Chapitre 17

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18 Janvier 20**, 08h36

Tout le monde est debout et profite du soleil matinal dehors sur des chaises, le laissant caresser doucement leur peau.

Je n'ai parlé à personne de la porte d'hier, j'en viens même à penser que tout ça n'était qu'un rêve, le fruit de mon imagination. Cette nuit, après avoir aperçu la porte entrouverte, je l'avais fermée et j'avais guetté d'éventuels signes d'intrusion aux alentours. Cependant, rien n'indique le moindre signe de vie. C'est pourquoi j'avais fait un tour rapide des chambres, m'assurant que ce n'était pas le shérif. Quand j'avais fini par vérifier la chambre de n°2 et n°3, le shérif n'avait pas bougé d'un poil. J'avais été rassurée et m'étais recouchée, oubliant le phénomène d'hier.

Toute la journée fut étrangement calme, le shérif n'a étonnamment rien tenté pour s'enfuir, il est calmement resté assis sur la chaise sans broncher. Je le soupçonne de quelque chose, il devait sûrement attendre que ses collègues le retrouvent, mais bêtes comme ils sont, le shérif a le temps d'attendre.

La fin d'après-midi est toute aussi calme, les plus petits sont juste un peu agités - ce qui m'agace quelque peu.

- Nous devons nous assurer que personne ne rôde autour du château, je souffle à n°5 qui s'est assis à côté de moi.

- Pourquoi y aurait-il quelqu'un ? Si les policiers étaient là, ils n'auraient pas pris le temps de se cacher.

C'est vrai, mais je n'arrête pas de penser à la porte de cette nuit.

- Hier soir, alors que je me servais à boire, j'ai entendu quelque chose. Il tend l'oreille, m'invitant à poursuivre. Je suis donc allée voir l'auteur de ce bruit. La porte d'entrée était entrouverte. Il boit doucement mes paroles, friand de savoir la suite. Je l'ai donc fermée et j'ai fait le tour, personne, seulement la porte est trop lourde pour avoir été ouverte par le vent et-

- Tu te demandes pourquoi elle était ouverte, complète-t-il.

J'acquiesce silencieusement, le regard perdu dans le vide. Je sais qu'il voit mon inquiétude - et je ne cherche pas à la cacher. Je suis remplie de nouvelles questions qui me hantent inlassablement.

- Tu ne devrais pas te soucier de ça, ce n'est sûrement rien, quelqu'un a sans doute oublié de la fermer en prenant un peu l'air.

- Si tu le dis... Je souffle.

Cependant je n'abandonne pas cette idée et la range dans un coin de ma tête. Ça ne peut être une simple coïncidence.

- Arrête d'y penser, si tu veux, on peut vérifier les alentours pour te rassurer.

Je le remercie - sa gentillesse sans fin me surprendra toujours. Mais comment garde-t-il son calme ? On croirait n°4...

Cette pensée m'attriste et je replonge dans des souvenirs mélancoliques. Il me manque affreusement et cette douleur persistante dans mon cœur n'est que plus compliquée encore.

Une nouvelle série de tests a commencé. Alors que j'attends patiemment dans la file, n°4 revient - il a réussi, je suppose - il passe à ma gauche et nos mains se frôlent délicatement, je tourne mon regard vers lui et constate qu'il guette ma réaction. Mes joues s'empourprent alors et je le vois, le sourire aux lèvres, satisfait. Je lui tire la langue, et soutiens son regard jusqu'à ce qu'il passe le seuil de la porte du dortoir. Je pars pour mes tests, dans l'objectif de ne pas aller dans la Pièce pour une fois. Mais c'est plus fort que moi, je déteste ça. Je ne les supporte plus. Je me débats comme à ma grande habitude et finis dans la Pièce. Je ne comprends toujours pas pourquoi ils continuent leurs foutus tests sur moi alors qu'à chaque fois, ça échoue. Comme à mon habitude, je m'adosse contre les parois de la Pièce et attends que le temps passe.

Numbers, I. Numéro 13Où les histoires vivent. Découvrez maintenant