Trubulence à bord

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Nous décollons, Trévor me prend la main. Il tente de capter mon intention en caressant ma joue. Il se penche pour murmurer dans mon oreille, le retour à la réalité se fait par les frissons.

TREVOR : Tout va bien ?

Je passe ma main disponible dans les cheveux avant de me tourner vers lui.

MOI : Si je devais mentir, je dirai que tous les feux sont au vert pour moi. Mais il en va autrement. Je n'arrête pas de réfléchir à la façon de me comporter une fois que nous serons de retour en France.

TREVOR : Qu'est-ce que tu veux dire par là ? (Il commence à s'agiter). Tu vas faire comme s'il ne s'était rien passé ce week-end c'est ça ? Tu vas redevenir la Reine des Glaces que tu étais, hein ?!

Il me lâche la main et je sais que si nous ne devions pas rester attachés, il serait parti à l'autre bout de l'avion.

MOI : C'est ça que je redoutais ...

TREVOR : « Ça » quoi ? Merde à la fin, tu pourrais être un minimum plus claire s'il te plaît ? Tu serais plus aimable merci.

Je viens de prendre une claque, son regard m'en donne une deuxième. Je n'ai que ce que je mérite.

MOI : Je me redoutais moi, mes mots, le fait de te blesser.

TREVOR : Madame fait dans la bonté, elle craint de blesser quelqu'un d'autre que sa petite personne.

MOI : Arrête c'est bon j'ai compris que j'agis actuellement comme une pétasse. Mais si tu crois que ça ne m'affecte pas, tu te mets le doigts bien profond dans l'œil ! (j'ai conscience que je suis quasiment en train d'hurler mais qu'est ce qui me retiens à part cette foutue ceinture qui fait que nos corps sont bien trop proches l'un de l'autre). Tu te trompes si tu crois que pour moi cette parenthèse n'était rien d'autre qu'une simple aparté de mon quotidien dans laquelle, tu penses à cet instant que j'ai joué avec toi ! Mais tu te trompes, pour moi c'était, c'est une vraie bulle d'oxygène, des années que je n'ai pas été en paix avec moi-même ! Et voilà, qu'on doit retourner à notre vie de tous les jours, dans laquelle je n'agis, ne parle qu'en réfléchissant en permanence, en essayant d'être la plus parfaite et surtout de me protéger en maximum !

Les phalanges de Trévor sont blanches de trop serrer les accoudoirs. Il passe sa main dans les cheveux comme quand il est nerveux, ses mâchoires se contractent, il tente de récupérer son souffle. Après plusieurs minutes où je l'observe en apnée, il prend la parole.

TREVOR : Tu n'as pas besoin de te protéger de moi, je n'ai pas l'intention de te blesser. Ça fait des années que je te croise régulièrement sur notre lieu de travail, et en réalité tu n'es pas celle que tu fais voir aux autres. Et ...

Il s'agite encore sur son siège, se penche vers moi, posant son front contre le mien.

TREVOR : Et, tu n'as pas besoin de te protéger de moi, parce que j'ai peut-être agi comme un petit con au début mais ce qui s'est passé ensuite ... (il se passe la main dans la nuque) A vrai dire, je ne pensais pas un jour pouvoir vivre ça, à toujours être dans l'ombre remarquable de mon père. Je n'ai pas envie que tu te protèges de moi, je veux juste que tu sois toi, celle que tu as été capable de dévoiler ne serait-ce qu'un peu dans cet aparté, que je voudrais appeler notre aparté.

Je glisse ma main entre nous deux, pour lui caresser la joue de mon pouce. J'ai envie d'y croire, j'ai envie de me laisser aller pour une fois, sans me retrouver prise au piège, abandonnée tout simplement. J'ai envie de lui dire que je veux aussi appeler ça notre aparté. Au lieu de ça, je murmure : « Je veux apprendre à te connaître, me laisser apprivoiser ». Il soupire, relève légèrement la tête pour me regarder dans les yeux, avant de déposer un baiser sur mon front, puis sur ma tempe et de s'attarder sur mes lèvres.

Durant tout le trajet, les escales, on ne se lâche pas. Je m'accroche à lui, toujours cette peur au ventre que cette parenthèse se termine d'un instant à l'autre. J'essaie de ne pas réfléchir à la suite des évènements, à notre retour en France, à la façon dont je vais affronter les rumeurs sur la prétendue grossesse. J'ai le choix de jouer le jeu face à Déborah ou bien je m'expose en couple avec Trévor, et démentir simplement la grossesse en contre argumentant avec le jetlag ou autre.

TREVOR : A quoi penses-tu ?

MOI : Simplement à la meilleure façon de démentir la rumeur de ma grossesse.

TREVOR : Et ?

MOI : Je pense m'afficher avec toi, en ce que nous formons un couple, et je vais juste dire que je ne suis pas enceinte. Je pourrai dire que c'était le jetlag ou bien une indigestion.

TREVOR : Tu ne pensais même pas un peu à moi ? fait-il avec une moue joueuse.

MOI : Ah si, mais je gardais mes pensées pour plus tard, quand il n'y aura pas d'oreilles indiscrète si tu vois ce que je veux dire.

Je lui lance un petit clin d'œil et apparemment il ne lui en faut pas plus car il fond sur mes lèvres. Je soupire malgré moi qui veut me faire discrète quand il me mordille légèrement ma lèvre inférieure. Je crois que ça, j'aime bien. 

Notre amour a grandiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant