Les deux questions

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C'est Ethan qui finit par me trouver. Il apparaît une nouvelle fois comme un sauveur. Et je me revois encore une fois au lycée, le premier jour de la rentrée où il s'était mis avec moi dans le rang. Il ne porte plus son costume de PDG, il a juste un tee-shirt blanc. Et tout mon passé me revient avec toujours plus de violence.

ETHAN : Tu te souviens de tout, je le sais et je me doute aussi qu'hier soir tu as fait semblant de ne pas me reconnaître, en me traitant comme un étranger.

Il met ses mains dans les poches et commence à faire les cent pas. Il est nerveux.

Aussi nerveux que lorsqu'il m'avait posé deux questions en plein cours de français alors qu'il était censé être puni à côté de moi.

ETHAN : Tu penses que j'ai déjà eu une copine ?

MOI : Oui bien sûr, je t'ai déjà vu avec et ce n'est pas comme si tu n'étais pas le mec le plus populaire du lycée.

ETHAN : Tu as raison sur un point, mais ça n'a jamais été par amour.

Il s'arrête de marcher, se frotte les yeux. Je lui tourne le dos, je ne veux pas le voir alors que sa deuxième question résonne dans ma tête comme tous les soirs où j'étais trop seule avec moi-même.

ETHAN : Et tu crois que j'ai déjà embrassé une fille ?

MOI : Bien évidemment.

Je me tourne en essayant de me concentrer sur ce que raconte le professeur mais il revient alors à la charge.

ETHAN : Oui, c'est vrai mais je ne l'ai jamais fait par amour.

Je voudrai me boucher les oreilles, ne plus entendre ces souvenirs que je croyais enterrés. Je m'étais attaché bien trop vite, ce qui a été mon plus gros défaut depuis toujours.

MOI : Oui, je me souviens de tout, pendant des années je me repassais sans cesse ce que nous avions vécu. J'essayais de me persuader que ça avait bien été réel, quand j'en doutais le plus.

Ses épaules se relâchent brutalement lorsqu'il passe devant moi. Je dois être dans un état déplorable, les cheveux emmêlés plein de pollen, d'aiguilles de pins. Les larmes ont dû laisser des traces sur mes joues, les lèvres gercées.

Et tout cela, ça ne l'empêche pas de se jeter sur moi littéralement. Dans son élan, je tombe à la renverse en me cognant le coude. J'ignore la douleur quand il encadre de ses grandes mains mon visage et m'embrasse violemment avec urgence. Ses lèvres douces me brûlent la peau, m'électrisent. Je l'embrasse à mon tour sans pouvoir m'arrêter. Depuis le temps que j'attendais ce moment. J'entoure sa taille de mes jambes. Il est si près de moi ... Je finis pourtant par le repousser de toutes mes forces.

Je me relève et tente de le tenir à distance de moi. Il est debout, face à moi, essoufflé. On se regarde en chien de faïence. Aucun mot ne sort, tout se passe à travers nos regards. On se contemple de loin, de trop loin maintenant que nous nous sommes retrouvés. 

Notre amour a grandiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant