JE.SUIS. LA. MEILLEURE

148 8 0
                                    

Je. Suis. La. Meilleure.

Un regard dans mon rétroviseur intérieur. Personne. Je retiens toujours ma respiration. Dernière vérification dans mon rétro gauche, toujours personne. J'expire en même temps que j'appuie une dernière fois sur l'accélérateur. Le moteur de mon jouet vrombit de plus belle. C'est la dernière ligne droite, il me reste moins de huit cents mètres. J'accélère encore et atteins les quatre cents kilomètres heure. Les quelques secondes qui me séparent de l'arrivée sont interminables.

Je franchis la ligne et laisse décélérer mon bolide. J'expire profondément, et ouvre ma vitre. Je l'ai fait ! J'ai remporté mon dixième titre consécutif de la saison, ouverte aux catégories féminine et masculine. Ma voiture effectue un dernier tour de piste, histoire de la laisser refroidir progressivement. Je prends mon temps avant de rentrer à l'emplacement dédié à mon écurie. Ce n'est pas que j'aime me faire attendre, j'ai simplement besoin de savourer seule la satisfaction d'avoir écrasé mes adversaires masculins relativement hautains. Sans vous parler du plus jeune fils du Président qui soutient notre écurie.

Je finis tout de même par me garer et sortir de mon véhicule. Ah oui, j'avais oublié, je déteste aussi être assaillie par le flash des journalistes. Je leur adresse un sourire rapide, afin d'essayer d'être à mon avantage sur au moins une des couvertures des magazines. Un sourire et je me dirige vers les autres membres de mon écurie. Heureusement les journalistes se sont souvenus que nous n'accordions pas d'interview. Je vais saluer mon agent en pleine discussion avec le Président du groupe. Si je me souviens bien des informations retenues ici et là, il est à tête d'un empire hôtelier de luxe relativement conséquent. Je reste à l'écart, les laissant terminer leur discussion, espérant ne me retrouver qu'avec mon agent. Echec. Evidemment on aimerait bien parler au poulain vainqueur. Je m'avance, serre la main du Président Ennox Black. Une petite voix me souffle « compose toi un sourire ! ». Je chasse cette idée, pourquoi prétendre être celle que je ne suis pas ? Donc, je ne souris pas si je n'en ai pas envie.

Ce dernier s'avance vers moi une première fois : « Toutes mes félicitations Mademoiselle Gabriella ». Il a un sourire aux lèvres que l'on a envie d'arracher. Il garde ma main prisonnière des siennes. Mais lâche-moi à la fin ! Je ne dis rien, ne fais rien, après tout c'est lui qui fait que je peux conserver et conduire ma belle auto. Il se penche un peu plus près et me donne rendez-vous ce soir sur le parking. Puis, sur un ton plus confident, il m'assure que personne ne doit être courant, afin d'éviter que nous soyons sur écoute. J'ai l'impression d'être en plein délire et dans un super film d'action. Je lui glisse le petit discours préparé par mon agent Chase, le remerciant de sa bonté, car c'est grâce à lui que j'ai pu gagner et blablabla ... puis je tourne les talons. Il faut que je me rende désormais sur la piste afin de gravir les marches du podium.

Lorsque mon prénom résonne dans les enceintes, je vais prendre ma place au milieu de mes deux adversaires et collègues masculins. La bataille est rude sur la piste, les règles strictes (aucun contact, ne pas favoriser une équipe en décélérant trop franchement à l'approche de l'arrivée), main rien ne nous empêche d'entretenir des relations amicales en dehors de la compétition.

Les hôtesses nous remettent à chacun une bouteille de champagne afin de fêter notre victoire et j'ai même droit à une coupe. Je n'oublie pas de faire un sourire (forcé) pour les photographes qui couvrent l'événement, ainsi que certains blogueurs sur les réseaux sociaux. Je serre quelques mains et me dirige enfin vers les vestiaires pour récupérer mon sac et filer au plus vite dans ma chambre d'hôtel, histoire de souffler un peu. Je prendrai un long bain chaud, c'est ma manière à moi de fêter ma victoire, en m'autorisant en plus quelques gâteries comme du chocolat (beaucoup de chocolat) et une bonne série au chaud sous la couette. Et puis si je me sens d'attaque demain je ferai une petite virée shopping.

J'arrive enfin aux vestiaires après avoir poliment décliné quelques interviews et autres. Je croyais être enfin tranquille or tous mes coéquipiers sont là. Ils me félicitent, me prennent tour à tour dans leur bras, me montrent le soutien dont j'ai besoin. Je les remercie à tous de leurs encouragements, c'est aussi en partie grâce à la confiance que l'équipe m'accorde que j'ai pu monter sur le podium aujourd'hui.

Je prends mes affaires et décide de rentrer, pas besoin de célébrations excessives. J'ai atteint mon objectif, c'est tout ce qui compte pour moi désormais. Je pensais être tranquille une fois arrivée chez moi. Enfin, c'était possible tant que j'oubliais le rendez-vous avec Ennox. Une bonne demi-heure sous la douche et cinq minutes dans mon dressing, plus tard, je suis prête et me rend au rendez-vous.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Pile à l'heure mais lui est déjà là. Il me fait monter dans son van, étant certain que nous serions tranquilles pour discuter affaires. Honnêtement je déteste être enfermée avec une personne que je ne supporte pas vraiment. Mais là, c'est juste une occasion en or qui m'est proposé. Je le fais répéter une, puis deux fois, histoire d'être sûre de ce que j'ai entendu. Il me propose de me rendre à un salon de l'automobile à Tokyo. Un rêve qui s'accomplit ? Non, pas vraiment, la chute du petit nuage est assez rapide, quasi immédiate. Il faut que je parte avec l'insupportable Trévor, son fils. Les tenues seront choisies par les stylistes du groupe, nous serons logés dans une suite avec deux lits double d'un de ses hôtels de luxe, tout frais compris et accès au service comme le spa ou la piscine simplement. Ok ! Tout ça c'est bien, même super, mais j'ai une condition : ~        « Que cela vous plaise ou non, je conduirai ma voiture de l'hôtel au salon auto ! ».

A ma demande Ennox, hausse seulement un sourcil : « Si ce n'est que ça, vous partirez avec votre chère voiture. Enfin, je suis un peu déçu, je m'attendais à plus d'excentricités de votre part.».

Sur ces dernières paroles, il clôture notre discussion en m'ouvrant la porte de son van, afin que j'en sorte.

ENNOX : J'oubliais, enfin c'est l'âge qui veut ça, le départ est pour demain.

Vlan !! La porte de son véhicule se ferme, démarre, me laissant seule sur le parking.

Notre amour a grandiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant