Chapitre 20

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J'ouvre la porte alors que la sonnette retentit une troisième fois. Ce n'est pas Pierre qui est derrière la porte mais Luke. Ce dernier a un bonnet enfoncé sur la tête, un blouson de cuir et un sac qu'il tient nonchalamment sur son épaule.

–Qu'est-ce que...

Il ne me laisse pas terminer. Il franchit le pas de la porte, laisse tomber son sac au sol et me prend avec force dans ses bras. Il me serre tellement fort qu'il m'en ferait presque mal. Son odeur m'envahit et pendant quelques secondes j'oublie tout.

–J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Il est où ?

–Je... Pardon ?

–Donne-moi son adresse.

J'écarquille les yeux et je le repousse pour le regarder. Luke est particulièrement furieux, je le vois à la prunelle de ses yeux.

–Attends... de quoi tu parles ?

–Ce fils de pute de français, qui te servait de copain, il est où ? grogne Luke.

–Ce... Tu parles de Pierre ?

–Non, du Président de la République, ironise-t-il. Bien sûr que je parle de ce fils de pute de Pierre qui t'a trompé !

Je suis totalement abasourdie et je ne réponds pas pendant quelques secondes qui paraissent interminable.

–Je... comment tu es au courant pour Pierre ?

–Tu m'as appelé Angèle.

–Je crois pas, non !

C'est au tour de Luke de me fixer bizarrement. Il sort son portable pendant que je repousse la porte d'entrée pour la fermer. J'entends ma voix quelques secondes plus tard et j'ai l'air totalement ivre.

« Je sais que tu t'en fous parce que tu m'as demandé de ne plus t'approcher mais... j'ai surpris Pierre avec une autre femme alors que j'allais chez lui. Il était entrain de la baiser... il doit encore être entrain de la baiser d'ailleurs. Est-ce que tu sais pourquoi c'est toujours sur moi que ça tombe ?Tu avais raison, je gâche toujours tout. J'ai jamais rien réussi comme relation dans la vie, que ce soit avec ma mère ou avec toi ou avec mes ex et le dénominateur commun, c'est moi. Putain de bordel, c'est toujours moi ! Je ne sais pas quoi faire. Tu ne peux pas imaginer quelle souffrance j'ai, là tout de suite. J'ai envie de mourir... je me déteste. J'ai tellement mal, pourquoi j'ai si mal... »

J'ai envie de me planquer. C'est incohérent, à peine prononcé comme une rombière alcoolique. Et pourtant ce n'est pas terminé. Oh bordel, dernière fois que je bois de la vodka. Chaque phrase est entrecoupée de reniflement.

« J'ai besoin de toi, Luke.Ne me laisse pas ici. Je ne veux pas être seule dans ce monde. Je veux être avec toi. Je t'en supplie, viens me chercher. Je... »

Luke arrête sa messagerie.

–Je te fais grâce du reste du message sur mon répondeur.

–J'étais bourrée, je suis désolée.

Je suis vraiment morte de honte et je tourne les talons pour me rendre dans mon salon.

–J'ai sauté dans le premier avion. J'ai même pas prévenu mon père. Je lui ai juste dit d'assurer le service du soir par message. Je vais peut-être perdre mon job, en tout cas, je vais me faire défoncer par mon paternel alors...dis-moi que j'ai pas fait tout ça pour rien. Que j'ai pas traversé un océan pour rien du tout.

Je fixe obstinément mes pieds.

–Qu'est-ce que tu veux que je te dise... je ne sais pas pourquoi je t'ai appelé, je ne m'en souviens même pas. Je suis désolée que tu aies pris l'avion comme ça sur un coup de tête.

Le projet "All Nature"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant