La Magie des Contes (1)

Drôle de rêve...

Minuit sonne, je n'arrive pas à dormir. Le tintement des aiguilles qui tapent contre le verre de l'horloge, me rend folle mais je suis beaucoup trop petite pour l'attraper.

   Je me retourne dans tous les sens, mes pensées n'arrivent pas à dériver sur quelque chose que j'aime. Je plaque mon oreiller contre mon visage dans un excès de rage.

    Je finis par repousser mes couvertures et de marcher dans ma chambre. Une bonne heure après, je sens la fatigue me bercer. Je me glisse sous les draps frais de mon lit et m'endors, pour la première fois, rapidement.

***

Les doux rayons du soleil viennent me chatouiller le visage de bon matin. En tant que bonne flemmarde, je me rendors mais un cri me réveille en sursaut. Mes yeux peinent à s'ouvrir, je lutte contre l'envie de finir ma nuit. Des formes floues défilent derrière mes paupières mi closes, mon cerveau peine à réfléchir à ce qu'il m'arrive.

  Soudain, des rugissements de stupeur et de crainte se font entendre près de moi.

    Attendez. Des rugissements ?

   J'ouvre définitivement les yeux pour apercevoir une créature assez spéciale assise devant moi.

- Ahhhhh ! hurlé-je à pleins poumons en me relevant plus vite que je ne l'aurais cru.

- Aimable, ronchonne la chose qui était devant moi.

Je ne suis pas une experte des mythes grecques mais j'ai assez vu Percy Jackson pour reconnaître les créatures qui m'entourent. Des faunes, des elfes, des nains, des centaures et d'autres animaux de toutes sortes. Je nage en pleine folie ! On me scrute de tous les côtés. Je dois faire peur avec mes cheveux en pétard et mon pyjama Spider-Man. J'étais si fatiguée la veille que mes rêves me font perdre la tête.

   Ma peur me fige sur place. Le soleil en pleine face et les bruits forts me font angoisser, je préfère encore l'alarme virulente d'un réveil humain.

- Comment avez-vous fait pour venir ici ?

   Un Minotaure s'approche avec un air menaçant. L'idée de me faire piétiner même dans un rêve me donne la force de fuir. Sans comprendre vraiment ce qu'il m'arrive, je pars en courant dans la direction inverse du groupe.

Mais le même homme qui m'a accueillie un peu plus tôt dans la journée me rattrape avec une vitesse phénoménale. Il m'attrape et me transporte sous son bras musclé.

- Lâchez-moi ! Ce rêve est beaucoup trop réel, je peux ressentir mes côtes se broyer, je gémis en me débattant comme une lionne.

- Ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici, dit une voix suave.

À ces mots, tout le monde met un genou à terre, le minotaure qui me tient me lâche sans douceur, je tombe violemment sur les fesses.

- Vous ne pouvez pas faire plus doucement ? je crache en direction de l'homme.

   Je crains que mon instinct de survie n'est disparu.

- Qui es-tu ? demande soudainement un animal.

Je me lève en époussetant mes vêtements. Ma tête se tourne en direction d'une tente plus grande que les autres et devant moi se trouve un magnifique lion doté d'une crinière de feu. Il inspire la confiance et la sagesse. J'ai un mouvement de recul tant il est impressionnant. À ses côtés, quatre enfants me dévisagent avec de grands yeux ronds ; faites que je me réveille rapidement.

Un grand jeune homme blond me regard de travers, main sur son pommeau d'épée, prêt à me décapiter ( j'avais l'impression ). Une jeune fille est à sa droite ; ses longs cheveux bruns flottent au vent, son visage est caché par son arc qui me vise dangereusement.

- Baissez vos armes, vous lui faites peur ! s'indigne une petite fille.

   Je me tourne vers elle, la fille est très jeune, je suis surprise par son aplomb. Elle porte un petit carré brun ainsi qu'un sourire chaleureux. Je lui adresse un timide sourire pour la remercier.

   Leur visage sont étrangement réaliste pour des personnes de mon imagination.

- On ne sait pas si elle est dangereuse. Vaut mieux rester sur nos gardes, renchérit un autre jeune homme.

Eh bien, je plains la mère s'ils sont frères et sœurs. Ses cheveux de jet cache un regard meurtrier. Je tripote nerveusement la manche de mon haut, ils sont les seuls humains dans cette prairie et pourtant, ils souhaitent me tuer sans savoir qui je suis.

    Ils doivent être importants si toutes ces personnes se prosternent à leurs pieds.

- Je t'ai posé une question jeune fille, susurre le lion.

- Ça ne vous regarde pas ! Et peut-on me dire où je suis ?

   L'impatience commence à me faire perdre les pédales. Je n'arrive pas à être pleinement consciente de ma présence ici, je reste assurée que j'ai créé un monde entier dans ma tête.

- Tu es à Narnia quelle question ! raille le noiraud à mon intention.

- Narnia ? Qu'est-ce ? Et vous, vous êtes qui ? questionné-je d'une voix curieuse.

- Je me nomme Aslan, fondateur de Narnia et le roi de ces terres.

Oh mon dieu. Je suis devant un roi ? Et je parle à un lion comme si de rien était. C'est étrange comme cette sensation de bien-être et de sécurité me submergent instantanément. Je n'ai pas beaucoup dormi, ma tête se fait lourde. Toutes les informations que je viens de recevoir en pleine poire me donnent la migraine.

- Pourquoi suis-je ici ? Cela doit-être un rêve.

- Non mon enfant, tu es bien réveillée, crois-moi. Une prophétie indique que la fille de la Sorcière Blanche aidera les fils d'Adam et les filles d'Ève à la combattre pour faire revenir la paix à Narnia.

Des cris de terreurs s'élèvent dans l'assemblée. Les quatre enfants me dévisagent, les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Je ris nerveusement. Je suis coincée dans un vieux roman de fantaisie.

- Écoutez, j'ai des parents à Londres, des études à faire, un avenir à créer alors ne me bernez pas avec vos histoires à dormir debout ! Vous n'existez que dans ma tête et dès que j'ouvrirai les yeux, vous allez disparaître à tout jamais.

- Xanacia Byrne, fille de Bruce Byrne et Élisa Cooper. Originaire de Londres,    étudie la littérature et est née le 14 octobre 1923.

   Je m'arrête nette en entendant ces mots. Comment sait-il ?

- Je te demande maintenant de bien vouloir me suivre. J'ai à te parler, m'ordonne Aslan en faisant un geste rassurant envers les enfants pour leur faire savoir que la situation était sous contrôle.

   Malgré moi, je sentais aussi que j'étais bien réveillée et que ce lion m'avait emmenée ici pour une raison précise. Et puis, si jamais les choses dérapent, je pourrais toujours revenir facilement dans mon petit appartement new-yorkais. Il n'a pas l'air de vouloir me dévorer, je décide de rentrer dans sa tête à sa suite.

   Les quatre enfants me regardent faire sans broncher. Le noiraud semble terrifié mais je ne fais pas attention plus longtemps. Je veux en finir et au plus vite.

   Mais ce que je ne savais pas, c'était que cela allait changer ma vie à tout jamais.

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