

J'hésite un instant.

- Caleb. Il s'appelle Caleb.

- Vous êtes ensemble depuis longtemps ?

- Oh, nous ne sommes pas en couple.

- Ah bon ?

- Oui, nous ne nous connaissons que depuis une semaine.

- Vous savez, ce n'est pas une question de temps, c'est une question de ressenti. Une personne que vous connaissez depuis deux jours peut vous faire ressentir plus de choses qu'une personne que vous connaissez depuis des années.

- Sûrement, mais c'est tout de même étrange.

- Et ce Caleb, vous l'aimez ?

- Oui.

- Alors c'est un bon début pour une relation. Vous aime-t-il ?

- Je ne sais pas madame. Je ne lui ai pas parlé depuis mon départ.

- Votre départ ?

Je m'avance vers elle et c'est alors que commence mon récit. Je lui raconte toute l'histoire et je vois ses petits yeux briller et elle sourit en mangeant des gâteaux. Une fois que mon récit est fini, elle se donne une joie de donner son avis.

- Je crois qu'il vous aime aussi.

- Vous pensez ?

- Un homme n'agit pas comme il l'a fait s'il n'a pas de sentiments et surtout, tous ces gestes d'attention ne trompent pas. Le baiser, dormir avec vous, prendre votre main. Pour moi, c'est une évidence. Et qui ne tomberait pas amoureux de vous, vous êtes un ange.

- Vous êtes adorable.

Après l'avoir regardé droit dans les yeux quelques instants, je me sens en sécurité et j'ose me confier plus personnellement cette fois.

- J'ai peur.

- Je n'en doute pas mon enfant, qui n'a pas peur d'aimer quelqu'un et que cette personne n'éprouve pas la même chose ? Mais sachez que même deux êtres qui s'aiment profondément ne peuvent pas être sûrs de ressentir le même degré d'amour. On ne peut jamais savoir cent pour cent ce que ressent une personne. Mais c'est le risque de l'amour et c'est ça qui le rend fort.

Les larmes me montent aux yeux mais je les retiens, pourquoi les personnes âgées sont-elles si douées avec les mots ?

- Laissez-vous aller.

Elle se lève et s'assoit à la place libre à mes côtés, elle me tend les bras et mystérieusement, je m'endors contre elle. Elle a la gentillesse de me réveiller quand le train entre en gare et je la remercie encore une fois pour ce moment.

- Bonne année ma grande, je vous souhaite du bonheur. Je sais que ce Caleb est fait pour vous.

- Merci pour tout madame. Je vous souhaite une bonne soirée et de bonnes retrouvailles avec votre mari.

Ce n'est pas son arrêt alors quand je descends du train, je lui dis au revoir par la vitre. C'est pour ce genre de moment que j'aime la vie, des moments tendres et surprenants. Il ne fait pas encore nuit, mais le ciel s'assombrit donc cela ne devrait pas tarder. Je rejoins mon taxi qui m'attend et lui indique directement l'adresse de Caleb. Pour aller chez mes parents, je passe devant alors autant y aller directement pour ne pas perdre de temps.

- Nous y voilà mademoiselle.

- Merci monsieur, passez une bonne année.

- A vous aussi.

Je regarde mon téléphone, il est déjà dix-huit heures. Je mets un message à Grace pour la prévenir de mon arrêt chez Caleb et elle me répond avec un simple smiley qui lève le pouce. Le taxi s'éloigne et me voilà, seule avec ma valise devant le chalet de Caleb. Je me redresse et avance prudemment. Son allée est glacée, bien qu'ils aient dégagé la neige pour son déménagement. Sa voiture est devant le garage ce qui signifie qu'il est bien ici, et une lumière provenant de la salle de bain me le prouve aussi. Je monte les marches du perron et m'arrête devant la porte, mon cœur bat à mille à l'heure. Lorsque j'appuie sur la sonnette, mon cœur s'arrête. Ce sont les montagnes russes et cela s'accentue quand une jeune femme ouvre la porte. 

Miracle de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant