Une bulle

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Lorsque l'ouragan de nos envies, notre coup de folie, est enfin passé, nous éclatons de rire. Un rire qui vient du fond du cœur. Ce même rire qui vous libère d'un coup d'un poids accumulé, on ne sait comment. Je décide d'aller prendre une douche rapidement. Je ne veux pas quitter cette petite bulle légère de paix.

« Je vais à la douche et ne songe même pas à me suivre ». Je lui lance ça en chemin vers la douche, en me retournant brièvement je lui tire la langue comme une enfant de quatre ans.

Sous l'eau chaude et dans cette bonne humeur ambiante, je me sens si bien.

Je me dépêche quand même et une fois en short et liquette de nuit, je me jette sur le lit où Trévor est assis. Il a allumé la télé, et regarde des rediffusions de triathlon. Je ne lui connaissais pas ce centre d'intérêt, je me rends compte qu'en fait je ne le connais presque pas. Mais je n'ai pas non plus envie de me poser de questions et de me prendre la tête. Je me glisse près de lui, me calle contre son torse et le plus naturellement du monde il m'entoure de ses bras. Il pose son menton sur mes cheveux. Et on reste là, comme ça, pendant des heures. Personne ne se plaint, personne ne bouge.

Bon tout ça semble parfait comme dans un rêve, je vous rassure et à mon grand étonnement ce n'en est pas un. Mais comme toutes bonnes choses ont une fin, on reçoit tous les deux un message du père de Trévor, qui nous demande de le rejoindre demain sur le roof top, avant de repartir pour le salon.

On décide de rester encore un peu dans cette bulle. Sans même se concerter, il commande au room service quelques petits plats. Des petits bols de nouilles, des sushis et du riz avec du poulet, des oignons frits et du fromage fondu arrivent un petit moment après notre commande. Pour ne pas faire de gâchis nous avons prix de petites quantités.

Après le repas, on passe par ma chambre et on plonge dans le jacuzzi bien chaud. Pendant une heure, on discute de tout, de rien, de ma voiture. Il m'interroge sur ma vie, je ne veux rien lui répondre. Il ne répondra pas non plus sur sa vie, son enfance. On contemple avec une certaine complicité les étoiles. Pendant qu'il regarde le ciel, je me laisse aller à le détailler. J'ai toujours été aveuglée par son arrogance et mon mépris pour lui (surtout mon mépris). Je me rends compte que finalement, c'est un bel homme, il a du charme c'est indéniable. Il a les yeux qui pétillent quand il sourit. On voit aussi qu'il s'entretient, il doit faire un peu de sport car son torse que je sentais ferme, m'est désormais dévoilé. Il est bien dessiné, sans que cela soit excessif. Un peu comme une image, un stéréotype il a des pectoraux, des biceps saillants, un V et des tablettes de chocolat (de mon côté je suis plus pudique je les cache derrière mon ventre plat). J'essaie de continuer mon inspection mais « Je sais que tu es en train de me détailler, tu n'es pas très discrète ! ». Cramée !

J'éclate de rire et je ne peux plus m'arrêter lorsqu'il commence à me chatouiller. Je l'éclabousse pour qu'il arrête mais il continue. J'ai peur de lui faire mal avec mes gestes qui deviennent incontrôlables. Et miracle, quand j'arrête de me débattre, il arrête lui aussi de m'embêter. Il se contente de prendre mes mains et de m'embrasser juste au coin de la bouche.

Quand on sort du bain, la nuit est bien entamée. Chacun se dirige vers sa chambre pour se sécher et remettre le pyjama qu'on avait quitté pour nos maillots. Je m'assois un moment sur le lit, toujours comme une enfant, comme un caprice, je n'ai pas envie de dormir seule dans ma chambre. J'essaie de me forcer, je m'allonge sur le dos, et je me dis qu'il est juste dans la chambre d'à côté. 

Justement, il est juste à côté de moi, mais il y a un mur qui nous sépare. A croire que je suis déjà devenue accro, oui accro de cette bulle d'oxygène, qui a enlevé le poids qui oppressait ma poitrine depuis bien trop longtemps. Cette peur que j'avais toujours de ne pas être acceptée comme je suis. Et si jamais ça arrivait qu'on m'accepte, je me retrouvais de nouveau seule, comme abandonnée. Par deux fois je me suis sentie abandonnée et cela continue de me bouffer intérieurement, quotidiennement. De petites larmes de crocodile perlent au sur mes joues, sans pouvoir les retenir. Je n'ai plus envie de revivre ça. C'est pour ça que je jouais la dure, celle qui est inatteignable moralement et sentimentalement. Celle qui paraissait hautaine, mais qui tentait seulement de se protéger. Celle qui était froide et que personne ne voulait approcher. Tout ça c'est moi et je vous passe les détails.

Pendant un moment, je fixe le vide, je me lève et me retrouve sur le pas de la porte de la chambre de Trévor. Celle-ci est entrouverte, la lumière sur la table de chevée est allumée.

J'entre sans toquer. Il a mis des lunettes et lis un livre, allongé en travers du matelas. Ma méchanceté ne l'aurai jamais cru capable de savoir lire. Ces lunettes le rendent un peu plus je ne sais quoi. Un peu craquant. Il faut que je commence à accepter de pouvoir de nouveau penser ces mots.

Je m'approche de son lit, il finit par lever la tête et me sourit. Son regard est doux sur moi, je n'ai pas l'impression de le mériter. Je m'approche un peu plus, il me fait de la place sur le lit et me tends la main.

« Tu as pleuré. ». Comment peut-il le savoir, j'ai effacé toutes preuves de mon visage. Je tente de lui mentir et secoue négativement la tête.

« Ne t'inquiète pas je ne te forcerai pas à en parler ».

Je me glisse dans le lit à côté de lui, me cale directement dans ses bras. Il y  fait bon. Il a quelque chose de rassurant. Une dernière larme roule sur ma joue avant que Morphée ne m'appelle. 

Notre amour a grandiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant