Chapitre 23- Le musicien et l'agresseur

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Comment est-ce possible d'avoir autant de cruauté en soi-même?

C'est la question que n'a pas arrêté de se poser George durant ces trois dernières heures.

Il est toujours ligoté à même le sol et il a terriblement froid au point où il a l'impression qu'il va de nouveau tomber malade. De plus, ses poignets, ainsi que ses chevilles, lui font un mal fou. A croire que la douleur n'a fait qu'augmenter au fil du temps. Le jeune homme ne serait même pas étonné de voir que ses membres sont couverts d'égratignures.

En plus de cela, il a la sensation atroce de mourir de faim. Il a tellement faim que cela en devient insupportable. C'est comme si son corps était tellement faible que ce dernier ne répondrait plus. C'est tout simple: George n'a plus aucune force. Il n'a de force que pour se demander ce qu'il advient en ce moment de Pattie et de ses amis. Quand il y pense, c'est peut-être la raison pour laquelle il ne s'est pas encore évanoui. Mais il y a autre chose aussi: il refuse de laisser transparaître la moindre trace de faiblesse devant cet espèce de fou qui l'a enlevé. Il est plus que déterminé à ne pas céder devant les coups de son agresseur.

Car oui, ce grand cinglé qui se tient devant lui n'a cessé de lui donner des coups à divers endroits. Que ce soit des coups de poing au visage, des coups de pieds à l'estomac ou même encore des coups sur le nez, rien ne lui a semblé trop violent pour blesser physiquement sa victime. Et au-delà de la violence physique, le kidnappeur du musicien a ponctué ses coups de phrases aussi abominables les unes que les autres. "Pourquoi t'as pas crevé?" "Plus personne ne veut de toi, ici." "Regarde-toi, tu n'es même pas digne d'être un Beatle." "Tout le monde ne se souvient que de tes comparses, mais tu es si faible que personne ne te prête attention."

Cet homme n'a fait aucun effort pour masquer la haine qu'il éprouve envers le jeune musicien. Il considère qu'il est la cause de ses malheurs, donc il compte bien faire souffrir sa victime au maximum avant de l'achever correctement, comme il aurait dû le faire la dernière fois. Mais malgré les coups qu'il a multipliés pendant tout ce temps, il a l'immense déplaisir de voir que le jeune homme ne semble pas être affecté le moins du monde par ses dires. Son visage est couvert de bleus, son nez saigne, il a l'air à bout de force... Tout chez lui indique qu'il est dans un état déplorable. Mais son regard brun laisse voir une grande détermination qui, il faut bien admettre, le déstabilise grandement.

Finalement, l'effort physique que lui ont demandé ses coups a fini par le fatiguer. D'une voix qui laisse voir son hostilité, il dit:

-Cette fois mon gars, je vais te tuer.

George se met à tousser. Puis, il relève la tête en direction de son agresseur et, d'une voix faible mais débordant de dérision, répond:

-C'est fou le nombre de personnes qui veulent me tuer depuis que je suis revenu...

Autant dire que cette moquerie agace fortement l'agresseur. En voyant le guitariste avec l'air si sûr de lui, malgré le fait qu'il se soit fait salement amoché, l'agresseur lui assène une gifle qui retentit dans toute la pièce. Ce coup ultime achève de faire s'écrouler le jeune homme au sol. Malgré cela, George parvient, non sans difficulté, à se tourner vers l'homme qui se tient debout, en face de lui.

-C'est quoi ton problème...?

C'est tout ce qu'il parvient à prononcer. Toutefois, son interlocuteur devine très bien ce qu'il veut lui demander.

Il esquisse un rictus.

-Pourquoi je tiens absolument à te tuer? Et pourquoi je m'en prends aussi à tes camarades? Qui suis-je? Je peux bien sûr tout te raconter, après quoi...

We Can Work It Out ᵇᵉᵃᵗˡᵉˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant