Je n'ai jamais parlé de ma raison pour laquelle j'ai déménager. Même au sein de ma famille, c'est un sujet très tabous. Nous n'en discutons pas et essayons d'oublier. C'était de ma faute, ce qui s'est passé. Je veux oublier, mais cela reste encré dans mon esprit comme si on me l'avait gravé au fer. A chaque fois que je suis seule, ma pensée divague et des sueurs froides sillonnent mon front quand j'y repense. Cette nuit là, je ne sais toujours pas ce qui m'est arrivé. Je ne l'ai pas compris et je pense ne jamais le comprendre. C'était horrible. Ça me hante. Je ne peux pas être sereine sans que cette fameuse nuit n'intervienne et me dévore mon bonheur de l'intérieur.
Je ne pourrais jamais en parler.
Après avoir pris un goûté chargé, je me fais couler un bain. J'admire les bulles prendre forme dans la marre d'eau qui augmente en enlevant mon tee-shirt, mon pantalon et mes sous vêtements. Je relève mes longs cheveux en un gros chignon précipité et pose mes mains sur le rebord de la baignoire en entrant seulement un orteil dans l'eau. Brûlante. Je ne sens plus la douleur depuis cette nuit-là, enfin je la sens mais elle ne me fait plus grand chose. L'eau était vraiment bouillante, même un homme robuste ne tiendrais pas plus de dix secondes dedans. Je m'immerge entièrement, mon chignons se défaisant et mes cheveux virevoltant au gré de l'eau, tel une sirène. De fines bulles s'échappent de mon nez, d'autres viennent se loger entre mes cils. Ma peu devient peu à peu rouge pivoine, la douleur me faisant du bien. Me punir était la seule chose que je pouvais faire pour me soulager. L'air commence à manquer, mes poumons se serrent, j'aggripe le rebord de la baignoire et tiens bon.
Soudain, la porte de la salle de bain s'ouvre. Ma mère se précipite sur la baignoire, voyant la fumée ardente qui s'échappe de la cuve. Elle plonge ses mains dans le liquide enflammé en poussant un cri de douleur et de peur à la fois, et m'attrape les bras pour me ressortir.
J'inspire profondément en portant ma main à mes poumons. Le coeur de ma mère bat la chamade quand je tente de reprendre mes esprits, mon cerveau endormi à cause du manque d'oxygène.
- Tu es folle !!! Crie t-elle.
Oui, je le pense aussi. En tout cas je vais le devenir.
J'éclate en sanglots, les larmes de ma mère se mêlent aux miennes, elle me prend dans ses bras. L'oreille contre sa poitrine, sa main caressant mes cheveux mouillés, elle fredonne la berçeuse qu'elle me chantait pour m'endormir quand j'avais peur du noir, d'une voix douce et rassurante. Et j'ai encore peur, mais pas de la même chose. J'ai peur de moi.
"Doucement, doucement
Doucement s'en va le jour
Doucement, doucement
À pas de veloursDans le creux des nids
Les oiseaux blottis
Se sont endormis"Oui maman, je vais m'endormir.
- Vas à cette soirée, amuse toi, vis. Je t'en supplie, pour moi.
J'hoche simplement la tête avec un fin sourire et elle m'embrasse le front avant de sortir. Je sors de la baignoire, mes pieds incendiés rencontrent le carrelage glacé de la salle de bain. J'enroule une serviette autour de moi et passe ma main sur le miroir pour enlever la buée qui le recouvre. En me regardant, je vois mes cheveux noircis par l'eau contraster avec ma peau assez blanche du fait du mauvais temps. J'essuis les marques du maquillage, il avait dessiné le trajet de mes larmes. Je sèche mes cheveux. Ma peau brulée est douloureuse quand j'enfile mes sous-vêtements ainsi que ma robe, simple, mais élégante. J'envoie mon adresse à Ethan par message.
Je laisse retomber mes longs cheveux derrière mon dos. Je me mets un fin trait d'eyeliner et du mascara. Je me trouve assez jolie ce soir.
Bats-toi Vic'. N'abandonne pas.
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This boy is bad. (And me too.) [FRANÇAIS]
Teen FictionVictoire, jeune lycéenne de 17 ans qui vient de déménager. Nouveau lycée, nouvelles rencontres, nouveaux ennemis, nouvelle vie. Elle ne se doute pas une seconde de ce qu'il va lui arriver dans ce nouvel environnement, ni de la rencontre qu'elle v...