Chapitre 8

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Je suis réveillée par la lumière du jour, j'entends les rideaux s'ouvrir et des pas dans la pièce. J'ai mal au dos et j'ai du mal à ouvrir les yeux, aveuglée par autant de lumière. Je sens quelque chose bouger sous moi, j'ouvre rapidement les yeux et tourne la tête. J'aperçois Caleb, allongé sur le canapé, ma tête sur sa hanche. Je pose ma main sur un coussin pour me redresser et le secouer légèrement. Il se réveille, tout aussi déconcerté que moi. Nous avons dû nous endormir sur le canapé en parlant cette nuit. Je ne trouve pas les mots, et ne sachant quoi dire, je fini par bégayer et je n'arrive pas à aligner deux mots. Comment aligner des mots à l'oral quand je ne sais pas quoi penser ? Je plonge mes yeux dans les siens et alors que nos regards tentent de se comprendre, nous sommes interrompus.

- Les enfants, bien dormi ?

Nos yeux s'ouvrent en grands, nos têtes se tournent rapidement et nous nous redressons pour nous éloigner.

- Maman ! Très bien et toi ?

- Certainement aussi bien que vous deux.

Elle nous offre un énorme sourire et me fait un clin d'œil. Je ne pense pas avoir été aussi rouge et gênée de ma vie.

- Je peux vous offrir un café Caleb ?

- Avec plaisir oui.

- Jess ? Un café ?

- Non merci, je vais me faire un chocolat chaud.

Elle regarde ma tasse sur la table, puis l'assiette de cookies et elle semble enfin comprendre ce qu'il s'est passé.

- Je reviens, je vais faire du café.

Elle nous sourit avant de sortir du salon en vitesse. Je me tourne vers Caleb, lui offre un sourire et m'excuse du regard avant de me lever pour partir à mon tour. Je suis ma mère dans la cuisine et elle s'adosse au frigo.

- Ne me regarde pas comme ça maman.

- Il te plaît n'est-ce pas ?

- Mais... non.

Je souffle. Pourquoi elle fait toujours la même chose ? Elle agit toujours de la même manière. Je l'aime de tout mon cœur mais je déteste quand elle fait ça.

- Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? Arrête de me voir en couple avec tous les hommes que tu vois.

- Caleb est très charmant.

- Je n'ai pas dit le contraire, mais je n'ai pas envie de me mettre en couple, encore moins avec Caleb...

- Tu portes pourtant son pull.

Satané pull ! Je croise mes bras sur ma poitrine pour la cacher légèrement.

- Tu as le droit au bonheur ma puce.

- Je suis heureuse maman !

- Mais pas comblée. Tu sais tout aussi bien que moi que tu as un vide dans ta vie, et même si tu refoules la raison, tu sais que c'est un homme qu'il te faut.

Elle semble réfléchir un instant avant de sourire et me dire.

- Ou une femme.

Elle me fait un clin d'œil et se tourne vers la machine à café.

- Maman !

Je traverse la pièce pour me retrouver près d'elle.

- Premièrement je suis hétéro, donc les femmes c'est non. De deux, je n'ai pas besoin d'un homme pour être heureuse.

- Tu n'acceptes pas l'amour pour une seule raison, tu as peur. Tu as peur de t'ouvrir de nouveau et de souffrir. Cela peut bien sûr se comprendre, après la relation que tu as eue avec Noah.

- Ne me parle pas de Noah.

Je sens mon corps se tendre à l'évocation de son prénom.

- Tu vois, tu te braques.

- Parce que Noah appartient au passé, je ne vois pas pourquoi tu parles de lui.

Elle s'approche de moi et pose ses mains sur mes épaules. Je vois dans son regard que ses paroles n'ont aucune mauvaise intention, elle ne fait pas ça pour me blesser. Elle est juste maladroite.

- Parce que depuis Noah, tu ne t'ai pas laissé une chance en amour, tu n'as pas ouvert ton cœur et tu n'a laissé personne t'ouvrir le sien.

- Je ne parlerais pas de Noah aujourd'hui, nous sommes le vingt-cinq décembre, c'est Noël et je veux juste profiter de ma journée.

Elle ouvre la bouche mais je la coupe.

- Non, le sujet Noah est clos et je ne parlerais pas de ma peur de l'engagement, comme tu le dis si bien.

- Maman ! Jess ! Vous avez bien dormi ?

Ma petite sœur me sauve en entrant dans la cuisine. Elle passe ses bras autour de ma mère, celle-ci me tendant maintenant le café de Caleb. Je m'éloigne discrètement et rejoins le concerné dans le salon.

- Voilà ton café.

- Merci.

Je lui tends sa tasse et quitte le salon sans un mot. Ma mère a le don de faire régner un froid plus glacial que celui dehors. 

Miracle de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant