VERRECROCE - Un 5 novembre imprévu

III - Un rêve devenu réalité

La chaleur de l'eau quand Pierre se glissa dans le jacuzzi l'aida à redescendre sur terre. Il poussa un profond soupir. Il était bien. L'homme brun à ses côtés sourit en remarquant les traits détendus de son collègue :

"C'est de loin le meilleur voyage de toute ma vie," constata Pierre, avant de tourner la tête vers Ben qui regardait les étoiles, et largement grâce à toi."

Les joues de Benjamin prirent quelques couleurs, au plus grand plaisir de Pierre, tandis qu'il lui répondait :

" Je m'en sors bien moi j'en profite aussi de ton cadeau d'anniversaire !

- D'ailleurs Ben, tu m'as dit que c'était ma caravane,

- Oui ?

- Tu ne l'as pas loué ?

- Bien sûr que non c'est ton cadeau ! T'es le propriétaire de la caravane, la paperasse était un peu galère mais je m'en suis sorti. Après je voulais pas que ça se transforme en contrainte pour toi donc je me suis renseigné, je te montrerai, j'ai trouvé une agence qui te permettrait de la laisser aux États-Unis et de la louer quand on rentrera en France. Mais sinon c'est aussi possible de la ramener en France par bateau ça sera comme tu préfères...

- Tu penses vraiment à tout Ben mais permets moi de te dire quand même que t'es un grand malade, gloussa Pierre complètement attendri par son ami qui n'avait clairement pas fait les choses à moitié.

-Au risque de me répéter, tu le mérites Pierrot", protesta doucement le concerné.

Pierre retourna dans la contemplation du ciel, son cœur rempli de joie et d'amour. Ce qui était sûr c'est que jamais de toute sa vie il n'oublierait ce voyage. Il n'y avait aucun doute possible, il vivait un des meilleurs moments de sa vie, et même s'il avait déjà dépassé la moitié du voyage, il était déterminé à profiter pleinement de la dernière partie avec Benjamin qui était maintenant plus seulement son meilleur collègue et ami mais surtout son amant. Une main douce attrapa la sienne, le coupant dans sa réflexion, et son sourire grandit encore :

"À quoi tu penses ?" S'enquit Benjamin.

Pierre tourna la tête vers l'homme assis à ses côtés dans le jacuzzi, vers celui qui était désormais son homme et lui offrit son plus beau sourire :

"Je vais avoir besoin de temps pour réaliser..." répondit-il simplement.

Benjamin n'ajouta rien, mais Pierre comprit facilement dans son regard qu'il l'avait compris et qu'il partageait son sentiment. Ils avaient déjà assez parlé aujourd'hui, ils s'étaient déjà assez confiés, et ils restèrent dans un silence agréable, dans une sorte de quiétude qui ne les quittait pas depuis qu'ils étaient ressortis de la chambre. Cette quiétude les suivit lorsque Benjamin proposa de sortir du jacuzzi avant qu'ils ne soient entièrement fripés. Elle était encore là quand ils se retrouvèrent de nouveau dans la chambre et que Pierre se rapprocha de Benjamin pour se blottir contre lui, et ceci sans aucune hésitation contrairement aux soirs précédents. Ce n'était clairement pas la première fois que Pierre avait besoin d'être dans les bras du brun pour bien s'endormir, mais cette fois-ci, leur étreinte était encore plus forte, elle avait une signification nouvelle pour les deux hommes. Benjamin le serra dans ses bras et embrassa les cheveux de Pierre en lui souhaitant bonne nuit. Le meilleur début de nuit que Pierre n'avait jamais vécu, le genre de bonne nuit qu'il avait longtemps rêvé. Pierre aurait pu s'endormir très rapidement au vu de la longue journée écoulée, des larmes qu'il avait versé, et surtout des fortes émotions vécues. Il était émotionnellement épuisé. Et il était surtout bouleversé. Pierre entendait le cœur de Benjamin battre sous son oreille tandis que le torse sur lequel il était à moitié couché se soulevait au rythme de la respiration du brun qui devenait de plus en plus régulière. Pierre n'avait absolument pas envie de dormir, ou plutôt il avait peur de dormir. Il avait peur que tout ceci ne soit pas réel. Cela lui paraissait tellement extraordinaire que Benjamin l'aime en retour et qu'ils soient véritablement ensembles. Pierre était terrifié à l'idée qu'à son réveil il découvre que tout cela était faux, et que cette idylle s'arrête. Pierre avait encore cette tenace envie que l'instant dure éternellement. Sa respiration dût le trahir car il sentit la main de Benjamin se glisser dans ses cheveux tandis que sa voix endormie s'éleva dans le silence de la chambre :

"Tu penses trop Pierrot, détends toi et repose toi, tout va bien n'est-ce pas ?"

Pierre hocha doucement la tête. Il allait se demander depuis quand Benjamin lisait aussi aisément dans ses pensées, puis il se rappela ce que son amant venait de lui conseiller. Il se redressa, juste pour déposer un bisou sur la joue du brun, qui rougit instantanément, puis il se repositionna à ce qui était désormais sa place préférée dans le monde entier et laissa le sommeil l'envahir. Il entendit un bâillement de Benjamin, et cela suffit pour l'apaiser complètement. Il était dans les bras de son amant, tout allait bien.