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Déboussolé, je quitte le magasin presque en courant.
Des flash. Des souvenirs massaillent violemment le cerveau, et rien n'est plus douloureux que ça.
Il faut que je parte loin d'ici. Je peux pas rester une seconde de plus. Arriver dans ma voiture, je pousse un hurlement en cognant mon volant avec force, puis fond en larmes.
Cest donc Imma qui a survécu. Ma petite Imma. Celle qui adorait Taher plus que tout au monde, mais qui se réfugier dans mes bras le soir quand elle faisait un cauchemar.
Le bébé que j'ai bercé, que j'ai nourrit... Elle est là.

Je me laisse aller, le visage dans les bras, puis fini par me calmer. Qui est cette fille ? Elle aussi, j'ai l'impression de l'avoir déjà vue. Et je déteste cette impression que connaître des gens.

Je me frotte les yeux, renifle, puis fixe le vide avant de regarder le siège arrière par dessus mon épaule. Merde. Moussa et Raphaël. Je ne vais pas les laisser rentrer à pied. Il faut que j'y retourne.
J'y vais, à contre cœur en marchant vite. En pénétrant dans le magasin de jouer, j'entends le micro de l'accueil qui graisi, et mon sang se glace dans mes veines quand j'entends la caissière dire :

CAISSIÈRE- Tali ! Moussa et Raphaël sont à l'accueil. Ils n'attendent que vous.

Je retiens mon souffle.
J'espère que Imma est déjà partie, et qu'elle n'a rien entendu. J'ai envie de tout, sauf de retrouvailles gênantes avec une sœur que j'ai perdu de vue depuis dix ans.

L'accueille est au fond à droite. De là où je suis, je vois Raphaël qui tapote l'épaule de Moussa qui pleure à chaudes larmes. La caissière essais de le rassurer, mais il ne s'arrête pas. Mais ils ne sont pas seuls malheureusement. Imma et la brune aussi sont là. Avec leurs achats en main, ils regardent Moussa pleurait.

RAPHAËL- Mdame Tali...!

J'attrape Moussa par le coude et le traîne derrière moi, en évitant de croiser le regard de Imma. Raphaël nous suit en sautillant.

RAPHAËL- Je t'avais bien dit qu'elle allait revenir !

Moussa essuies ses joues, sourit, puis glisse secrètement sa main dans la mienne. Pour cette fois, je le laisse faire. Il a du avoir peur en cherchant sans me trouver.
Alors que la sortie est proche, on me barre la route, une main contre mon épaule. C'est Imma. J'ai un mouvement de recule. Comme ci que je croisais un fantôme.

Maintenant que c'est plus clair dans mon esprit, je vois pourquoi elle était si familière pour mes yeux.
Elle est le portrait cracher de notre mère. Mêmes yeux. Même bouche. Même cheveux...

IMMA- Tali ? C'est toi ?

J’avale ma salive avec difficulté, serrant la main de Moussa dans la mienne.

IMMA- Je...

Ses yeux brillent. Elle presse mon épaule entre ses doigts frêle, alors que ses joues sont rouge.

La brune débarque et retire la main de Imma de mon épaule. Elle n'a plus rien de sympa. Ses traits sont sombre. Elle pince les lèvres, et tire presque Imma loin de moi. Mais cette dernière tente de résister.

IMMA- Shainez... C'est Tali, ta2entendu comme moi...

Shainez.
Ma cousine.
Putain de khra! C'est vraiment pas ma putain de journée ! Il va y avoir qui encore ensuite !? Maman ? Papa peut-être ?

SHAINEZ- C'est pas elle.

Mais elle sait que si.
J'attrape Raphaël de mon autre main libre, et le balance sur un coin de ma hanche, avant de sortir à toute vitesse sans rien dire aux deux autres.

C'est fou. J'ai l'impression d'être dans un rêve éveillé. Comme ceux qu'on fait lorsqu'on a de la fièvre. Tout me semble irréel. Plus je m'éloigne du magasin, plus j'ai envie d'y retourner pour serrer ma sœur dans mes bras. Mais je me retiens.

RAPHAËL- C'était qui, mdame Tali?

__ Personne.

RAPHAËL- Je crois quelle te connaissait. Elle nous posait des questions.

Je les fait grimper sur le siège passager avant de claquer la portière. Mes mains tremblent.

__ Du genre ?

RAPHAËL- Ton nom de famille. Si on était tes enfants...

Ouf. Une chance qu'ils ne connaissent pas mon nom de famille. Mais bon. Ça ne sert pas à grand chose non-plus. Imma a bien vue que c'était moi. Tali. Sa grande-soeur. Elle n'est pas stupide non plus.

RAPHAËL- En tout cas, elle était très jolie.

Nous rentrons au centre bredouille. Raphaël et Moussa cours négocier avec Assaf pour qu'il leur achète tout les jouets qu'ils ont trouvés dans le magasin, pendant que je me rend à la salle de boxe.

Me défouler me fera du bien.

Plus tard

Je ne descend pas pour dîner ce soir. J'ai l'appétit couper. La boxe m'a épuisé, mais ne m'a pas changé les idées. Je continu de voir et revoir Imma. C'est fou comme elle a grandi. Et c'est encore plus fou que je n'ai pas été là pour la voir faire.

J'ai sûrement raté pas mal de choses. Si mes calculs sont bons, elle doit avoir 9 ans aujourd'hui. C'est un bel âge. J'aurai aimé être là pour la soutenir dans les choses qu'elle va traverser dans le futur. L'adolescence surtout. Là où personne n'a pu me soutenir et être mon mentor alors que j'étais perdu dans un tourbillon de questions sans réponses et de haine.
J'appuie mes mains contre mes yeux en soupirant fort par le nez.
Quelqu'un frappe à la porte. C'est Assaf. Pas besoin davoir des super pouvoirs pour le savoir.

__ Dégage.

ASSAF- Hm. Je savais que taller dire ça.

__ J'suis sérieux. Barre toi. J'ai pas envie de voir ta tronche !

Alors que je vois la poignet bouger, je saisi ma godasse au sol, et lève le bras, prête à le jeter. Mais c'est la tête de Moussa qui apparaît dans l'entre baillement. Je laisse ma chaussure glisser au sol immédiatement. Il apporte un plateau qu'il laisse sur un coin de mon lit avant de me sourire.

MOUSSA- Tiens. C'est bon, tu verra.

Il se tord les doigts sous mes yeux. Me touche la main, puis me souhaite bonne nuit avant de s'en aller. Assaf reste par contre.

ASSAF - Ils s'en veulent. Ils pensent que t'es en colère parce qu'ils ont insisté pour aller dans ce magasin de jouets.

Je fronce les sourcils, me sentant un peu coupable.

__ Quoi ? Non... C'est pas à cause d'eux. Ils ont rien fait.

ASSAF- Je sais. Mais c'est l'impression que tu leur donne.

On se fixe en chiens de faillance.

ASSAF- Trouve un moyen de leur enlever cette idée de la tête.

Et il part.

Tali, Orpheline Militaire : What doesn't kill me,  I'll kill you with itOù les histoires vivent. Découvrez maintenant