Quatre

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- Raconte-moi, Donghyuck.

Je me retins de lâcher un cri de surprise en le voyant assis au sol à côté de la porte, collé à l'un des murs du couloir. Il était là à me regarder, les jambes remontées contre sa poitrine et ses coudes posés sur ses genoux. Son visage était levé vers moi, ses yeux fixaient les miens, c'était blessant. Il me manquait.

- Te raconter quoi ?

- Fais pas l'idiot... Depuis que Lee Sooman nous avait informé du groupe tu tenais plus en place tellement t'étais heureux d'enfin débuter, même si on se retrouvait ensemble. Aujourd'hui aurait dû être le plus beau jour de ta vie, mais il ne l'est pas. Pourquoi ? C'est quoi cette nouvelle dont tu dois te remettre ?

- En quoi ça te regarde ?... On n'est pas amis Mark... Tu me le répètes même sans arrêt, que nous ne sommes pas amis et que je t'énerve tellement que s'il n'y avait pas de conséquences, tu quitterais SM.

- Tu veux vraiment pas me raconter ?

- A quoi bon, tu serais incapable de m'aider même si je te disais tout. Je vais dans ma chambre, à demain.

C'était fini. Il ne dit plus rien et me laissa m'en aller. Je me laissai immédiatement tomber dans mon lit et pris mon téléphone que je déverrouillai après deux tentatives. Evidemment que ce n'était pas la date de notre premier jour en tant que couple, il ne ressentait même pas ça envers moi. Ce n'était pas non plus la date de notre première dispute, puisqu'elle n'avait pas encore eu lieu dans cette réalité-là. Alors qu'une larme avait ouvert la marche, m'entraînant dans des pleurs étouffés, j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir.

- Haechan... Tu veux pas m'en parler ? Je ne trouverai pas forcément de solution, mais ça pourrait t'aider de te confier à quelqu'un...

C'était mon camarade de chambre qui m'avait soufflé ces gentils mots tout en s'asseyant à mes côtés, sur le bord de mon lit. Il passa simplement l'une de ses mains dans mes cheveux pour mes les caresser avec douceur, il était inquiet. Cela m'étonnait de le voir agir comme ça ; après-tout, nous n'étions pas resté très longtemps que tous les deux après que le groupe se soit formé, il n'avait donc jamais vraiment eu à me consoler, c'était toujours Jaemin qui s'occupait de moi sur ce point-là.

- Jisung...

- Hm ?... Je t'écoute Haechan-ie.

- Est-ce que...

Le silence prit place dans la petite chambre que nous partagions. Je n'arrivais pas à lui dire. Est-ce que tu me croirais si je te disais avoir voulu remonter le temps à cause de mon manque de courage, mais surtout que mon voeux s'était réalisé ? Il me prendrait pour un fou, moi-même si on venait me dire ça je penserais cela. Jisung se leva et prit quelque chose dans ses mains, c'était mon carnet, un petit carnet dans lequel je racontais les événements que je considérais comme importants dans ma vie, pour être sûr de ne jamais les oublier.

- Qu'est-c'que tu fais ? lui demandai-je, me redressant sur mon lit.

- Tiens, je pense que tu devrais écrire dessus, ça te ferait du bien.

Je pris alors mon carnet et le stylo quatre couleurs qu'il me tendait. Mon ami sortit de la chambre en me saluant, me confiant qu'il allait rejoindre Renjun dans la salle de danse, ils voulaient s'entraîner ensemble. Je ne répondis rien et restai immobile le temps de plusieurs minutes, j'avais comme un blocage. Je ne voulais pas voir ce carnet ; jusqu'où mes souvenirs étaient restés gravés sur ces feuilles beiges abîmées ? A quel endroit, à quel événement cela s'arrêtait-il ?

J'ouvris finalement mon si précieux journal à la première page, où j'avais marqué la date de l'acquisition de celui-ci, ainsi qu'une petite note où j'expliquais son concept. Je tournai la première page, et tombai sur le premier souvenir que j'avais écrit dans ce carnet. C'était ma mère qui me l'avait acheté, avant que je ne quitte la maison. Depuis, mes parents sont tous deux décédés. Quitte à me ramener dans le passé, la nature aurait mieux fait de m'amener aux côtés de ma famille... Un pincement au coeur fit surface lorsque je réalisai que les parents de Mark m'avaient eux aussi oublié, eux qui étaient si gentils avec moi.

Je continuai de tourner les pages, les une après les autres, curieux, intéressé, cela faisait des lustres que je n'avais pas relu les premières pages. Puis tout à coup, mon coeur rata un battement avant que mes mains ne ferment automatiquement le carnet. Comment... était-ce possible ? Pourquoi est-ce qu'il y avait marqué les récompenses que nous avions reçues avec Chewing-gum ? Et My first and last ?

- C'est quoi encore ce bordel ?...

J'ouvris à nouveau mon carnet, les sourcils froncés et la bouche entre-ouverte, je ne me rendais même pas compte de la tête que j'avais. J'étais simplement choqué, surpris, dans l'incompréhension. Je tournais les pages, une à une, repérant simplement les mots clés. J'avais arrêté de tout lire, je regardais simplement les dates et les titres quand j'en donnais. Jusqu'où est-ce que ça allait ? Jusqu'à hier ? Réellement ? C'était une preuve, une preuve contre le fait que je sois juste fou, que j'aie perdu la tête. Mais cela n'allait m'aider en rien pour retourner dans ma réalité.

- Mark...

Murmurai-je, les larmes me montant aux yeux. J'y étais, j'étais sur cette page, la dernière que j'avais écrite. J'y raconte la douleur que nous ressentons, lui et moi. J'y ai écrit les horreurs que l'on pouvait entendre ou lire, que l'on supportait jours et nuits. J'y ai marqué le courage dont fait, enfin, faisait preuve Mark. Merde, je pleure encore. Je suis vraiment obligé de toujours pleurer ? Je suis tellement faible, mon Canadien ne serait sûrement pas dans le même état que moi... Il trouverait une solution, lui...

- Rahhh allez Donghyuck, arrête avec ces mauvaises pensées.

Je me motivai et choisis finalement une couleur pour écrire, marquer cette journée. J'avais pris du rouge, cette fois. J'écrivais toujours en bleu, cependant, pour éviter tout mélange avec les anciens mots je vais changer. Hm... J'écris quelle date, du coup ? On va mettre les deux, c'est plus prudent.

Je commençai alors à écrire, à retranscrire ma journée, mon ressenti, mes peurs, mes angoisses, ma culpabilité.

Je finis avec ces quelques mots, que j'aimerais pouvoir directement annoncer à Mark.

« Tu avais raison, nous aurions dû les combattre, non pas les fuir. Je m'excuse, je m'en veux, mais je te retrouverai, et je te ferai découvrir à nouveau chaque chose que nous avons vécue. Je t'aime, Lee Mark.

J'espère te retrouver au plus vite,
signé Lee Donghyuck. »

A suivre...

𝐓𝐮𝐫𝐧 𝐁𝐚𝐜𝐤 𝐓𝐢𝐦𝐞 || ᴹᵃʳᵏᴴʸᵘᶜᵏ 🏁Où les histoires vivent. Découvrez maintenant