24 - Passé, présent, futur

95 18 31
                                    

Hiver 2031


Il fut un temps où je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie. Je mettais un temps fou à décider quel pantalon je devais enfiler, je réfléchissais de longues minutes à quelle pâtisserie je devais manger – pour au final toutes les engloutir – et je me torturais l'esprit des semaines, des mois, pour savoir si tenir la main à Sora allait un jour cesser de me faire rougir.

Dix ans plus tard, j'ai la réponse : oui. Mes joues gardent maintenant leur blancheur quand les doigts de mon compagnon se posent sur moi, quand sa bouche s'aventure sur mon corps et même quand il me murmure des mots doux à l'oreille. Je ne suis plus le jeune Eli maladroit, mal à l'aise et timide. Je crois pouvoir dire que je suis devenu un homme, et qu'en chemin, j'ai perdu quelques traits propres au jeune garçon que j'étais.

Malgré tout, si mes joues ne subissent plus ma gêne, mon cœur s'emballe toujours de la même manière chaque fois que je vois Sora. J'ai l'impression que plus le temps passe, pire c'est. Je le regarde avec amour quand il s'accroupit à côté de notre neveu et lui explique comment faire une photo. Je le regarde avec admiration quand il fait classe à ses étudiants, à l'université, où je viens l'observer – j'aime écrire mes articles dans l'espace vert qui entoure cette faculté, j'en garde d'excellents souvenirs. Je le regarde avec envie quand il se déshabille pour me rejoindre sous la douche.

Chaque regard est différent, mais tous font trembler mon cœur de la même façon. Les années passent, mes sentiments ne faiblissent pas. Là où ma timidité s'est atténuée, mon amour, lui, s'est intensifié. Parfois, je me dis que c'est parce qu'en devenant adulte, je me suis moi-même trouvé, et qu'il m'est devenu ainsi plus simple d'être à l'aise avec moi-même. Et lorsque la gêne a disparu, j'ai pu observer Sora sans plus m'inquiéter, et voir un peu plus de sa beauté, un peu plus à aimer.

— À quoi tu penses ?

Je lève les yeux de la poitrine nue de mon amant à ses yeux sombres. Ses cheveux foncés s'étalent sur le blanc du coussin, et je ressens l'envie soudaine d'y passer mes doigts. Alors je le fais tout en répondant :

— À toi.

— C'était un truc coquin ? demande-t-il, malicieux.

— Je pensais à nous plus jeunes.

— Pas coquin, alors.

Je ris de sa déception. Il ne pense vraiment qu'à ça ! Enfin, je ne m'en plains pas, au contraire...

Je me rapproche pour lui montrer que mes souvenirs de notre enfance et de notre adolescence ne m'empêcheront certainement pas de faire l'amour avec lui ce matin. Un sourire se dessine sur ses lèvres, un que j'efface en venant l'embrasser.

Aujourd'hui, je n'attends plus qu'il vienne à moi. Cette époque est révolue. Je n'ai plus peur de rien, surtout pas de lui et de notre amour.

— Je me disais juste qu'on avait changé, dis-je contre sa bouche, tout en caressant sa peau.

— Tu es toujours le même.

— C'est faux. Je ne faisais pas ça avant, le contredis-je en caressant avec amour et sensualité la partie la plus intime de son être.

— Si, mais t'étais plus maladroit.

— Tu veux dire que j'étais mauvais ? m'offusqué-je faussement.

Je lui mords le cou en représailles, mais ça ne fait que l'exciter davantage. Sora me force à m'allonger sur le dos et vient se positionner au-dessus de moi. Là, il plonge ses yeux sérieux dans les miens, et de cette voix que j'ai toujours aimée, il me dit :

Les étoiles de décembre - Histoires bonusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant