Le vent se lève

27 5 0
                                    

Sur le chemin, je suis bouleversée, perdue. Mon cœur me fait mal. Ma tête aussi et mes pieds n'en parlons pas. J'enlève les chaussures et continue le chemin. A mesure que j'avance, des perles roulent sur mes joues sans parvenir à les retenir. Des pas de course se font entendre. Je ne me retourne pas.

Trévor se plante devant moi, regarde mes pieds. Il me détaille, jusqu'à mon maquillage qui coule. Il ne dit rien, simplement me présente son dos sur lequel je monte. Il me porte ainsi jusque sur le pas de sa chambre. On rentre par l'extérieur. Il ne veut pas croiser des âmes indésirables. Une fois entrés, je me jette sur le lit défait à sa place. Je suis perdue, blessée. Retour au point de départ, je vais finir par blesser quelqu'un d'autre que moi. Je ne vois aucune autre issue possible. Il y a Trévor d'un côté, et de l'autre l'ado devenu adulte avec lequel je me suis construite.

Trévor s'assoit à côté de moi. Lorsqu'il commence à me caresser le dos entre le perfecto et le top, j'éclate en sanglot, je lâche tout. J'ai la poitrine qui se pince, alors que Trévor est à côté de moi et attend tout simplement que ça passe.

On reste peut-être des heures comme ça, avant que Déborah toque et ouvre la porte avant toute autorisation.

DEBORAH : Ah, Madame fait une petite crise à ce que je vois. Le repas va bientôt être servi et vous y êtes conviés. Bref, Gabriella, je voulais te dire que j'ai trouvé inacceptable que tu me fourres le casque entre les mains. Je ne suis pas une simple assistante moi.

Je me redresse, les larmes continuent de couler mais je ne me démonte pas, alors Trévor semble vouloir disparaître vingt pieds sous terre.

MOI : Ah bon ? je pensais pourtant que c'était votre rôle en tant que secrétaire. Et puis, comme vous avez très bien pu l'insinuer, je ne peux pas porter de poids si vous voyez ce que je veux dire.

Je caresse mon ventre, l'air béat. Elle part tout simplement, j'ai encore gagné.

MOI : Trévor, je suis désolée.

TREVOR : Je n'ai rien à dire, je t'ai vue avec Ethan et si tu pleures, c'est qu'il a encore dû agir comme un enfoiré. Pendant qu'on était séparé je me retenais de penser à ce qu'il pourrait te faire, te dire. Je m'en voulais de ne pas être avec toi. J'aurai dû être là.

MOI : J'ai ma part de responsabilité je ne l'ai pas repoussé. Je suis perdue entre vous deux Trévor. Je ne veux pas te blesser.

TREVOR : Alors, on en est toujours au même point ?

Je ne réponds pas, j'aurais toujours tort je le sais, inutile de me défendre. Je sors de la pièce.

Une fois dans ma chambre, je ferme la porte et j'attends les pas de Trévor qui s'éloigne dans le couloir vers les parties communes de la maison. J'ai tellement mal. J'ai tellement honte de tout détruire sur mon passage, que je mets une paire de chaussures au hasard et avant de faire marche arrière je sprinte vers la sortie de la propriété. Je ralentis seulement une fois que j'ai bien dépassé les grilles de cette prison. Une prison, c'est bien ce que représente pour moi cette demeure. J'étais prise au piège entre deux âmes sincères dans leurs moments avec moi. J'étais prise en étaux entre mon passé et ce qui aurait pu s'apparenter à un semblant de futur, même si j'évitais malgré moi de me projeter. Je ruine tout sur mon passage. L'échec que je croyais disparu de ma vie refait surface et me frappe de plein fouet.

J'essaie de ne plus penser et me contente de courir. Après avoir passé un moment sur la route, je prends un petit chemin de terre. M'étant suffisamment éloignée, je m'effondre pour la troisième fois de la journée alors qu'il doit être au plus tard une heure de l'après-midi.

Le vent souffle légèrement, séchant sur son passage des larmes qui ne peuvent plus couler, comme s'il n'y en avait plus. Je m'assois en tailleur, respire profondément pour calmer ma respiration encore saccader. Mes pensées se retrouvent seules face à moi, elles m'assaillent. Me pourrissent. Me déchiquètent. Chantent à tue-tête mon égoïsme, mes échecs. Je me laisse faire, je n'ai pas vraiment le choix, je n'ai rien pour les canaliser, alors que j'aurai tout voulu coucher par écrit.

Le vent souffle de plus en plus, chassant les nuages qui veulent s'installer. Le vent porte des voix. Le vent me rappelle chez moi, sans m'y ramener.

Une voix se rapproche un peu plus. Pourquoi me cherche-t-on ? Il faut me laisser perdue, face à mes démons. 

Notre amour a grandiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant