I-Joyeux anniversaire

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" Tu peux enlever ton bandeau Pierre."


         Il ne se le fit pas dire deux fois, et enleva son bandeau. Pour la troisième fois de la journée (puisse le décalage horaire considérer que c'est la même journée) Pierre dû s'habituer à la luminosité, qui était faible puisque la nuit tombait, avant d'apercevoir son rêve, matérialisé devant lui. Une caravane magnifique était garée face à lui, et Ben était posté à côté, le regardant avec un énorme sourire aux lèvres.


" Joyeux anniversaire Pierre !" Lança Benjamin


         C'était la première fois de la journée qu'il lui souhaitait son anniversaire, et même si tout ce qu'il avait préparé sous-entendait clairement que c'était pour l'anniversaire de son collègue, c'était significatif pour lui qu'il ne le dise que maintenant et ça le fut rapidement pour Pierre. Celui-ci était estomaqué. Benjamin, excité à côté de lui, lui prit naturellement la main pour l'emmener dans la caravane. Pierre était bloqué dans un état de choc. Il avait passé les dernières semaines plutôt franchement déprimé, il avait eu la tenace impression qu'il n'arriverait pas à retrouver son état de bonheur quotidien qu'il ressentait avant. Cela avait été très dur pour lui qui a l'habitude de sourire facilement. Il avait enchaîné les insomnies, les soirées à boire pour oublier. Parce que oui, que Pierre boive n'était pas une surprise, mais c'était tout de même très rare que l'objectif soit celui de se soûler pour faire disparaître le temps d'une soirée une tristesse infinie. Pendant un de ces jours de conséquente déprime, il avait même expérimenté une crise d'angoisse. Une seule, et ça lui avait suffit pour le marquer probablement à vie. L'avantage quand tu es déprimé, s'il y en a au moins un, c'est que tu es bien plus sensible à des petits moments de bonheur, des petits gestes, qui lorsqu'ils sont finis t'anéantissent d'autant plus, te rappelant que l'instant présent compte plus que tout. Pierre avait l'impression de vivre un tel moment, depuis le début de la journée, il n'avait plus l'habitude d'être aussi heureux, ses nerfs le lâchaient. Il était rempli de surprise et de bonheur, son corps en tremblait et il s'appuyait sur le brun qui lui faisait visiter la caravane. Il laissait échapper de temps en temps des "Ben", "C'est si beau" "j'adore", incapable de parler plus que cela. La caravane était plutôt classique intérieurement mais assez moderne, laissant une image globale très stylé aux yeux émerveillés de Pierre. Elle possédait évidemment une cabine pour conduire, non fermée au reste du véhicule, une cuisine simple mais bien équipée, une télévision, des sièges et canapés, un grand lit double, l'agencement de ces meubles pourtant simples et essentiels rendait le lieu incroyable pour les deux hommes, et Pierre se noyait en plein rêve. Il était perdu, il se sentait submergé par un sentiment enivrant, la joie très certainement.


"Elle est magnifique, souffla-t-il, tu l'as loué pour la nuit ? J'en reviens pas ! Suis-je en train de réaliser que t'as fait tout ça pour que je vive une partie de mon rêve et que je dorme dans une caravane aux États-Unis ?"


         Pierre souriait largement, et dire qu'il était heureux serait un euphémisme, mais la réponse que Ben lui apporta finit de l'achever :


" Pas une partie Pierre, je t'ai dit qu'on rentrait chez toi, j'ai pas menti, je l'ai acheté pour toi, elle est à toi, t'es propriétaire de cette caravane mon Pierrot ! "


         Les jambes de Pierre le lâchèrent et il s'effondra sur le canapé. Des larmes de joie coulaient sans s'arrêter de ses joues, il tremblait de bonheur. Lui qui pensait qu'il ne connaîtrait plus la joie pure, et débordante. Et il se retrouvait là, aux États-Unis, dans une caravane que son meilleur ami lui avait acheté. En repensant à tout ce que faisait Benjamin pour lui, une pensée lui retraversa l'esprit, elle ne s'attarde pas, ému comme il était, mais il se promit d'y repenser : Ben, son meilleur collègue, son meilleur ami ou son quelque chose de plus? Mais comme avec Benjamin ce n'est jamais fini, celui-ci reprit une dernière fois la parole, cette fois-ci plus timidement :


" En fait j'ai pris tes deux semaines prochaines, pour faire un tour des États-Unis ensemble, je, je me disais si tu voulais qu'on pourrait même aller voir les cabanes dans les arbres que tu connais sur Instagram aussi. J'ai organisé ça avec Fred t'inquiète, t'as assez de vidéos en avance... Je me suis permis de faire ta valise aussi du coup. T'es pas obligé hein, mais je voulais t'offrir quelque chose de marquant, pour te remonter le moral, pas quelque chose que tu peux t'acheter seul, non j'ai réfléchi et en voyant tous les jours ton air triste et fatigue, je me suis dit que tu méritais des vacances, que tu méritais de prendre une pause et de vivre un rêve assez modestement peut être j'admets ne pas être capable de plus... Et puis le faire tout seul c'était le meilleur moyen pour que tu refuses ou que tu déprimes, j'te connais, alors si tu m'acceptes aussi dans ta caravane je veux bien t'accompagner... donc voilà, c'est mon cadeau Pierre, un road trip aux États-Unis en caravane, et euh ensemble, si ça te dit bien sûr" termina Benjamin, incertain, embarrassé, il avait encore au fond de lui cette peur que Pierre refuse et lui reproche d'aller trop loin.


         Cette perspective ne sembla pas avoir effleurée l'esprit de Pierre qui à la fin de l'explication hésitante de son ami, sauta sur lui, le serra fort dans ses bras, nichant son visage dans son cou en y cachant ses pleurs :


" Merci Ben, merci tellement, évidemment que j'accepte, je suis si heureux, si content de partir en road trip avec toi, oh Ben je t'aime tellement, tellement, tu es si parfait, merci, merci mille fois, merci " pleurait Pierre, incapable de réfléchir plus que cela à ses phrases.


         Benjamin le serra fort dans ses bras en retour, et ils restèrent longtemps dans cette position, au beau milieu de leur paradis, parce que oui, le rêve qui était initialement celui de Pierre s'était rapidement trouvé transposé aussi à Benjamin, il suffisait que Pierre en rêve pour que Benjamin le suive aussi, et cela Pierre aura tout le loisir de le comprendre dans les deux semaines qui allaient arriver...



---------FIN PREMIÈRE PARTIE---------

VERRECROCE - Un 5 novembre imprévuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant