Une séance de Yoga s'impose

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TOKYO, 17h05 (heure locale).

Je n'ai adressé la parole à personne durant l'embarcation, ni même à bord de l'avion. Je suis restée seule, boudeuse, attendant de retrouver ma voiture et de pouvoir rejoindre ma chambre tranquillement. Ou pas !

Après avoir bâché mon auto sur le parking réservé aux participants du salon automobile, je me rends à l'accueil récupérer la clé de ma chambre. Je devrai sauter de joie à l'idée d'avoir une suite, sauf que ma clé a déjà été récupérée par Trévor, avec qui je vais devoir partager ma chambre. Je vois rouge. C'est juste impossible, je ne peux pas supporter ce gamin pourri gâté. Il va falloir que j'évacue cette colère. C'est décidé, aussitôt mes affaires posées en chambre je descends nager au sous-sol, là où se situe les piscines des complexes hôteliers d'Ennox.

Au bout de quelques instants, l'ascenseur s'ouvre directement sur la suite. Trévor est déjà là sur le canapé sirotant une coupe de champagne (comme chez mémé). Je passe en faisant semblant de ne pas le voir et me dirige droit vers une porte fermée espérant qu'il ait laissé la chambre vide.

« Tu te trompes de chambre chérie, celle-ci c'est la mienne ! », je l'entends crier depuis le canapé. Je ne décolère pas, en plus il ose choisir de prendre la chambre alors que son père m'a imposé sa présence ! Je ne vais pas me laisser marcher sur les pieds.

Je me campe donc devant lui, les mains sur les hanches, les cheveux en pétard, bref aucune crédibilité.

« Non mais Oh ! Tu te prends pour qui toi ? Je n'ai pas choisi de venir ici avec toi, tu m'as été imposé et en plus tu oses choisir de prendre la chambre ?! Et le canapé alors il n'est pas assez confortable pour tes petites fesses ?! ».

Avant que je ne puisse terminer ma tirade, il jette sa tête en arrière et éclate de rire. Il se fout de moi en plus, non mais j'y crois pas. Lorsqu'il s'arrête enfin, il plante son regard dans le mien, décroise ses jambes et se lève. Il se rapproche de moi, un peu trop près. Instinctivement, je croise mes bras sur ma poitrine (un vieux réflexe à la con).

« Tu devrais plutôt me remercier Princesse, parce que je t'ai laissé la deuxième chambre qui donne accès au jacuzzi. Et oui Madame ! ».

Rien à répondre. Déçue de moi-même, je lui tourne le dos, vais prendre mon maillot et descends nager. Il faut que j'évacue toute cette colère et vite. Colère contre les autres qui imposent leur vie, colère contre moi-même de me sentir aussi stupide, toujours aussi bête sans jamais changer. Il ne faut pourtant pas que je lâche mon ''poker face'', celui de la fille forte, arrogante. Le visage et la force de la gagnante, de la fille que j'ai voulu devenir. Je nage, vite, fort, j'ai les bras et les poumons en feu. C'est défoulant de faire deux kilomètres dans cette eau trop chaude, capable de m'apaiser. Elle coule et foule mon corps en toute délicatesse.

Je remonte bien décidée à terminer par une séance de yoga. Déroulant mon tapis, j'entends la sonnerie du téléphone de la suite mais décide de l'ignorer. Aussi simplement que ça je m'allonge sur le dos, en plein milieu de salon, ferme les yeux, inspire et expire en pensant à gonfler et dégonfler le ventre puis les poumons. J'imagine ... je visualise un endroit où je serai bien : près d'une cascade, dans une eau chaude et douce, sur un nuage de coton. 

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