La Magie des Contes (1)

La guerre

Un vent frais me réveille, mes yeux sont rougis par mes pleurs incessants de cette dure nuit. Le corps d'Aslan trône toujours sur la table de pierre. Lucy dort profondément, nous étions si fatiguées et bouleversées hier soir que nous nous sommes endormies sur son cadavre encore chaud. Je pousse légèrement ma sœur pour qu'elle se réveille, celle-ci a le réflexe de vérifier si ce n'était qu'un cauchemar.

- Il faut y aller, dis-je en direction de Lucy, encore sous le choc.

- J'ai froid.

Je la prends par la main et la serre contre moi pour la réchauffer, l'hiver est toujours présent. Nous marchons quelques mètres quand soudain un bruit effroyable raisonne derrière nous qui nous fait tomber par la même occasion.

- Susan ? interpelle Lucy en regardant à l'endroit du bruit.

Nous regagnons d'un pas vif la table où se trouvait Aslan un peu plus tôt, celui-ci n'y est plus ! Au lieu de ça, la pierre est brisée, comme si un miracle est apparu.

- Où est Aslan ? demande ma petite sœur.

- Que s'est-il passé ? interrogé-je, surprise.

Au même moment un rayon de soleil éblouit l'arche devant nous. Et l'impossible se réalise, Aslan. Le roi est fièrement posé sur ses quatre pattes, cerné par les éclats du soleil du matin.

- Aslan ! crions toutes deux, pleines de joie.

On se précipite dans sa belle crinière de feu dans une étreinte des plus réconfortante, les rires illuminent nos visages sombres d'autrefois. Pourtant une question me brûle la langue :

- Nous avons bien vu le couteau !

- Si la Sorcière connaissait le vrai sens du sacrifice, elle aurait interprété la magie autrement, explique calmement le lion. Lorsque un innocent consentant est tué à la place d'un traître, la table de pierre se brise et la mort elle même fait demi-tour.

- Pourtant Xanacia n'est pas une traîtresse ! s'offusque Lucy.

- D'un sens elle a abandonné Narnia, son peuple. Pas de son plein grès mais c'est considéré comme de la trahison.

- On a répandu la nouvelle de votre mort. Nos frères et Xanacia sont partis en guerre, m'alarmé-je.

- On doit les aider ! souffle la brune en sortant son poignard de sa    poche.

- Nous les aiderons mais pas seuls. Montez sur mon dos, la route est longue et on a peu de temps. Bouchez vous les oreilles, ordonne Aslan avant de pousser un rugissement féroce qui fait trembler le sol sous nos pieds.

    Peter, Edmund, Xanacia, tenez le coup, on arrive.

***

- Feu ! ordonne Edmund aux archers présents derrière lui.

Un phénix de feu s'écrase dans les lignes ennemies, provoquant une bourrasque de flammes artistiques. Les soldats meurent sous nos yeux dans d'atroce souffrance, plusieurs fois je ferme les yeux de peur de m'évanouir. Ed restait près de moi depuis le début de la guerre, toujours fidèle à lui même il commande comme un vrai leader.

Avec mon arc je décime les quelques narniens ennemis qui s'approchent beaucoup trop près de nous. Les heures s'écoulent, aucune nouvelle des filles Pevensie, la fatigue se fait ressentir dans chaque corps de mes compagnons.

- Xana ! me hurle une voix.

Un minotaure se hisse sur la pierre où je me situe. Les mains encore occupées par un tigre, je ne peux pas me dégager à temps et Ed est beaucoup trop loin pour venir à mon secours.