Le projet "All Nature"

Chapitre 2

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–Mais... Derek ! Comment tu as pu te marier avec cette vieille folle ?

Il n'apprécie pas du tout le ton que j'emploie et je retombe en enfance quand il nous grondait, mes amis et moi.

–Je te prierai de garder tes mots pour toi sur mon épouse à l'avenir. Elle n'est ni vieille ni folle. Quand tu es partie, ça a été un vrai changement pour elle. On s'est rapproché et je suis tombé amoureux d'elle. Je ne suis pas homme à tergiverser avec les couples. Je lui ai demandé de m'épouser et elle a accepté. J'ai d'ailleurs été extrêmement fâché que tu ne prennes pas la peine de venir à notre mariage, rétorque-t-il d'un air féroce.

–Je n'ai pas été invitée.

–Je t'ai envoyé l'invitation moi-même à ta résidence étudiante, où tu vivais.

Il parait parfaitement sincère et comme dix ans auparavant, la culpabilité me submerge. Je suis sur le point de lui présenter mes excuses quand une information me frappe.

–Attends, résidence étudiante ? Mais y'a trois ans, j'avais déjà déménagé dans mon appartement, depuis plus d'un an et j'ai...

Prévenu ma mère. Oh la... Je serre l'un de mes poings, furieuse, mais je me contente de me taire et de fixer mes genoux un instant.

–C'est vraiment un terrible concours de circonstances, je te le promets. Je n'aurais pas manqué ton mariage... pour rien au monde. J'ai des différends avec ma mère, mais pas au point de ne pas venir le jour où elle est enfin heureuse depuis la mort de Papa.

Il hoche la tête et même si je compte avoir une discussion avec ma mère plus tard, je dois faire bonne figure.
–J'ai pris une chambre chez Milicent, tu pourrais me déposer là-bas pour les bagages ? J'irai voir Maman juste ap...

–J'ai annulé ta réservation tout à l'heure.

Je m'étouffe avec ma salive et Derek me coule un regard autoritaire.

–Je n'ai pas aimé quand elle a sous-entendu que tu avais un problème avec nous.

–Je ne voulais pas déranger Maman, mais bon, tu feras tampon.

Il soupire et s'engage dans son raccourci habituel pour rejoindre la ville. Il m'apprend que Maman a déménagé du taudis où nous vivions pour s'installer chez lui et qu'il y avait largement la place pour m'accueillir. Son téléphone sonne et il le met en haut-parleur.

– Je suis sur la route Tony.

Je cesse d'écouter sa conversation et je me penche vers mon propre téléphone. J'ai des messages de Pierre qui viennent d'arriver et je lui réponds que je l'appellerai dès que je serai installée. Le panneau de ma ville de naissance arrive enfin et le cauchemar se précise. Les vitrines des magasins sont les mêmes, les illuminations de Noël sont entrain d'être placées... Rien n'a changé ici. Rien du tout.

– Tony est toujours maire ?

– Il a été réélu l'an dernier avec une avance non négligeable sur son adversaire.

J'hoche la tête et Derek se dirige vers chez lui. Il habite dans une maison à vingt cinq minutes à pieds du centre ville au bout d'une longue allée verdurée.

– Il n'y a pas encore de neige ?

– Tu peux remercier le dérèglement climatique, raille Derek.

La maison de Derek se profile à l'horizon et mon coeur se gonfle un peu en la voyant.

–J'ai toujours aimé ta maison, lui avoué-je en posant mes yeux à l'extérieur. J'y passais plus de temps que dans la mienne d'ailleurs. C'était ma safe place quand j'étais ado. Je passai même par la fenêtre de la chambre de Luke parfois. Qu'est-ce qu'on peut être con quand on est ado ?