Petite amie ?

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Le trafic a repris. Quand la voiture s'engage hors d'Aix, j'ouvre la fenêtre, Déborah monte le son de la radio, après m'avoir demandé comment je me sentais. Un reggaeton passe. C'est plus fort que nous, on ne se connait pas vraiment mais on chante en chœur et bougeant la tête et les épaules sur le rythme latino. La chanson passée, elle rebaisse le volume et se met à parler.

DEBORAH : Je sais ce qui s'est passé dans les bois.

Elle montre son coude.

MOI : Pardon ? Je ne vois pas ce que tu veux dire ...

DEBORAH : Ethan tient à toi comme à la prunelle de ses yeux. Il m'a raconté votre histoire. Ses mots étaient si puissants, que j'ai fini, après de nombreuses années, par tout faire pour te retrouver. Le shooting s'était un prétexte. Trévor si tu veux tout savoir, il tient énormément à toi aussi. Et moi, j'étais en train de faire ma pétasse juste pour le show. Ces deux mecs c'est pas vraiment mon style.

MOI : Comment peux-tu savoir que Trévor tient à moi ? Tu es sa confidente ? Ou sa maîtresse peut-être ?

Je croise les bras en signe de défense, cherche son regard dans le rétroviseur intérieur. Les paysages défilent mais elle ne répond pas. Seulement un peu avant la propriété, elle se gare sur le bas-côté, détache sa ceinture et se tourne vers moi. La pétasse serait-elle de retour ? Elle va tout gâcher j'en suis certaine.

DEBORAH : Je ne suis ni sa confidente, ni sa maîtresse. Je te l'ai dit, ce n'est pas mon style et je ne voulais pas te rendre jalouse en me rapprochant de Trévor.

MOI : Ah bon ? Pourtant tu semblais vouloir toute son attention.

DEBORAH en baissant le regard : J'attendais de voir ta réaction. Tu joues plutôt bien la comédie soit dit en passant. On aurait pu y croire à la femme avec des poussées d'hormones.

Je ne comprends rien à cette fille. Qu'est-ce qu'elle veut au juste ? Un coup elle est sympa et l'instant d'après elle me met les nerfs en pelote.

MOI : Ne change pas de sujet.

DEBORAH : Je te le répète pour la dernière fois, je ne suis pas intéressée par tes deux suitors. En fait, je serai plutôt jalouse qu'ils accaparent toute ton attention, si je n'avais pas déjà une petite amie. 

Je reste abasourdie. Comme si je pouvais m'attendre à ce genre de choses. Je pensais simplement qu'elle voulait me taper sur le système, mais non, elle réclamait de l'attention. J'ai complétement décroché de la conversation, le regard rivé sur le portail de la propriété. J'angoisse à l'idée d'y rentrer, mais pour le moment je dois me concentrer sur Déborah.

DEBORAH : En résumé, je te propose juste une oreille attentive et impartiale même si je connais Ethan par cœur. Il faut bien qu'on se soutienne un peu entre filles non ?

Je me tourne lentement vers elle, avec un sourire de reconnaissance. Certes on ne va peut-être pas devenir les meilleures amies du monde mais un peu de soutien ne peut pas faire de mal.

Sans un mot de plus, on remet nos ceintures avant de franchir le portail de la villa. Et de nouveau l'odeur de pin m'assaille, me ramenant à ma blessure au coude. Quand le moteur s'arrête une angoisse sourde tort mon estomac. Il est à peu près 21h et le soleil commence lentement à décliner. La façade de la villa se teinte d'ocre, de couleurs chaudes. Je ne sais pas quel désastre, ni qui m'attend à l'intérieur.

 Et si Trévor avait fait ses bagages ? 

Et si Ethan et lui s'étaient encore battus ? 

Notre amour a grandiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant