Numbers, I. Numéro 13

Chapitre 1

Novembre

Des jours, des années sont passés. A la fin, on ne se rend même plus compte que le temps passe. Tous les jours se ressemblent indéniablement. Je ne me rappelle plus de mon prénom, je ne sais pas exactement quel jour ni en quelle année nous sommes, je ne sais pas non plus si nous sommes toujours en Europe ou sur un autre continent quelconque... Je ne sais absolument rien ! C'est comme si ma mémoire avait décidé de se verrouiller, m'empêchant d'accéder aux souvenirs qu'ils me restaient. Je n'ai aucune réponse à toutes ces questions que je me pose et qui me rongent l'esprit.

De plus, maintenant je me fais appeler par un numéro, comme tous ceux qui sont détenus ici. Je suis donc numéro 13 et ça fait maintenant sept ans que je suis retenue captive. Cela fait déjà tant d'années que j'ai été amenée de force dans cet étrange endroit appelé "institut". Mais dans quel but et pourquoi moi ? Ça, je ne l'ai jamais su. Je subis quotidiennement des expériences hebdomadaires - injections, prises de sang, perfusions, tests psychiques et j'en passe - mais pour arriver à quel résultat ?

J'ai étudié les moindres recoins de cet institut pour pouvoir enfin sortir et revoir ma famille, mes amies, la chaleur du soleil me réchauffant, la pluie me gelant jusqu'aux os, mais en vain, il semble n'y avoir aucune issue... Aucune échappatoire.

Cependant il doit forcément y en avoir une ! Je dois à tout prix m'en aller d'ici, retrouver ma famille, qui m'attend sagement à la maison, au coin du feu. Je ne dois pas perdre pied, je n'ai pas le droit d'abandonner maintenant ! Je compte bien me battre pour eux et pour ma liberté.

*

Les seuls moments de la journée où l'on sort de notre chambre, c'est quand nous allons manger au réfectoire ou prendre nos douches dans les espaces communs - ou pour subir ces foutus tests bien-évidemment. Les lieux sont surveillés de partout, il est donc impossible de quitter la pièce sans être vu ou être assisté. Il suffirait de distraire les gardes mais reste à savoir comment, et essayer de les supprimer définitivement ne serait pas non plus la meilleure chose à faire, de plus, il suffit de faire une seule chose de travers pour qu'ils nous enferment dans la pièce. Il m'est donc impossible d'y arriver seul dans ce milieu hostile. Mais à qui faire confiance parmi les autres enfants, dans cet endroit des plus singulier ? En sept ans d'enfermement, j'ai l'impression de n'avoir parlé que brièvement à la plupart d'entre eux. Cependant, si c'est seulement l'avenir qui me le dira, autant leur faire confiance, quitte à heurter un mur en cours de route ! Je suis prête à tout pour me libérer de cette prison insupportable quitte à en payer les conséquences s'il le faut ! D'autant que, nous formons une sorte famille à présent et une famille ça s'entraide. Je ne les connais pas bien, au final, mais je sais que je peux y arriver, surtout si n°4 m'aide !

*

- Tu dis qu'ensemble, on pourra y arriver, mais qu'est-ce qui nous affirme que tout ce que tu viens de nous raconter est possible ?

- Ce n'est assurément pas sans danger mais c'est bien mieux que d'être détenue ici le restant de notre vie, vous ne croyez pas ? Ce n'est pas en attendant notre fin à tous, les bras croisés, qu'un miracle va se produire, c'est à nous de le provoquer ce miracle, vous ne croyez pas ? Demandé-je, les yeux pétillants, pleins d'entrain.

Personne ne semble convaincu de mon idée alors je décide d'ajouter arguments sur arguments dans l'espoir de pouvoir les convaincre. Je dois à tout prix réussir, je n'ai pas le choix !

- Imaginez-vous dehors, libres de vos choix, libres de vous rendre où bon vous semble et de manger ce qui vous plaît. Dormir dans un vrai lit avec des vêtements neufs et propres. Cela ne vous fait-il pas rêver ? Retrouver votre vie d'avant ?