II - Chacun son tour

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Ça allait déjà faire une semaine. Demain, cela fera une semaine que Pierre avait fêté son anniversaire et qu'il se retrouvait en road trip en caravane aux États-Unis avec Benjamin. Avec son amoureux. Ça faisait aussi une semaine qu'il assumait ses sentiments envers son meilleur collègue, sauf qu'il ne lui avouait évidemment pas. Et ça faisait un petit peu moins d'une semaine qu'il dormait dans le même lit que Benjamin, et surtout dans les bras de Benjamin.

Il s'était rappelé de son cauchemar. Il avait dans la journée précédent la nuit chaotique, beaucoup pensé à Kate, sa rupture, et ses mois de dépression. Et il en avait cauchemardé, il se souvenait très bien du sentiment de solitude qui ne le quittait pas lorsqu'il était seul. Cette impression qu'il ne recevra plus jamais d'amour, comme celui qu'il recevait de Kate lorsqu'ils étaient encore ensemble et heureux. Mais Pierre avait l'impression que Benjamin l'avait compris. Il ne savait pas comment son ami faisait pour le comprendre aussi bien, il lui semblait parfois qu'ils n'avaient même pas besoin de mots pour communiquer tellement ils avaient l'air connectés. Pierre ne saurait pas vraiment dire comment, mais lorsqu'ils s'étaient couchés la nuit suivante, il s'était de nouveau retrouvé dans ses bras. Il avait dû regarder Benjamin un peu bizarrement, avec une lueur d'envie dans les yeux, comme une demande silencieuse qu'il n'osait pas formuler, et Benjamin avait, sans faire aucune remarque, ouvert ses bras pour l'accueillir contre son torse. Depuis, chaque soir ils retrouvaient cette proximité qu'aucun des deux ne commentait. Et Pierre ne cauchemarda qu'une seule fois depuis, il ne s'en souvenait pas non plus, mais il s'était réveillé avec des caresses dans ses cheveux, et Benjamin avait eu un air inquiet sur le visage, sans qu'il n'ait rien dit pour autant. Ça permit en tout cas à Pierre d'avoir une excuse pour continuer à dormir contre lui. Et il en était plus que ravi. La journée cependant, ils faisaient comme si de rien n'était. Ils visitaient les lieux autour d'eux, voyageaient entre les villes, et avaient déjà testé deux cabanes dans les arbres pour le plus grand bonheur de Pierre. Il avait aussi appris plusieurs recettes différentes, grâce à son professeur talentueux qui donnait très envie à Pierre d'apprendre. Et ce soir, Pierre lui avait prévu une surprise. Enfin, il lui avait juste dit "ce soir c'est moi qui prévoit notre soirée de milieu de séjour!". Benjamin l'avait taquiné toute la journée, soit en le harcelant pour savoir ce qu'il avait prévu, soit en se moquant de lui en disant qu'un match de basketball ne l'intéressait pas. Et Pierre en avait joué, il avait rit avec lui, en cachant la petite angoisse qui résonnait au fond de lui. Il avait vraiment envie de réussir à lui faire plaisir, de réussir à lui transmettre toute sa gratitude pour tout ce qu'il faisait pour lui depuis le début.

Ils arrivèrent enfin à leur lieu pour la nuit, une troisième cabane dans les arbres, l'avant-dernière cabane du séjour. Pierre réussit à ce que Benjamin ne visite pas toute la cabane en le pressant, comme si quelque chose les attendait. Il lui demanda de lui laisser une petite heure pour finir de s'organiser et le laissa s'enfermer dans la chambre. Avec ce prétexte, Pierre se dépêcha de rejoindre la cuisine de sa caravane et de sortir ce qu'il avait acheté dans le dos de Benjamin. Il était pressé mais cuisina méticuleusement, il fallait qu'il réussisse sa mission de ce soir, pour que son chef soit fier de lui. Il réussit à finir pile dans ses temps, et alla rapidement enfiler la veste chemise de bûcheron que Benjamin lui avait offerte après le tournage bûcheron sur sa chaîne. Il adorait ce vêtement, en grande partie à cause de la personne qui lui avait donné. Il se regarda dans le miroir, respira un bon coup, et alla chercher Benjamin. Il toqua à la porte et l'ouvrit sur un Benjamin endormi, un livre sur le torse. Pierre le trouva encore plus adorable que d'habitude, et se fit violence pour arrêter de l'admirer dans son sommeil et le réveilla en l'appelant. Benjamin eut des yeux surpris en constatant qu'il s'était changé, et Pierre jura qu'il vit un éclat de fierté dans ses yeux, peut être même un rougissement au niveau de ses joues mais il en était moins sûr. Il l'emmena dans le salon de la cabane, où la table était dressée, les attendant. Benjamin ne put retenir une exclamation lui échapper quand il constata que Pierre avait cuisiné, pour eux deux. Pendant tout le repas, le cœur de Pierre ne fit que tressauter à chaque compliment que Benjamin lui fit sur sa cuisine, sur ses grilled cheese, et son cœur se remplissait de voir son amoureux content de lui. Ce sentiment était incroyable, et Pierre se dit que ça valait largement le coup de s'embêter à cuisiner 45min pour assister à cette scène.


" Dis Pierrot, c'est très bon tout ça, mais le champagne à côté on n'y a pas droit ?

- Non Ben, t'es impatient, le champagne c'est pour autre chose... lui répondit-il malicieusement, avant d'apporter le dessert,

- Un fraisier ! " S'exclama Benjamin, surpris.


Pierre ne put s'empêcher de lui faire un clin d'œil, et Benjamin ne rajouta rien, il ne se moqua pas de lui, pas comme dans les vidéos, et cette fois-ci Pierre était persuadé d'avoir devant lui un Benjamin avec les joues rougissantes. Il lui offrit son plus beau sourire et lui coupa une part. Le repas continua dans cette douce ambiance agréable. Benjamin le remercia à la fin du repas d'avoir cuisiné, et lui assura plusieurs fois sans honte qu'il avait excellé. Ce fut au tour de Pierre de rougir, il était gêné et se leva pour continuer la soirée :


" Viens Ben, je vais te montrer à quoi sert le champagne ! "


Benjamin le suivit en souriant, se demandant ce que Pierre pouvait encore cacher. Ils arrivèrent sur la grande terrasse de la cabane que Benjamin n'avait pas encore vu, et Pierre se délecta du visage surpris puis heureux de son ami lorsqu'il découvrit le jacuzzi qui s'y trouvait.


" Je me suis dit que ça avait dû te manquer dans le chalet et dans la cabane. Les deux fois t'as perdu le jacuzzi quand même ! Heureusement que je suis gentil et que j'accepte ce soir de t'y inviter ! " Se moqua Pierre en le bousculant de l'épaule.


Benjamin rit, et le remercia d'une petite voix presque timide avant d'attraper le maillot que Pierre lui tendait, l'ayant acheté en cachette dans son dos exprès, et ils allèrent se changer. Pierre retrouvait une définition du bonheur. Il était dans un jacuzzi, avec Benjamin, perché sur une cabane dans les arbres, aux États-Unis et servait un verre de champagne à son amoureux. Si ce n'était pas ça le bonheur, Pierre ne s'y connaissait plus. Il y eu un moment de silence agréable, avant que Benjamin ne reprenne la parole :


" Merci pour cette soirée Pierre, c'était très sympathique. "


Pierre tourna la tête vers lui, Benjamin regardait les étoiles, pensif, et Pierre admira une nouvelle fois son profil, Benjamin était vraiment beau. Il profita du fait qu'il n'avait pas le regard de son ami sur lui pour se confier, se mettant lui aussi à observer les étoiles :


" Tu sais Ben, c'est une façon pour moi de marquer le milieu du séjour comme je te l'ai dis, mais aussi et surtout de te remercier. Pour tout. Pour tout ce que tu fais pour moi, je remarque bien toutes tes gentilles intentions pour me rendre heureux, et sache que ça fonctionne plus que bien. Je suis tellement heureux d'être là avec toi. Je t'en suis infiniment reconnaissant, et je veux que tu saches que toi aussi tu mérites de profiter de ce séjour, t'es super attentionné je voulais te rendre la pareille. Merci Ben, tu comptes vraiment pour moi, et je peux aujourd'hui crier au monde entier que je suis heureux, à chaque instant depuis la semaine dernière, et ça fait très longtemps que ça n'avait pas été le cas. Et je te le dois. "

VERRECROCE - Un 5 novembre imprévuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant