LXIII: Spectateurs du temps

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Point de vue Blue:

Tout n'était qu'une question de temps.
Un compte à rebours qui sans le demander, nous a tous offert un crochet du droit en pleine joue. Conan était avec lui dans le ring, et nous, nous tous, on ne pouvait qu'observer avec des yeux brillants l'échange des rivaux qui venait de commencer.
Une bataille à temps indéterminé, sans règle, et sans réelle justice non plus.

Chaque adversaire avait ses atouts, mais l'inégalité régnait dans le fait que Conan avait tout à perdre, y compris la vie, la capacité d'ouvrir les yeux, ressentir, bouger les doigts et de leurs extrémités toucher les textures et les visages.
La cruauté, elle, résidait dans le fait que ce compte à rebours était infatigable et sans faiblesse. Il était un bloc bien entier, où si l'on relâchait la garde, il nous brisait les poignets, et si l'on frappait pas assez fort, nous broyait les phalanges et fendait jusqu'à l'avant de notre bras sans fléchir, sans bouger un sourcil.

Cet ennemi, il était imbattable en un seul sens; car on ne pouvait le battre, mais on pouvait le combattre, lutter et se relever, tenter de tenir, jusqu'à ce que des mains nous tirent hors de ce ring où mon cousin se trouvait coincé. Un entre deux moments, un entre deux endroits, un entre deux mondes, et ce milieu était trouble. Un brouillard planait dans la salle, fait de la transpiration du boxer qui se tenait debout, face au compte à rebours, ayant commencé la lutte pour sa vie ou sa mort.

Et moi, moi je regardais. Chaque coup du compte à rebours atteindre le corps et l'esprit de l'inconscient. Chaque coup qu'il envoyait à Conan lorsque le chiffre des secondes grandissait et que l'onde de choc m'atteignait de plein fouet. Il fit des enchaînements, ça devenait des minutes, qui se rassemblaient sans pitié et formaient des heures, alors que je ne pouvais même plus regarder le match se dérouler.

J'avais appelé les ambulances à 1h39 du matin, ils sont arrivés 4 minutes plus tard avec la police. Ils ont embarqué tout le monde et nous ont posé les mêmes questions chacuns notre tour. On est sorti vers 5h du matin, et on a couru à l'hôpital.
Tous les visages étaient graves et fatigués -enfin Jaden lui il était bourré alors il dormait mais bref - Anthony fixait son écran d'accueil en attendant que son frère Denis lui annonce que Conan sortait des soins intensifs, souriant et avec plein de points d'exclamation dans son message.
Billy avait la jambe qui tremblait en changeant presque tout le temps de position dans le uber et soufflait régulièrement, on aurait dit une bête dans un enclos trop petit enfermée depuis des heures.

Une fois à l'hôpital, on ne pouvait qu'attendre dans un couloir pour Conan. Alors en attendant on était allés voir Bryce, un étage au dessus. Josh et lui riaient sur une blague débile quand on est arrivés. Leur fou rire qui résonnait à mesure qu'on avait ouvert la porte avait détendu l'atmosphère et engagé dix minutes de rire où on avait tous oublié que l'écho de leurs rires frôlaient les murs du bâtiment dans lequel ils se trouvaient.

À 7h du matin, Conan était toujours en soins intensifs. Ne pouvant entrer, tout le monde se réparti sur des chaises dans le couloir ou avec Bryce dans sa chambre, et ils tentèrent de dormir, au moins reposer leurs corps, après des heures éprouvantes.
Anthony ne dormait pas, Billy avait réussit à s'endormir après avoir prit un de mes somnifères, Jaden lui dormait la bouche ouverte et Denis et moi avions prit un café. La fatigue était là mais le sommeil nous fuyait, alors on a prit de quoi tenir un peu mieux.

La nuit, ou plutôt la journée, fut longue.

À 16h, on nous annonça que Conan sortait de soins intensifs, qu'enfin il allait être mis dans une chambre et qu'on pourrait rester près de lui, seulement la famille en tout cas. Josh ramena Jaden à la Sway House et je m'installai avec mes cousins dans la chambre de Conan. On a baissé les volets pour laisser un peu de luminosité et allumé le ventilateur, et je me suis endormie vers 17h30.

Relearn to smileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant