Notre amour a grandi

Ce qui peut le détruire

« Gabriellaaaaaa ! Gabriellaaaaa ! ». Quelqu'un crie. Quelqu'un s'époumone. Etouffe ses pleurs. Je ne retiens plus les miens.

Quelqu'un me klaxonne. J'enfonce les mains dans les poches et continue mon chemin, la tête rentrée dans les épaules. Des voitures me doublent depuis quelques minutes maintenant. Je continue d'avancer sans jamais faire demi-tour, sans regarder l'heure, ni demander ma route. Je m'applique tout particulièrement à ne pas me retourner sur le chemin parcouru. Les larmes ne finissent par ne plus couler.

Quand la rencontre du soleil et de la lune arrive, je relève la tête et décide d'arrêter un instant ma marche effrénée.

L'expression « Tous les chemins mènent à Rome » ne prendra jamais autant son sens qu'à cet instant.

Je suis devant les grilles vert olive et immenses de la propriété d'Ethan. La douleur de mon coude se réveille. Elle me sort de la bulle dans laquelle je me trouvais jusqu'à présent. Alors, je me mets à courir sur le terrain de la villa. Mes valises ne sont plus sur le perron. Le moteur de la voiture d'Ethan tourne, la portière avant se referme en claquant. C'est donc lui que je verrai en premier.

Je me jette dans ses bras.

Sans un mot, il m'accueille, plaçant une main derrière ma nuque. Il m'attire au plus près de lui, me retient de m'envoler une nouvelle fois. Ses mains m'électrisent toujours autant. Nos corps se lovent si parfaitement l'un contre l'autre, alors qu'ils ne se sont jamais appartenus. Je respire son odeur, mais c'est celle de Trévor que je cherche. Alors, avec toute la douceur et la tendresse dont je suis capable, mes lèvres trouvent la joue d'Ethan et s'y déposent aussi légèrement qu'un battement d'ailes de papillon. D'un autre battement d'ailes, je me détache de lui, le contourne et rentre dans le pavillon. Il me suit du regard. Je sais qu'il se passe une main dans les cheveux, puis le cliquetis d'un briquet me parvient. Il a toujours aimé ce qui pouvait le détruire. On s'est toujours aimé pour ça.