Chapitre 18

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24 Janvier 20**, 15h08

Je suis partie chercher de l'eau dans le puits au fond du jardin quand un bruit m'interpelle, me sortant de mes pensées. Je cherche du regard la cause de ce bruit mais rien à l'horizon, je continue alors de remplir mes bouteilles d'eau. Le même bruit recommence mais il semble plus éloigné. Je finis de remplir mes bouteilles et parcours à nouveau du regard les horizons. Cette fois, je vois quelque chose, une silhouette, deux silhouettes. Je me mets sur mes gardes prête à riposter. Quand ces deux silhouettes sortent enfin des quelques arbres plantés dans le verger, je reconnais la longue chevelure noire de Giada et les cheveux grisonnants de Grégory. Je leur cours dessus, enlaçant Giada de mes petits bras et enfouissant ma tête dans sa poitrine. Elle me rend mon étreinte avec joie et me sourit. Ils sont enfin là. Je souffle un bon coup et m'écarte de Giada. Ils ont l'air d'aller bien mais semblent quelque peu dépassés par la situation.

- Où sont les autres ? Me demande Grégory.

- A l'intérieur, pourquoi ?

- D'accord, regroupez-vous.

- Que se passe-t-il ?

- Tout va bien, me rassure Giada avec un large sourire.

Je les suis jusqu'à l'entrée du château, mes bouteilles toujours à la main, où ils me laissent rentrer la première afin d'appeler mes frères et sœurs. Je laisse Giada et Grégory s'installer dans le petit salon vide pendant que je les appelle. Ils descendent et nous rejoignent au salon. A la vue de Giada et Grégory , je vois leur visage s'illuminer et leurs yeux briller de joie. Ils courent tous vers eux, leur sautant au cous en les faisant tomber sur le canapé juste derrière. Tout le monde rit et sourit jusqu'à en avoir mal aux joues. Une fois calmés, Giada s'installe dans un fauteuil. Avant qu'ils nous annoncent quoi que ce soit, je décide de leur demander quelque chose qui me trotte dans la tête depuis qu'on est ici.

- Vous êtes sûr qu'on a le droit d'être ici ? je demande.

Grégory opine de la tête avant de m'informer que c'est sa maison d'enfance. J'écarquille les yeux, surprise. Il n'y a aucune photo ici, je ne l'aurais jamais imaginé.

Grégory tient la main de Giada pour l'encourager à parler de je ne sais quoi, elle nous demande de l'écouter attentivement.

- Dans trois mois, nous devons partir, pour... toujours.

- Où ça ?

- Nous économisons depuis dix longues années, je pense que nous avons assez d'argent pour tous vous emmener en Australie.

- En... Australie ? Je répète.

- J'ai de la famille là-bas qui peut nous aider, continue Giada.

- Nous espérons aussi vous adopter, place Grégory, méfiant de notre réaction.

Tout le monde s'émerveille et crie de joie. Quant à moi, je reste muette, incapable d'avoir une réaction, les mots ne sortent pas. Je ne sais pas comment réagir, je suis heureuse et triste. Heureuse de bénéficier enfin de l'opportunité d'avoir une nouvelle vie, famille, maison mais affreusement triste de me dire que mon ancienne vie, elle, a complètement cessé d'exister, comme mes parents.

Giada se dirige vers moi, toujours son sourire bienveillant aux lèvres, elle a sûrement remarqué mon absence de réaction. Mais quand elle s'approche, elle pose simplement une main sur ma joue et essuie... une larme ? Je touche mon visage et remarque qu'il est inondé de celles-ci. Je ne m'en étais pas aperçue, je ne les avais pas senties non-plus jusqu'alors. Je les essuie maladroitement du revers de la main et souffle un bon coup.

Numbers, I. Numéro 13Où les histoires vivent. Découvrez maintenant