CHAPITRE 10

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Dans la peau de Fatou (la mére de Diarra)

Je suis seule à la maison. Mon mari est parti au travail et Diarra est sortie avec Fatima. Depuis quelques semaines, ma relation avec ma fille est quelque peu tendu. Elle ne comprends pas que je fais tout ça pour son bien.

Ma vie n'a jamais été facile. Je viens d'un petit village de Ziguinchor. J'étais l'aînée d'une fratrie de neuf enfants. Mes parents étaient très modeste, mon pére était cordonnier et ma mére vendait du "fondé" (de la bouillie). Je me souviens que parfois, ils penaient à joindre les deux bouts. Quelques fois ils se privaient de nourriture pour nous permettre de manger. Nous vivions simplement.

Mais tout a basculé lorsqu'il y'a eu un incendie dans le marché. L'atelier où travaillait mon pére à été complètement détruit, le mettant ainsi au chômage.

Celà fut une période extrêmement difficile pour nous, car malgré tout ses efforts mon pére ne réussit pas à trouver d'autres emplois que ce soit en cordonnerie ou autres choses. Quant à ma mère, ses revenus étaient insuffisant pour satisfaire à nos besoins, alors elle a commencé à vendre des légumes au marché, en plus de la vente du "fondé. J'ai du quitter l'école et me mettre à travailler pour aider ma famille et celà à l'âge de douze ans. Je vendais du café "Touba" et des beignets. Je ne voulais pas que mes frères et sœurs abandonnent également l'école.

Quelques temps plus tard, mon père a finalement trouvé une alternative. Il aidait les femmes à transportait les marchandises achetées au marché pour quelques pièces.

Comme nous vivions dans une grande mais simple concession ( Keur bou makk) avec toute notre famille, nous étions souvent victimes de moqueries et d'humiliations de la part des autres membres de la famille. Très souvent, lorsque les hommes de la maison se réunissaient , l'avis de mon père était tout simplement non prise en compte ou alors par ses propres fréres.

Ou encore ma pauvre mére qui était souvent critiquée et victime de moquerie de la part de mes tantes ( épouses et sœurs de mes oncles). Parfois je l'entendais pleurer dans sa chambre.

Sans oublier mes cousins et cousines qui nous intimidaient mes frères et moi, se sentant supérieure à nous. Eux également se moquer de nous, allant parfois jusqu'à nous brutalisé physiquement.

Cette situation a continué jusqu'à l'âge de mes dix neufs ans, à cette époque beaucoup de mes cousines étaient déjà mariées ou mères de famille. J'aurais pu me retrouver dans leur situation, car mon père avait déjà reçu la visite de bon nombre d'hommes âgés ou jeunes venus lui demander ma main. Mais ne me sentant pas prête pour celà, j'ai toujours refusé et mon père respecta cela.

Un jour, je reçus la visite de l'une de mes amies. Elle me parla de son intention d'aller Dakar car elle voulait des opportunités pour évoluer dans la société. Elle me parla des travails existant à Dakar et de tout ce qu'on peut gagner. Je me rappelle que cela avec provoquer un déclic dans ma tête. Moi aussi je voulais changer la situation économique de ma famille.

La nuit tombée, j'en ai parlé à mes parents qui avaient catégoriquement refusé cette idée. Ils se refusaient à laisser un de leurs enfants partir aussi loin, sans compter que l'on avait aucun proche vivant là-bas. Je me rappelle que j'ai eu énormément de mal à les convaincre. Je n'y serais jamais arrivé sans l'aide de mon amie Aby et de ses parents qui ont proposé de m'héberger, car eux aussi partaient.

Je suis arrivée à Dakar avec l'espoir de trouver du travail rapidement. Mon Dieu j'étais tellement naïve. Après des mois à chercher du travail administratif dans de nombreuses entreprises, j'ai finalement compris que je devais rester à ma place vu que je n'avais pas pu continuer mes études et que je n'avais pas l'expérience professionnelle nécessaire pour exercer certains postes. Alors j'ai finalement pu décrocher un travail au sein d'une banque en tant qu'agent de propreté et d'hygiène. C'était un travail harassant mais nécessaire, car le peu que je gagnais je l'envoyais à ma famille pour les aider un peu.

Amour InconditionnelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant