Chapitre 4- Mascarade?

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En général, lorsque l'on annonce le décès d'une personne, son entourage sera bouleversé, un enterrement sera mis en place et les proches du défunt pourront le pleurer à leur aise.

Mais lorsqu'il s'agit d'une star mondialement connue dont la vie, il faut bien dire, commence à peine et qui est considérée comme étant au zénith de sa gloire, les choses prennent davantage d'ampleur.

Durant les jours qui ont suivi la disparition de George Harrison, on aurait dit que le monde entier a porté le deuil. De nombreux fans venus des quatre coins du monde se sont déplacés sur le lieu où le chanteur a perdu la vie pour lui rendre un dernier hommage. On y a même conservé sa voiture désormais abîmée et brûlée. La place a bientôt été remplie de fleurs, de bougies et de petits mots inscrits sur du papier de couleur violette.

La presse a bien évidemment fait son travail en venant déranger les Beatles ainsi que le reste du staff le plus souvent possible, dès que l'occasion s'y est prêtée. Les journalistes et les paparazzis ont été plus que jamais à l'affût du moindre commentaire de la part des désormais "trois garçons dans le vent". Chaque remarque a fait l'objet de nombreux paragraphes et de discours, dans les journaux comme à la télévision.

Et les Beatles dans tout ça?

Eh bien, en apprenant la nouvelle, ils ont d'abord cru qu'on leur faisait une blague. Mais devant le visage sombre de leur producteur George Martin, ils ont chacun compris que quelque chose n'allait pas.

Ringo a été le premier à saisir la gravité de la situation. Ayant passé une grande partie de son enfance sur un lit d'hôpital, il est en mesure de déterminer à quel point un évènement est sérieux. Aussi, lorsqu'il a entendu cette terrible information, il est resté assis derrière sa batterie, tandis que des larmes ont fait leur apparition sur ses joues. Des sanglots incontrôlables ont bientôt suivi tandis qu'une culpabilité l'a submergé. Il aurait dû comprendre que leur ami se sentait mal après leur dispute. Il aurait dû insister et lui proposer son aide. Il aurait dû continuer à l'appeler au téléphone, ou du moins essayer. Il ne serait pas parti au milieu de la nuit et rien de cela ne se serait produit.

Paul a quant à lui été dans l'incrédulité la plus totale. Non, ça ne pouvait pas être vrai. George a toujours trouvé le moyen de s'en sortir dans la vie. S'il avait été attaqué, il aurait été capable de se défendre seul. Paul l'a toujours su. George est à peine plus jeune que lui (9 mois de différence), mais il a toujours été plus débrouillard que n'importe lequel d'entre eux, et cela depuis qu'ils sont adolescents. Paul et lui sont amis d'enfance et dès leur première rencontre, le bassiste a été surpris par l'indépendance précoce de son jeune camarade. Non, cette histoire de voiture incendiée n'a aucun sens.

Et enfin, pour John, la potion a été particulièrement dure à avaler. Il a perdu sa mère à cause d'un terrible accident à l'âge de dix-sept ans, alors qu'il venait de renouer avec elle. Quelques années après, son meilleur ami Stuart est mort d'une hémorragie cérébrale, et John n'a pas été présent lorsque cela est arrivé. Et voilà qu'il apprend la mort du plus jeune de ses amis. Tout cela à cause de lui, John Lennon. Cette dispute n'aurait jamais dû avoir lieu. Et si cela n'était pas arrivé, George serait encore vivant. Non, tout cela, c'était de sa faute. Et cela, il ne se le pardonnera jamais. Pourtant, sa réaction a été inédite. A l'entente de la nouvelle, il a commencé à rire. Non pas un rire amusé, joyeux on même sarcastique, mais un rire qui montre à quel point il se sent à la dérive face à ce qui leur arrive, à tous.

Ils ne savent pas combien de temps ils sont restés là, à intégrer la nouvelle. Mais face aux journalistes, paparazzis et autres personnes ayant décidé de rendre leur vie encore plus compliquée qu'elle ne l'est actuellement, les Beatles ont pris conscience qu'ils devaient quitter le studio assez rapidement pour éviter d'être submergés de questions auxquelles ils ne sauraient pas répondre.

George Martin est donc parvenu à faire venir une limousine assez rapidement en face du studio, et les trois jeunes hommes s'y sont rendus tant bien que mal. Les nombreuses, nombreuses personnes ayant voulu les interviewer n'ont bien sûr pas facilité la tâche. Une fois à l'intérieur, ils sont restés dans le silence le plus complet tandis que la limousine a commencé à rouler. Tous ont réalisé dans quel tourbillon ils se trouvent en ce moment-même. Désormais, l'attention médiatique tournera autour d'eux pendant un long moment.

Paul a été le premier à se décider à parler:

-C'est une mascarade, tout ça.

Ce n'était pas une interrogation, mais un constat. Mais sur le moment, personne n'a répondu. Tout le monde a été pris par son propre chagrin.

-Paul, je ne crois pas que, enfin...

Celui qui vient de répondre est Ringo, chez qui la voix tremblait à cause des nombreuses larmes qu'il tente de garder. Mais Paul savait que le batteur était deux doigts d'éclater en sanglots. Car bien que les Beatles soient tous très proches, George est celui qui s'entendait le mieux avec Ringo, et cela dès leur première rencontre, à Hambourg, lorsque Ringo était batteur dans un autre groupe, Rory Storm and The Hurricanes. George a été celui qui l'a constamment défendu, allant même jusqu'à se prendre un coup de poing dans l'œil lors d'un concert dans lequel les fans ont réclamé la présence Pete Best, l'ancien batteur des Beatles. Et quand Ringo est tombé malade alors que le groupe devait se rendre en Australie, George, n'ayant pas imaginé jouer sans lui, était prêt à faire annuler la tournée. Dans leur entourage, tous ont dû admettre que, des quatre Beatles, George est sans doute le plus fidèle en amitié.

Paul a passé sa main dans le dos de son ami, dans une tentative quasi-futile de réconfort.

-George n'a pas pu disparaître comme ça..., a-t-il commencé d'une voix douce avant d'être interrompu par John.

-Ah tu crois? Tu crois que les journalistes sont venus nous voir pour nous dire bonjour et ensuite repartir? Réveille-toi un peu Paul! George est mort! Et il n'y a rien qu'on puisse y faire!

Paul a pu déceler sans peine la douleur et la culpabilité dans la voix du jeune homme. Sa respiration est devenue plus lourde, si bien que le bassiste a deviné que son ami se retenait d'éclater en sanglots.

-John...

-Quoi? Qu'est-ce que tu vas dire? Que George a voulu nous faire une farce et qu'il viendra se pointer avec un sourire aux lèvres comme une fleur? Il ne reviendra pas, Paul, a-t-il insisté en appuyant sur ces derniers mots. Tu devrais être bien placé pour le savoir.

Il faisait allusion au fait que Paul lui-même a perdu sa mère, alors qu'il n'avait que quatorze ans. En entendant John prononcer cela, le jeune homme s'est trouvé dans le même état qu'un débris atterré. Son ami a raison. Paul prend trop ses désirs pour une réalité. S'il a à ce point nié la disparition de leur jeune guitariste, c'est uniquement parce qu'il a été incapable d'accepter la terrible nouvelle concernant son ami d'enfance.

Il a tourné instinctivement la tête à son côté, comme s'il s'est attendu à sentir la présence de George. C'est alors que la dure réalité l'a frappé de plein fouet. Plus jamais George ne s'assiéra à son côté lors de leurs déplacements. Plus jamais George ne sera présent près de lui pendant leurs concerts. Plus jamais ils n'entendront le son de sa voix, son rire, ses blagues. Plus jamais ils auront le plaisir de le taquiner, et ils n'auront plus jamais le plaisir de se faire taquiner en retour par lui.

Paul a pris conscience que tout cela est terminé. Leur temps passé avec George Harrison- leur meilleur ami, leur petit frère-, ne sera plus qu'un souvenir.

La respiration du bassiste s'est fait de plus en plus lourde, et il n'en a pas fallu plus pour qu'il se mette à pleurer à chaudes larmes. A côté de lui, Ringo a saisi sa main et a commencé à la serrer fort alors que lui-même était en train de sangloter. John a fait de même, à la différence qu'il ne pleurait pas. A la place, une boule est venue serrer sa gorge, si bien qu'il a eu l'impression de ne plus être en mesure de respirer.


C'est tout pour ce chapitre!

Honnêtement je déteste faire pleurer des personnages mais bon...

Dîtes-moi ce que vous en avez pensé! ^^

We Can Work It Out ᵇᵉᵃᵗˡᵉˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant