Chapitre 23

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Je me sens complètement stupide. Bien sûr qu'il ne m'a pas attendu, c'est un homme après tout.

- Bonjour, puis-je vous aider ?

- Je...

Je ne trouve même pas mes mots, c'est vraiment bizarre de venir voir l'homme qu'on aime et d'être accueilli par une femme.

- Je voulais voir Caleb, mais je repasserais plus tard.

- Il est à la douche mais il ne va pas tarder, vous pouvez l'attendre si vous voulez.

Je ne sais pas pourquoi, mais entendre ces mots de la bouche d'une magnifique jeune femme me brise entièrement.

- Non... Je... Ce n'est rien. Merci.

- Vous êtes sûre ? Je peux lui dire que vous êtes passé ?

- Non, ce n'est pas la peine. Je repasserais.

- Vous êtes...

Je ne la laisse pas finir sa phrase et la coupe.

- Pressé, je suis pressé.

Je tente de lui offrir un sourire sincère, mais je sens que la rancœur se lit sur mon visage.

- Bonne soirée et bonne année.

Je ne peux pas lui dire qui je suis, ni la laisser dire à Caleb que je suis passé. Ce serait trop gênant pour nous deux.

- Bonne soirée.

Elle referme la porte quand elle me voit m'éloigner. C'était une erreur, une énorme erreur. Je ne connaissais pas tant que ça Caleb, il ne m'a jamais dit qu'il était libre. Son baiser et ses gestes voulaient dire le contraire mais il n'a jamais dit être seul. Il m'a simplement parlé de son ex, vaguement, mais c'est tout. Quelle idiote ! Bien sûr qu'un homme comme Caleb ne peut pas être célibataire. Je tire ma valise et remonte la route qui mène chez mes parents. Il fait froid et la nuit commence à tomber. Dans le train, ils ont annoncé une tempête mais je ne pensais pas qu'elle arriverait jusqu'ici, or, vu le temps et le ciel, elle ne va pas tarder. J'ai des frissons dans tout le corps, mes jambes ont du mal à avancer tellement elles sont gelées et mes mains tirant ma valise me font mal malgré mes gants me protégeant du froid. J'envoie un message à ma sœur pour lui demander de venir me chercher mais le réseau est pourri et le message ne s'envoie pas. Purée, quelle poisse. Je sens les larmes arriver mais je me retiens de pleurer. Il n'y a pas que le froid qui me fait mal au corps, un cœur brisé détruit tout. Je me sens faible, triste, mal et tout mon corps souffre. Je continue d'avancer mais la nuit tombe très vite et je fatigue. Après avoir parcouru la moitié du chemin, j'entends un moteur s'approcher derrière moi et des feux éclairer la route. Je m'arrête de marcher et lève le pouce pour demander au chauffeur de s'arrêter. Il arrive à ma hauteur et je me cache les yeux, éblouie par ses fards. La voiture s'arrête et la fenêtre se baisse.

- Est-ce que vous pourriez me déposer ?

- Bien sûr.

Sa voix. Je relève la tête et ouvre mes yeux en grand.

- Caleb.

- Monte, tu vas attraper froid.

J'aimerais lui répondre que je peux marcher et que ça va, mais non, je mets ma fierté de côté et ouvre sa portière. Il fait trop froid et si je fais encore quelques mètres à pied, je vais finir congelé. Je mets difficilement ma valise dans la voiture et referme la portière. Il fait tout de même meilleur ici et je sens mes jambes se détendre.

- Pourquoi marchais-tu au bord de la route, toute seule, de nuit ?

- Mon taxi ne pouvait pas me déposer plus loin.

J'invente bien évidemment un mensonge.

- Quel genre de personne abandonne une jeune femme au beau milieu de la nuit dans ce froid ?

- Mon taxi.

Je m'en veux car mon chauffeur était vraiment adorable mais je ne veux pas dire la vérité à Caleb. Je suppose que je me suis trompé aussi sur la soirée qu'avait prévu Caleb, il est sur la route qui mène chez mes parents, en l'occurrence, il fête le nouvel an là-bas. Sans sa copine qu'il cache à tout le monde. Je sens des larmes me monter, mais cette fois-ci, due à la déception et à la rage.

- Pourquoi es-tu de retour ?

- Je voulais passer le nouvel an ici.

Je n'ose pas tourner la tête pour le regarder, pourtant j'aimerais voir son visage, connaître ses réactions, savoir si comme moi, il est mal à l'aise. Mais je fixe la route.

- Tu n'es pas bavarde ce soir.

- J'ai eu une longue journée.

- Tu as pris le train ?

- Oui. Il a eu un souci.
- Comme l'autre jour ?

- Exactement.

Il rigole et je ne peux pas m'empêcher de tourner la tête vers lui.
- Qu'est-ce qui te fait rire ?

- Que tu ai vécu la même chose qu'à notre rencontre.

- Je ne trouve pas ça drôle.

- Oh ça va Jess...

Il semble vexé mais je le suis bien plus que lui, je suis tendu et cela n'arrange rien.

- Non ça ne va pas. J'ai encore été bloqué dans un train, il faisait froid, j'ai pleuré dans les bras d'une vieille dame, j'ai mal au cou, je ne sens plus mes mains, j'ai dû prendre un taxi car personne ne pouvait venir me chercher, j'ai dû marcher à partir de chez toi dans la neige, et j'ai froid, punaise il n'y a pas de chauffage ici ?!

Il dirige sa main sur le centre de la voiture et augmente la chaleur.

- Pardon, je n'avais pas remarqué que tu avais si froid et que la chaleur n'était pas au max.

- Ce n'est pas ta faute.

Il repose sa main sur le volant et ne dit plus rien. Je ne me souviens pas que le trajet pour aller de chez lui à chez moi était si long... Quand vais-je arriver ? Je ne veux qu'une chose, me mettre dans un bon bain chaud et m'isoler avec mes pensées et mes émotions.

- Pourquoi est-ce que tu as pleuré avec une vieille dame ?

- Pour des raisons qui ne te regardent pas.

- Jess, qu'est-ce qu'il se passe ? Je ne comprends pas...

J'ai envie de lui hurler dessus mais je ne dis rien et je fixe les lignes sur le goudron, tentant de retenir mes larmes.

- Jess.

- Caleb, s'il te plaît.

- Non Jess, il s'est passé quelque chose et je veux savoir quoi.

Je vois ma maison au loin et je prie pour que nous arrivions vite, plus rapidement nous y serons, plus rapidement cette discussion prendra fin.

- Parle-moi !

- J'ai été idiote Caleb !

- Pourquoi ?

Nous avons tous les deux haussé la voix mais sans crier.

- Parce que j'ai cru... J'ai cru que...

- Tu as cru que quoi Jessica ?

Nous arrivons devant chez moi et Caleb fait l'erreur de s'arrêter et de ne pas verrouiller les portes, ce qui me permet de sortir et couper court à cette discussion. J'ouvre violemment la portière et la claque de la même manière. Ma valise est lourde et m'empêche d'avancer vite. J'entends la portière de Caleb claquer et quelques secondes plus tard, il apparaît devant moi.

- Tu as cru quoi ?

- Laisse-moi passer Caleb !

- Non ! Pas tant que tu ne m'auras pas expliqué.

- J'ai cru que...

J'essaie de lui dire, mais les mots ne sortent pas, ils sont bloqués par son regard sur moi, ses yeux remplis de détresse et d'incompréhension. Il bouge la tête et je craque.

- J'ai cru qu'il se passait quelque chose mais je me trompais ! 

Miracle de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant