Chapitre 11

237 23 0
                                    

- Maintenant que nous avons offert les cadeaux, que nous avons bien mangés et récupérés de cette froide et longue journée, j'aimerais que l'on chante un peu.

- Maman ! Nous avons passé des heures à chanter hier soir, je crois que Tom et Caleb ne sont pas habitués et ne vont pas supporter une soirée de plus.

- Oh tout au contraire, j'adore ça.

Caleb sourit à ma mère, avant de se tourner vers moi mesquinement.

- Tu es pire qu'un diable, nous en avons pour des heures.

- C'est ça qui est drôle. Et puis ça nous permet de rester ensemble.

Soudain, je suis pétrifiée, je ne sais pas s'il parle de nous deux ou de tout le monde, mais je l'ai pris personnellement et je n'arrive pas à respirer normalement. Mes fêtes ne se passent pas du tout comme prévu ! Ma mère s'éclaircit la voix, et c'est parti.

- C'est la belle nuit de Noël

La neige étend son manteau blanc

Et les yeux levés vers le ciel,

A genoux, les petits enfants,

Avant de fermer les paupières,

Font une dernière prière.

Elle nous force à chanter avec elle le refrain et je fredonne tout juste, j'adore ce moment, mais je suis épuisée et j'aurais préféré parler un peu plus avec Caleb ou ma sœur. Mon père rejoint ma mère devant la cheminée et j'entends ma sœur prendre des photos avec son nouvel appareil. Les cliquetis ne s'arrêtent plus, je ne la regarde pas pour éviter qu'elle pose son objectif sur moi, mais quand ma mère me demande de la rejoindre, je suis obligée de passer par l'étape photo.

- Caleb, savais-tu que Jessica avait une très belle voix ?

- Maman !

- Elle a une belle voix d'ordinaire, et du peu que j'ai entendu dans les chants de Noël, il est vrai qu'elle doit avoir une belle voix.

- Jess, tu veux bien chanter pour nous ?

- Maman ! Je...

- S'il te plaît Jess.

Je reçois une demande de chacun et je me retrouve abandonnée au centre du salon, ma mère et mon père ayant rejoint le canapé près de ma grand-mère. Celle-ci me regarde, ses yeux brillent et son sourire me réchauffe le cœur. Mamie Abigail est toujours aussi belle malgré le temps qui passe. Son visage attendri mon cœur et je me laisse aller en entendant la chanson d'Ariana Grande commencer.

- When December comes, I bet you want to

Wrap me all up and take me home with you

See what I look like under them lights

We'll keep it quiet, whatever we do

I'm just tryna keep my baby warm through the wintertime

I'm just tryna give you something to remember through the summertime

And whatever is on your list, I'll do it

Boy, whatever it is, you know I'll do it

Merry Christmas, here I am, boy

Gonna love you, gonna give you all I can, boy

Merry Christmas, here I am, boy

I'm the present and you know it, here I am, boy

Je ne sais pas vraiment qui regarder en chantant, alors je pose souvent mes yeux sur ma grand-mère car son sourire me donne envie de continuer de chanter. Elle est si sereine et si heureuse que cela me donne envie de chanter encore plus avec le cœur et en souriant. Je l'aime tellement. Je regarde rapidement Caleb, qui a l'air d'aimer la chanson, même si je suppose qu'il ne doit pas écouter de la musique pop chaque jour et encore moins cette chanteuse. Cela dit, ma voix n'a l'air de déplaire à personne. Je finis la chanson et les applaudissements résonnent dans la pièce, je couvre mon visage de mes mains pour cacher ma gêne et retourne m'asseoir aux côtés de Caleb.

- Tu as une très belle voix.

- N'abuse pas.

Ce sont les derniers mots que nous échangeons de la soirée.

*

Encore une insomnie. Je pensais qu'après la journée d'aujourd'hui, le chant, les jeux de société et tout ce que l'on a fait, je tomberais directement dans les bras de morphée. Mais non. Il est quatre heures trente et je ne dors pas, mes yeux grands ouverts fixent le plafond. Je tourne sur moi-même en râlant, c'est la pire sensation, vouloir dormir, mais ne pas y arriver. Je tire sur ma couette et la remonte sur la tête, j'ai envie de hurler. Si j'étais seule dans mon petit appartement de New-York, ce serait très certainement ce que j'aurais fait. Mais ici, tout le monde dort, donc je dois me retenir. Soudain, je m'arrête. Et si je descendais ? La nuit dernière, ce choix m'a été utile et j'ai passé un moment sympathique. Mais peut-être que descendre une nouvelle fois est de trop, je ne veux pas avoir l'air d'une personne qui force, car cela n'a rien à voir. Je pourrais juste aller boire et remonter. Oui, voilà, je descends pour boire. Je me tourne sur le côté et grâce à la lumière de la lune qui passe par mes volets ouverts, j'aperçois le pull de Caleb. Qu'est-ce qu'il fait ici ? Je lui ai rendu il y a quelques heures... Je me redresse et pose mes mains sur le pull sans réfléchir plus longuement. Il est si doux et son parfum se répand sur moi quand je l'enfile. Ce n'est pas très bien de faire ça, il est un inconnu et je trouve une satisfaction à porter son pull. Ce n'est pas normal. Je ne réfléchis pas une minute de plus, mes pieds rejoignent le sol et mon corps quitte mon lit. J'ouvre discrètement ma porte et rejoins les escaliers que je descends lentement. Il ne faut pas faire de bruit, je ne dois pas être repéré. Être surprise une première fois en bas, c'était une coïncidence, une deuxième serait une ouverture de relation, du point de vue de ma mère. Et je ne veux pas qu'elle croit en quelque chose qui n'est pas réel. J'arrive à la moitié des escaliers et m'arrête, je le vois allongé sur le canapé, il dort profondément. Son torse se soulève et redescend lentement. Le feu de cheminée n'est toujours pas fini et illumine son visage. Il dort vraiment. Je ne cache pas ma déception et remonte les escaliers à contre cœur.

Miracle de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant