Chapitre 2- Contretemps

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Cette nuit-là, il a beaucoup plu. Météo typiquement liverpuldienne. Et comme si cela ne suffit pas, le brouillard s'est installé durant la matinée. Bref, le temps parfaitement normal pour une journée d'automne.

Mais cela n'a nullement empêché les Beatles de se réunir une nouvelle fois au studio Abbey Road pour les répétitions. Tous sont présents, sauf George. En voyant le retard du jeune guitariste, John commence à s'impatienter.

-Qu'est-ce qu'il fabrique? On aurait dû commencer il y a une dizaine de minutes.

-Il doit sûrement être pris dans un embouteillage, suggère Paul. Ca ne m'étonnerait pas, avec ce brouillard...

-S'il n'arrive pas d'ici cinq minutes, on va devoir commencer les répétitions sans lui. Nous sommes déjà en retard.

Celui qui a prononcé ces paroles n'est autre que George Martin, le producteur des Beatles. Il se tient dans la salle de mixage, ainsi que plusieurs autres personnes chargées de mixer le son. Grand et élégant, il représente à lui tout seul le charme anglais. À ses côtés se trouvent Mal Evans et Neil Aspinall, les deux road-manager des Beatles, en train de discuter entre eux autour d'un bon café, dont la délicieuse odeur se répand dans toute la salle.

-C'est quand même bizarre tout ça, réfléchit Paul à voix haute. Pourquoi George n'arriverait pas conduire pour se rendre au studio alors qu'on n'a pas eu le moindre souci?

-Tu réfléchis trop, Macca, rétorque John.

Il se tourne ensuite vers Ringo, assis derrière sa batterie. Il est le seul à n'avoir pas encore parlé. Il a l'air malheureux comme les pierres, et cela n'a rien à voir avec son regard naturellement mélancolique dû aux années passées sur un lit d'hôpital pendant une partie de son enfance.

-Ringo? T'en penses quoi? Tu peux nous dire quelque chose d'utile?

Le batteur lève les yeux vers lui.

-Quelque chose d'utile.

Et il baisse de nouveau la tête vers sa batterie, comme s'il la découvrait pour la première fois.

-T'en as de la répartie, ce matin. Qu'est-ce qui ne va pas?

Ringo se saisit d'une baguette de sa batterie et commence à l'étudier avec un intérêt soudain.

-Tu sais très bien ce qui ne va pas.

-Bah non justement, je veux savoir.

Un rire jaune s'échappe alors des lèvres du batteur.

-Tu fais exprès de ne pas voir, c'est ça? Tu devrais mettre tes lunettes plus souvent.

-C'est trop te demander de m'expliquer ce qui ne vas pas, Ringo?!, dit John, qui n'est pas du tout réputé pour être quelqu'un de patient.

-Ce que tu as dit à George hier, tu ne t'en souviens plus?

-Ah? Et qu'est-ce que j'ai dit à George, hier?

Ringo ne répond pas, médusé par l'ignorance de son ami. Il est aveugle ou quoi? Il n'a donc pas vu que les propos qu'il a tenus envers leur jeune guitariste l'ont blessé? Ou alors il fait semblant de ne pas voir, mais cela l'étonnerait. John remarque toujours beaucoup de choses. Mais on ne peut pas nier que leur leader intrépide ne possède pas la sensibilité de Ringo qui, lui, est le plus à même de se mettre à la place des autres. C'est pourquoi il a compris le désir de liberté de George mieux que John et Paul. Il a d'ailleurs essayé de l'appeler hier soir pour demander de ses nouvelles, mais il est tombé sur Pattie Boyd, la compagne de George. Cette dernière lui a dit qu'il souhaitait être seul pendant un moment, ce que Ringo a compris.

Mais par contre, qu'il arrive en retard aux répétitions, ça, ça ne lui ressemble pas du tout. Et le fait que Ringo soit le seul à s'en rendre compte le sidère totalement. Avant qu'il ne puisse faire une autre remarque, Paul s'interpose entre eux.

-Eh oh, calmez-vous un peu! George a un petit contretemps mais je suis sûr qu'il va arriver bientôt.

-Bah il a intérêt!, répond John. Déjà qu'il est parti précipitamment hier...

-On se demande à cause de qui, rétorque Ringo.

John fait semblant d'être choqué.

-Quel répondant! Tu aurais dû en faire autant hier!

-Lâche-moi un peu, Lennon.

Les deux amis s'embrouillent d'avantage tandis que Paul essaie tant bien que mal de calmer les esprits. Dans la salle de mixage, George Martin secoue la tête en soupirant. Les Beatles ici présents se comportent ni plus ni moins comme des enfants de maternelle. Mais il est conscient du stress qu'ils peuvent ressentir face à cette Beatlemania, et il se peut qu'ils se prennent la tête pour peu de choses. Heureusement, ces petites disputes sont rapidement oubliées car même s'ils se charrient continuellement, les quatre garçons dans le vent sont liés par une amitié qui va au-delà de ce qu'ils peuvent expérimenter. Ces années de folie en tant que Beatles les ont rendus plus unis que jamais. Après tout, Mick Jagger lui-même n'a-t-il pas décrit les Beatles comme étant un, non, LE monstre à quatre têtes?

C'est alors que le téléphone retentit juste derrière lui, le sortant ainsi de ses pensées.

-Allô?, dit-il en décrochant l'appareil.

-George, c'est moi...

Il s'agit de Brian Epstein, le manager des Beatles. Il est un peu plus âgé que les quatre jeunes hommes, mais il a tout de même su être une sorte de figure paternelle à leur égard, en veillant tout aussi bien sur leur carrière que sur leur bien personnel. George Martin se rend immédiatement compte de la voix blanche qu'a prise son associé.

-Brian? Ça ne va pas?

Ayant entendu le téléphone sonner, John, Paul et Ringo ont arrêté leur dispute, pensant qu'il s'agissait de leur jeune guitariste. Cependant, en voyant le visage de leur producteur devenir de plus en plus pâle, leur inquiétude a considérablement augmenté. Ils se lancent des regards en se demandant ce qui pouvait causer autant de trouble à George Martin qui est d'habitude si maître de lui.

Même Neil et Mal ont interrompu leur discussion pour se tourner vers le producteur. Les deux hommes devinent que quelque chose de grave s'est produit.

-Oui je vais leur dire, Brian, l'entendent-ils dire. A tout à l'heure.

Et tandis qu'il raccroche, les trois Beatles ont commencé à parler en même temps:

-George, qu'est-ce que ça veut dire?

-Qu'est-ce qui se passe?

-C'est George? Il a un problème?

Le producteur déglutit, ne sachant pas par où commencer.

-Messieurs, Brian vient de m'appeler... et c'est au sujet de George.

De nouveau, les questions ont afflué:

-Quoi? Il lui est arrivé quelque chose?

-Il a eu un accident? Il est blessé?

-Mais répondez-nous, enfin!

Sa respiration se fait de plus en plus lourde et l'anxiété des trois jeunes hommes est à son comble.

-Il... a été victime d'un incendie hier soir et... il n'a pas survécu.


Ta-ta-taaaaa.... La terrible nouvelle est tombée, et perso, j'arrive pas à croire que j'écris ça...

Qu'avez-vous pensé du groupe que forme les Beatles en tant qu'individus?

Et lequel vous ressemble le plus? Ringo, celui qui ne cherche pas de problème mais n'hésitera pas à lancer des piques, John, celui qui au contraire trouve du plaisir à chercher des embrouilles, ou Paul, celui qui essaie tant bien que mal de calmer tout le monde?

N'hésitez pas à me laisser des commentaires! ^^

We Can Work It Out ᵇᵉᵃᵗˡᵉˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant