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Je divague entre les rêves et la réalité. J'entends une voix. Des mains qui tiennent mon visage, et lorsque j'ouvre une petite fente des yeux, je vois une lumière blanche d'abord, alors que des gens sont penchés sur moi.
Je suis où, là ?

?? - Ma chérie. Il faut ouvrir les yeux, maintenant.

Un souffle chaud contre ma joue alors que le brouillard m'empêche de voir.

?? - Tu a encore tellement de choses à voir ici ...

Je plisse le nez, et tend le bras vers la présence en face de moi. 

__ M'man ... ? 

Je l'entends glousser. Son rire m'a manqué. Mais quand j'ouvre enfin les yeux, elle n'est pas là. A la place, il y a un type en blouse blanche avec son calepin. C'est un toubib. Il me fixe avec de grands yeux. 

__ Tu veux ma putain de photo ?

J'essuie les larmes dans les coins de mes yeux, puis me redresse en grimaçant. Maman n'est pas là. Il n'y a que lui, ce vieux babtou et son stéthoscope. 

DOCTEUR - Vous êtes réveillés ...

J'arrache tout les branchement qu'ils m'ont foutu. Les machines s' affolent, mais il leur suffit d'un coup de poing pour qu'elles se taisent, enfin. 

__ Je suis là depuis combien de temps ? 

DOCTEUR - 7 jours (silence) Est-ce que vous vous souvenez de se qi c'est passé ?

Je m'en branle. La seule chose que j'ai en tête, c'est la voix de ma mère, ainsi que la chaleur de sa peau contre la mienne. Je donnerai mon âme pour revivre ce moment.

__ Non...

DOCTEUR - Vous étiez en mission dans un autre pays. Une grenade a été lancer sur le tank que vous pilotiez. Vous êtes la seule survivante. 

__ J'ai quoi comme blessure ? 

DOCTEUR - Rien de bien grave. Une légère commotion cérébrale, ainsi que quelques côtes casser. Le choc de l'explosion vous a plonger dans un sommeil. Vous êtes vraiment chanceuse de vous en être sorti sans problèmes ...

J'aurai préféré crever, à vrai dire. Au moins comme ça, j'aurai été avec ma famille. Et pas assise là comme une conne. 

__ Où sont mes fringues ? 

DOCTEUR - Il faut encore que je vous examine avant...

__ Bin dépêche ton cul. J'ai pas que ça à branler. 

Pendant qu'il fait ses tests à la con, Assaf apparaît. Vêtu d'un survêtement du Barca, il nous observe sans bouger. C'est fou. On dirait qu'il tire H39 la gueule. Bref, le toubib m'annonce que tout a l'air d'aller bien, et que j'ai donc l'autorisation de partir. Arriver dans la salle de bain, j'enfonce cette vilaine robe d'hôpital à la poubelle, puis enfile les fringues qui son posés sur l'étagère. Un truc simple. Jogging, et tee-shirt ample qui tombe sur les hanches. Je glisse mes pieds dans des claquettes, puis e sort de la salle de bain. Assaf est encore là. Son regard croise le miens. 

ASSAF - Pas trop tôt. 

__ Tss me les brise pas déjà. J'suis pas d'humeur. 

ASSAF - T'es jamais d'humeur. 

5 mois après

Les entraînements et les combats ont repris. Je double de force, et d'imprudence aussi. Je m'en rend compte que maintenant, mais mon objectif depuis quelque temps est de me retrouver dans le même état que la dernière fois. Tout ça pour pouvoir revoir maman. L'entendre me parler de nouveau. C'est une torture, car j'ai l'impression d'être en train d'oublier le sons de sa voix. Je redoute que cela finisse par réellement arriver, alors je me met en danger. Sur le champ de bataille, je me jette presque sous les balles, les laissant me blesser, espérant être blesser assez grièvement. Et parfois, j'espère juste que l'une d'elle me tue. 

Mon comportement m'attire des ennuis, mais rien à foutre. Si je veux crever, c'est mon choix. Ca concerne que moi, et pas eux. 

 Aujourd'hui, il fait chaud comme dans un fourre. C'est horrible. Les gens se plaignent (moi y compris), mais j'arrive pas à quitter mon lit. Le soleil tape fort dans le ciel. Il doit être midi passé, j'en sais que dalle. Allonger sur mon lit deux places, je fixe le plafond blanc. Je m'emmerde grave. Je pourrais me casser. Aller en ville. Faire des trucs comme les autres. 

Après moultes débats intérieur, je lève mon cul pour aller m'habiller, et aller au C.C. J'y vais à pied. Il fait encore plus chaud dehors, et j'ai déjà envie d'abandonner l'idée de faire un pas de plus dans cet enfer sur Terre. Mais je suis à mi-chemin alors à quoi bon ? J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles, puis continue de marcher. Une chance que le trajet ne sois pas long. J'arrive vite. 

L'endroit est blindé de monde. Des filles me dévisagent, alors que des mecs se retournent dur mon passage, comme des chiens. Je suis assise à un grec en train de graille tranquille, et là t'a un mec qui viens s'asseoir en face de moi. 

__ C'est occupé 

?? - Par ton shab le jnoun ? 

Il se crois marrant ce con ? Je lui lance un regard.

?? - Mdr je m'appelle Samir

Je l'ignore. C'est mieux.

SAMIR - De base quand on fait les présentation faut dire son prénom en retour. 

Il se penche sur ma table pour mieux me regarder.

__ Tu ferais mieux de dégager frère. J'suis grave pas d'humeur à supporter des cons dans ton genre. 

SAMIR - Oulah. T'a l'air de mauvaise humeur. 

Il ricane. Je suis à deux doigts de lui enfoncer mon poing dans sa gueule de sourit. Avec son grand nez, et ses dents en avant. Il est vraiment à gerber, c'est horrible. 

__ C'est ta tronche qui me met de mauvaise humeur. 

Je sort mon tél, et pointe l'écran noir vers son visage. Il fronce les sourcils.

__ Regarde la gueule que t'a, putain. Tu devrait même pas aller draguer des meufs avec cette tête. 

Il perd de l'assurance.

__ La confiance en sois suffit pas pour pécho. Faut un minimum de beauté, et toi t'a que le brevet dans ce domaine, rien de plus. 

Et il fuit en marmonnant. Je le vois aller s'asseoir avec son groupe de shab au fond du grec. Il évite mon regard, et s'emporte quand ses potes le questionnent. Enfoiré de souris. 

Après avoir fini de manger, je traîne un peu dans le C.C, histoire de voir à quoi il ressemble, et quel genre de magasins il y a. Rien ne m'intéresse vraiment, alors je décide de m'en aller. 

Avant d'enfoncer mes écouteurs dans mes oreilles, j'entends des ricanements dans mon dos. Je cala pas, et continue de marcher. Sauf que .... 

Tali, Orpheline Militaire : What doesn't kill me,  I'll kill you with itOù les histoires vivent. Découvrez maintenant