23h30
Je suis entrain de me démaquiller quand je reçois une notification sur mon iPhone.
Conversation 💬
- Devon : tu es bien arrivée ?
- moi : oui merci je suis entrain de me mettre en pyjama pour me poser devant le canapé
- Devon : ahah une petite soirée filme s'annonce ?
- moi : ouais je vais me commander une pizza parce que j'ai un petit creux
- Devon : ça m'a fait plaisir de discuter avec toi ce soir
- moi : oui moi aussi, et j'ai été très touché par ce que tu as vécu là-bas
Il me fait un message vocal :
- Devon : je n'avais absolument aucune idée de ce qui m'attendait là-bas. J'étais assez bête pour penser qu'il fallait simplement évincer le mal avec des armes. Sur place et chaque jour, je voyais des soldats de mon âge tomber au combat. Je dois dire que ce spectacle ne m'a pas aidé à y voir plus clair, plus ça allait et plus ma haine envers ce peuple grandissait. Mais le pire, c'est cette petite fille de 5 ans qui a été abattue par un AK-47 à courte portée, dans une zone rurale.
J'imagine les souvenirs particulièrement douloureux...
- Devon : je l'ai vue tomber devant moi, je l'ai amenée à l'hôpital mais c'était trop tard. On ne parlait pas la même langue mais j'ai tout lu dans son regard. A ce moment-là, j'ai compris que je me plantais sur tout. Comment cette petite fille pouvait être responsable de quoi que ce soit dans ce merdier ? Alors après 2 ans de service, je suis rentré chez moi aux États Unis et j'ai décidé de laisser cette guerre très loin au fond de ma mémoire
Je décide de lui répondre en vocal aussi.
- moi : je comprends il y a des choses qu'on essaye d'oublier pour tenter de vivre normalement. Mes parents biologiques et mon grand frère sont morts dans un accident quand j'avais 8 ans, alors je comprends ce que tu ressens
Je passe la conversation parce qu'on a continué à se confier pendant au moins 1h. Mais il se faisait tard et j'étais vraiment fatiguée donc je suis partie me coucher.
[...]
Lundi 30 Août
19h23
Depuis quelques jours, nos échanges avec Paulsen ont été relativement brefs. Il n'a pas beaucoup présent au bureau, puisqu'il a enchaîné les rendez-vous à l'autre bout de la ville.
Travailler par e-mail, ce n'est pas la même chose que de vrais échanges et j'ai besoin de ce contact avec lui, je pourrais pas l'expliquer.
Je décide de me prendre une petite pause en surfant sur le « net » pour regarder un site d'actualités, quand je reçois un message sur ma messagerie :
- Paulsen : pourriez-vous préparer les documents de l'investisseur coréen pour demain ? Trouvez-nous un restaurant qui ne le dépayse pas
J P
Je tapote le bout de ma lèvre inférieure avec mon stylo tout en réfléchissant. Je pense tout de suite à ce très bon restaurant dans le centre-ville qui propose une cuisine raffinée avec des aliments naturels et bio ! Par contre ils ne servent que le soir.
Je finis par lui répondre :
- moi : bonsoir monsieur Paulsen, pour demain je connais le restaurant parfait, mais ils ne servent que le soir à partir de 19h. Concernant les documents, ils seront sur votre bureau ce soir !
- Paulsen : ça tombe mal, j'ai déjà un rendez-vous de prévu demain soir
Je passe en revue le planning de Paulsen et effectivement le créneau est bloqué à partir de 19h. Il est enregistré en rendez-vous récurrent : tous les mois, à la même date, à la même heure. C'est bizarre le motif du rendez-vous n'est pas précisé, c'est sans doute personnel...
Soudain quelqu'un vient toquer à ma porte de bureau.
- moi : oui entrez !
Inès pénètre dans mon bureau.
- Inès : holà copine !
- moi : salut toi
Elle contourne mon bureau pour me faire la bise. Elle se place face à la baie vitrée et je fais de même en admirant la ville.
- Inès : je savais que je te trouverais encore dans ton bureau à cette heure ci
- moi : en même temps avec tous le boulot que j'ai à faire, j'ai pas trop le choix...
- Inès : ça te tente de boire un verre avec moi et quelques collègues de l'accueil ?
- moi : j'aurais bien aimé mais j'ai encore du travail, Paulsen vient de me coller des documents à préparer pour demain matin
- Inès : bah écoute si tu finis pas trop tard, on sera au bar habituel donc si tu veux passer t'es la bienvenue et ça te fera du bien aussi !
- moi : Okok... je verrais copine
- Inès : ok bon j'y vais donc tu me retiens au courant
- moi : ça marche !
Inès me sourit avant de quitter mon bureau. Je reste plantée devant mon immense baie vitrée à cogiter surtout et n'importe quoi, puis je retourne à mon bureau préparer les documents pour Paulsen en soufflant.
Une fois les documents préparés, je quitte mon bureau pour me diriger vers le hall et lui déposer le dossier dans son bureau. Ça fait bizarre de rentrer dans son bureau alors qu'il n'est pas là.
Je quitte la pièce et me dirige vers l'ascenseur. Je ferais bien d'aller retrouver les filles au bar.
