Tomber les masques

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Une fois hors de la vue, j'arrache le masque que je m'étais composé. Mes jambes ne me portent plus, je dois m'assoir sur le bord de la route. La tête entre les mains, le cœur lourd.

Au bout d'un moment, quelqu'un approche à grands pas. Mon pouls s'accélère, mon cerveau ne sait même qui je veux que cela soit. Bien sûr, c'est Ethan qui finit par s'accroupir en face de moi sur la route.

ETHAN : Tu vas bien ?

Je ne réponds pas. Il prend sa comme une invitation et se rapproche de moi, tient une mèche de cheveux entre ses longs doigts.

ETHAN : Je suis si heureux de te revoir enfin. J'ai passé des années à gauche, à droite, j'ai vadrouillé sans toi. C'est vrai que je ne pensais pas tout le temps à toi mais regarde aujourd'hui je t'ai retrouvée.

MOI : Tu n'as donné aucune nouvelle !

Je lève la tête. Rien n'a changé. Il est blessé et se sent fautif je le sais. Comme avant, il baisse la tête pour cacher ses émotions et quand je lui relève le menton, il a des larmes dans ses yeux bleus qui me cherche et m'interrogent.

MOI : Oui, je t'en veux.

Je me lève, commence à faire quelques pas, il me retient par la main et je me revoie en seconde avec cette pièce de théâtre que nous avions jouée. Je ne me dégage pas, je suis paralysée par son toucher. Il se rapproche un peu plus, toujours plus. Trop près, ma respiration s'emballe. Il sent la lessive, cette odeur que j'adore chez lui. Que j'adorais, je dois me souvenir que c'est du passé.

MOI : Tu m'as simplement abandonnée au moment où je te croyais le plus fort. Au moment, où tu commençais à arrêter tes conneries, au moment où je commençais à m'affirmer. Au moment où nous étions les plus différents des autres.

ETHAN : C'est vrai, j'ai été un lâche. J'ai fui au moment où toutes mes conneries allaient finir par me retomber dessus. Je n'ai rien assumé alors même que tu étais là et que tu serais restée là pour moi.

MOI : Tu n'en as même pas souffert !

ETHAN : Non. Mais je m'en suis voulu de jamais avoir fait ce que j'avais envie de faire déjà depuis la seconde. J'étais le chieur de première, je foutais le bordel et tu as accepté de jouer avec moi, c'était déjà énorme. Tu m'as donné une chance de changer, de m'accepter.

MOI : Et ? qu'est-ce que tu attends que je te dise ?

Ses bras tombent le long de son corps, mais il ne s'écarte pas de moi. J'ai des plus en plus de mal à respirer. Je n'arrive pas à fixer mes pensées.

ETHAN : Et, en te faisant venir ici, je veux te montrer que si j'en suis là aujourd'hui avec un costume et non un sweat, c'est grâce à toi et j'ai toujours rêvé depuis ce jour en seconde où le temps s'est arrêté, j'ai toujours rêvé de t'embrasser.

Je serre les dents, sa voix est rauque. Je le sens si sincère, je penche légèrement ma tête sur le côté. Je joue avec le feu.

MOI : Qui te dit que je n'aurai pas apprécié un geste de ta part. Parce que ce jour-là, où le temps s'est aussi arrêté pour moi, je n'attendais que ça.

Sans un mot de plus, je tourne les talons et me dirige vers la villa. 

Notre amour a grandiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant