Chapitre 7- Coupable

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-...Et moi je pense, commissaire Ritter, que cet incendie n'est pas un suicide!, lance Brian Epstein au téléphone.

-Je suis désolé, monsieur Epstein, mais j'ai bien peur que cela ne soit la vérité.

Au studio d'Abbey Road, le brave manager, convaincu que George Harrison ne s'est pas donné la mort, essaie de persuader le commissaire de police de mener une enquête sur sa disparition. Il y a sûrement un coupable dans cette affaire. A côté de lui se trouve George Martin, qui lui, regarde dans le vide, dépassé par la tournure que prend cette situation.

-Tout ce que je vous demande, c'est de mener une enquête sur cet incendie. A moins que ça ne soit pas dans vos cordes.

Malgré la légère provocation que contient la dernière phrase, le commissaire Ritter répond de façon presque neutre, ce qui agace le manager.

-Je sais que cela vous semble improbable, monsieur Epstein, mais vous savez sûrement comme nous tous que ce genre d'accident est arrivé plusieurs fois par le passé, et pour les deux fois, cela a été à cause d'un suicide. De plus, sauf erreur de ma part, je ne vois pas qui pourrait être à l'origine d'un tel acte.

-Mais c'est justement votre métier de chercher à savoir cela, non? Et puis réfléchissez! Il s'agit d'une star mondialement connue! N'importe qui pouvait être tenté de lui faire du mal alors même qu'il était seul...

-Seriez-vous en train de m'apprendre mon métier, monsieur le manager?

Il faut bien que quelqu'un le fasse, apparemment, pense-t-il, sidéré devant le détachement du commissaire.

-Vous n'êtes pas sans savoir, monsieur le manager (il accentue particulièrement sur ces derniers mots), que nos policiers se démènent constamment pour que les concerts de vos fameux protégés se déroulent dans les meilleures conditions possibles. Et je ne vous parle même pas de l'ouragan dans lequel la disparition de ce jeune guitariste nous a tous mis, aussi bien vos musiciens et vos équipes techniques, que les journalistes, les fans ou encore nous, les policiers, qui avons pour charge de veiller à l'ordre public. Donc je vous prierais de bien vouloir rester à votre place, monsieur Epstein. Maintenant vous m'excuserez, mais j'ai un autre appel. Au revoir.

Et là-dessus, il raccroche.

-Quel toupet!, peste Brian. Pour qui se prend-il, celui-là? Comme s'il était le seul à être occupé!

Il entend George Martin soupirer à côté de lui. Le producteur aussi semble au bord du rouleau.

C'est alors que le téléphone retentit de nouveau.

-Qui ça peut bien être, encore?, s'exclame le manager, contrarié.

Et c'est d'une voix peu amène qu'il dit en répondant au téléphone.

-Allô?

Une voix fluette dit alors:

-Allô Brian? C'est Pattie. Vous avez une minute?

Ne s'attendant pas à entendre la compagne de George, Brian reste silencieux. Mais il parvient à se reprendre rapidement car la jeune femme continue de parler.

-Il faut absolument que je vous rejoigne. J'ai quelque chose d'important qui pourrait être capital pour savoir comment George... enfin, ce qui cloche derrière tout ça. Ne bougez pas d'où vous êtes, j'arrive tout de suite.

-Non Pattie, vous ne pouvez pas venir. Pas avec la presse qui... allô? Allô?

Se rendant compte qu'elle a raccroché, Brian soupire.

-Qu'est-ce qu'ils ont tous, en ce moment?

Pattie est arrivée aussi vite que le permettait sa voiture, et si elle fait abstraction du fait que la presse et les fans l'ont poursuivie, elle peut dire que le trajet de chez elle jusqu'au studio Abbey Road s'est à peu près bien passé.

Après avoir rapidement salué Brian Epstein et George Martin, elle dit:

-Regardez ce que j'ai trouvé.

Elle leur tend les lettres de menace pour que les deux hommes les lisent. Pendant leur lecture, ils murmurent des choses que Pattie n'arrive pas à entendre, mais elle ne se fait aucun doute sur la stupeur et le choc qu'ils éprouvent.

-Cela ne fait aucun doute, dit George Martin d'une voix sombre. Il s'agit bien d'un meurtre planifié, et non d'un suicide.

A l'entente du mot "meurtre", Pattie tressaillit, tandis que le visage de Brian devient plus pâle.

-Il y a une autre question qui demeure, continue le producteur. Pourquoi n'en a-t-il parlé à personne?

-Je ne sais pas, répond Pattie qui retient tant bien que mal ses larmes.

-Merci de nous en avoir fait part, Pattie, dit Brian en posant une main sur l'épaule de la jeune femme. Je vais rapporter ça au commissariat en espérant qu'ils accepteront de me croire, cette fois-ci.

Contrairement à ce que beaucoup de personnes croient, Brian Epstein n'est pas quelqu'un qui lâche facilement prise. Lorsqu'il est convaincu d'une chose, il fera tout pour que cette chose se réalise. N'était-ce pas lui qui a cru que les Beatles deviendrait un groupe légendaire alors même que personne ne croyait en leur potentiel?

C'est donc avec un esprit résolu que le manager prend sa voiture pour se rendre au commissariat.

Alors, que pensez-vous de l'attitude du commissaire?

We Can Work It Out ᵇᵉᵃᵗˡᵉˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant