Chapitre 3

58 6 4
                                    

Novembre

Maintenant que tout le monde est enfin prêt à nous suivre, nous allons pouvoir organiser notre grande évasion ! J'ai tellement hâte que ça en devient stressant. Si tout se déroule comme on le souhaite, tout sera prêt d'ici un à deux mois - du moins j'espère. Pour l'instant, il nous faut prévoir des provisions, des vêtements de rechange et diverses choses, sans qu'aucun garde ne nous suspecte, sinon c'est terminé. Si seulement un adulte pouvait nous aider, cela rendrait la tâche moins compliquée, mais aucune communication avec le monde extérieur n'est envisageable et il est impensable qu'un garde souhaite nous aider ! C'est seulement une fois dehors que demander de l'aide sera possible, en attendant, on ne peut compter que sur soi-même.

Comme c'est l'heure du repas, nous nous installons dans la salle commune mais nous ne mangeons pas vraiment. J'observe continuellement le service des gardes depuis environ deux ans, c'est pourquoi à présent je le connais par cœur. Nous nous installons dans la salle, le garde attend que nous soyons tous assis avant de nous laisser pour qu'un autre garde ne prenne place. Il s'écoule environ trois minutes durant lesquelles nous pourrions éventuellement agir le jour de l'évasion. Seulement, cette durée est bien trop courte pour pouvoir espérer s'échapper vu notre trop grand nombre. Les issues se réduisent et nos chances de s'évader diminuent elles aussi. Les autres sorties sont, elles, soit inaccessibles, soit nous sont inconnues. C'est pour cela qu'il nous faut garder yeux et oreilles ouverts dans tous les coins et recoins de l'institut, nous pourrions ainsi espérer récolter quelques informations sur nos kidnappeurs qui agissent en secret sans jamais se dévoiler depuis le début. Il faut démasquer leurs identités afin de les dénoncer lorsque nous serons dehors, comme ça, plus jamais ils ne sépareront de pauvres enfants de leurs familles pour les réduire en rat de laboratoire. J'ai si hâte de revoir mes proches et de les serrer très fort dans mes bras ! Sentir leur odeur si apaisante, voir leur magnifique sourire lorsqu'ils m'apercevront et savoir comment ils s'en sont sortis sans moi. Si j'ai des petits frères et sœurs depuis le temps ou même un chaton comme ils me l'avaient promis pour mes douze ans. C'est pour ça que je n'abandonnerai jamais tant que je ne les aurai pas retrouvés, je ne m'arrêterais en aucun cas, même s'il m'en coûte la vie, je suis prête à tout pour retrouver ma paisible vie d'avant.

*

N°4 a réussi à s'infiltrer dans une des salles de surveillance de l'institut dans le but de recueillir un maximum d'informations, mais malheureusement, il n'a rien récolté, seulement quelques photos de nous. Comme tout le monde le sait, n°4 est le premier à avoir été emmené ici, et ce un an avant le second, il a par conséquent forcément vu ou entendu, ne serait-ce qu'une infime chose, pourtant, il refuse catégoriquement de retourner dans le passé et bloque ainsi sa mémoire, ce qui nous pose un certain problème. Même si nous respectons son choix, cela peut avoir des conséquences pour la mission que nous nous sommes donnée. Je me demande bien ce qu'ils ont pu lui faire pendant une longue année, alors j'espère qu'il sera bientôt prêt à nous aider à deux-cent pour cent parce qu'il ne faut en aucun cas échouer, de peur de ne pas pouvoir nous relever.

- Je suis désolé de n'avoir rien trouvé, s'excusa n°4. J'ai l'impression que je ne suis pas très utile...

Il sourit mais je sais qu'il est triste de ne pas pouvoir nous aider, néanmoins, j'estime qu'il ne nous aide pas autant qu'il le pourrait s'il le voulait vraiment. Toutefois, je ne dis rien car je sais qu'il a un lourd passé et que c'est compliqué, même si je n'en connais pas réellement les causes.

- Ce n'est pas ta faute, tu n'as pas besoin de toujours t'excuser tu sais ?

- Désolé... haha !

Nous explosons de rire et les larmes m'en viennent.

- Pas la peine de pleurer pour ça, dit-il ironiquement.

Numbers, I. Numéro 13Où les histoires vivent. Découvrez maintenant