D'une seconde à l'autre

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J'ai tendance à vouloir sauver le monde, soulager les maux des âmes qui m'accrochent. Mais pour une fois, c'est mon cœur que je veux tenter d'apaiser.

Déborah assise au salon me sourit et d'un signe de tête désigne le couloir où se trouve ma chambre. Je glisse dans la lumière du petit jour vers la salle de bain d'où s'échappe le bruit d'une douche qui coule. Les dernières barrières et mes habits tombent un à un dans le couloir. Sur le pas de porte de la salle d'eau, il ne me reste que mes sous-vêtements.

Sans un bruit, je passe la porte entrouverte. Trévor me tourne le dos, finement sculpté. La vapeur dissimule à mon regard le reste de son corps nu. Je m'arrête de respirer, et avance sans bruit. Un pas, puis un autre. Un pied devant l'autre. Tous mes muscles sont tendus. L'eau commence à ricocher sur ma peau. Trévor se tient la tête entre les mains, alors même qu'un torrent bouillant épouse chaque centimètre carré de son corps. Mes mains, quant à elles, s'enroulent instinctivement autour de sa taille. Ses abdos se contractent à leur contact. Ma joue droite, elle, se pose au creux de ses omoplates. Ses bras retombent lentement le long de son corps collé au mien. Il s'arrête de respirer. Personne ne bouge pendant ce qui semble être une éternité.

Alors, avec d'infimes précautions, je décide de remonter, tout en lenteur, comme une caresse, ma main droite vers le haut de son torse, jusqu'à venir effleurer sa mâchoire. Il frissonne immédiatement. De dégout, d'envie, de terreur ?

J'ai si peur de l'avoir brisé, alors je m'arrime à sa taille fermement, comme si j'allais m'effondrer d'une seconde à l'autre. D'une seconde à l'autre...ce qui me ramène à ces derniers jours. Tout peut basculer d'un battement de cil. Pour le meilleur, comme pour le pire. 

Après une éternité, il pivote pour me faire face. Les yeux clos, il inspire et vient poser son front contre le mien. Je suffoque et prends les commandes. Je suis soudainement pressée de retrouver son corps, son souffle tiède sur ma peau. Mes lèvres se plaquent si violemment contre les siennes, que nos dents s'entre choquent, que Trévor se retrouve contre le mur.

Il me répond avec autant de force, mordille ma lèvre inférieure. Je m'abandonne, enfonce mes ongles dans ses épaules quand il fait rouler entre ses lèvres la peau de ma clavicule. Ma bouche tente de mémoriser sa mâchoire, ses pommettes, l'arrête de son nez, ses tempes, son front, comme si c'était ma dernière chance. Ma faim de lui est insatiable à en perdre la raison.

Nos bassins sont si proches, que j'ai l'impression que l'eau ne peut plus couler entre nous. Ses mains parcourent mon corps, s'y agrippent, le modèlent avec force. Il descend toujours plus bas en suçotant des bouts de peau. On s'accroche désespérément l'un à l'autre, avec toute la passion dont nous sommes capables. 

Notre amour a grandiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant